Marilú Marini revient à Buenos Aires

Née à Mar del Plata en 1945, d’origine allemande et italienne, la première vocation de Marilú Marini a été la danse. Ses premiers cours ont été pris en cachette -raconte la comédienne- car ses parents n’étaient pas d’accord. Mais ce fut à l’Instituto Di Tella où Marilú Marini fit ses premiers pas sur la scène.

Pourquoi de si importants musiciens, auteurs et acteurs, qui portèrent ensuite en France leurs expériences d’avant-garde, se formèrent-ils à l’Instituto Di Tella ? Fondé le 22 juin 1958 par la famille de Torcuato Di Tella, pionnier de l’industrie métallurgique argentine, l’Institut accomplit son rôle le plus intense pendant les années 1960 . Jorge Romero Brest prit en charge le Centre d’Arts Plastiques, Alberto Ginastera s’occupa du Centre de Hautes Etudes Musicales et Roberto Villanueva du Centre d’Expérimentation Audiovisuelle, noyau qui essaya de fusionner les nouvelles techniques électroniques avec celles traditionnelles du théâtre et de la danse.

Les jeunes créateurs d’avant-garde ont eu dans la salle de la rue Florida la possibilité de lancer des oeuvres qui ont rompu avec la vieille tradition réaliste argentine. A côté des nouveaux auteurs de l’avant-garde européenne, au Di Tella ont fait leurs premiers pas Griselda Gambaro, Jorge Petraglia, directeur qui présenta « Ultra Zum », spectacle où Marilú Marini, déguisée en fiancée, dansait une chanson de Palito Ortega. Le Di Tella a vu naître aussi le groupe musical comique I Musicisti qui est devenu par la suite Les Luthiers. Parmi les membres de cette génération on peut encore nommer Marucha et Facundo Bo, et surtout Alfredo Arias, qui a découvert chez Marilú Marini des aptitudes pour le théâtre. Arias et ses amis sont partis, vers 1965, à Paris où se trouvait déjà une génération d’Argentins qui ont révolutionné plus tard la scène française : Copi, Victor García et Jorge Lavelli.

A partir du coup d’état du général Onganía en 1966, le travail au Di Tella est devenu de plus en plus difficile. La censure attaqua rudement le cinéma, le théâtre et même l’opéra. Le Di Tella ferma ses portes en 1970, ce qui provoqua la dispersion des avant-garde. Alfredo Arias, qui s’était déjà fait une renommée comme directeur à Paris, reçut avec joie l’arrivée en exil de son amie Marilú Marini. Arias avait déjà créé le TSE, groupe qui fut subventionné par le gouvernement français et avec lequel il eut la liberté de création que lui interdisait la dictature de son pays. Marilú Marini devint la première actrice du TSE et fut protagoniste de nombreuses oeuvres telles que « Peines de coeur d’une chatte anglaise », « Mortadela » et « La femme assise », créée à partir des dessins de Copi publiés toutes les semaines dans Le Nouvel Observateur.

Marilú Marini revient à Buenos Aires périodiquement pour se présenter dans des pièces jouées en espagnol. Elle présenta en 1995 la première de « Niní », pièce créée à partir de textes de la célèbre comédienne et humoriste argentine Nini Marshall.

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