Lundi 3 mai : journée mondiale de la presse

« En tant que bien public, la presse a besoin du soutien public » (Joseph Stiglitz, prix Nobel)

« Le journalisme est le meilleur vaccin contre la désinformation » a écrit Christian Deloire.
À une époque où production et distribution sont trop souvent bloquées par des facteurs politiques, économiques, technologiques et parfois culturels on célébrera lundi 3 mai 2021 le 30ème anniversaire de la déclaration de Windhoek.

En effet, le 3 mai 1991, à Windhoek,  capitale de Namibie, lors d’une conférence de l’UNESCO, la journée mondiale de la presse voit le jour. L’information comme bien public est le thème choisi pour cette année 2021.

Dans le contexte actuel, il ne semble pas vain de devoir rappeler aux gouvernements la nécessité de respecter leurs engagements en faveur de la liberté de la presse. En outre, ce 3 mai « constituera une journée de réflexion pour les professionnels des médias sur les questions relatives à la liberté de la presse et à l’éthique professionnelle ». Journée de soutien certes, mais aussi de commémoration pour les journalistes qui ont perdu leur vie pour aller au bout de leurs recherches, qui ont été emprisonnés, enfin rappeler également l’insécurité que connaissent les femmes journalistes.

Nul ne peut nier les questions contemporaines liées à la liberté d’expression, à l’accès à l’information et au rôle de service public du journalisme au sein d’un écosystème de communication en mutation, système qui a un impact sur notre santé, les droits de l’homme, les démocraties et le développement durable.

Lors de cette journée trois impératifs seront mis en évidence :
– Quelles mesures adopter pour assurer la viabilité économique des médias d’information ?
– Quels mécanismes adopter pour assurer la transparence des sociétés GAFA* et autres…
– Par le renforcement de l’éducation aux médias et à l’information, comment permettre au public de reconnaître et de valoriser le journalisme en tant qu’élément essentiel de l’information.

« Lorsque l’indépendance économique des médias est menacée, leur indépendance éditoriale l’est aussi » souligne l’UNESCO. Les pertes massives de revenus publicitaires ont fragilisé le journalisme, au profit d’entités commerciales (GAFA, réseaux sociaux…) dont le fonctionnement reste opaque.

En résumé, à l’occasion du 30ème anniversaire de la Déclaration de Windhoek, « le lien historique établi entre la liberté de rechercher, de communiquer et de recevoir des informations et le bien public reste aussi pertinent qu’il l’était au moment de sa signature » atteste l’UNESCO.

Le thème de “Windhoek 2021 : Promouvoir l’information en tant que bien public” est un appel à « renouveler l’engagement mondial en faveur de la liberté d’expression, de la liberté de la presse et de la liberté d’information, tout en reconnaissant les nouveaux défis économiques auxquels est confronté le secteur des médias, le rôle de gardien des sociétés Internet et leur besoin d’une plus grande transparence, ainsi que la nécessité de renforcer les capacités en matière de maîtrise des médias et de l’information dans le monde entier ».

Ainsi « La promotion de l’information en tant que bien public est nécessaire pour “mieux reconstruire” dans le monde post-COVID ». C’est une valeur qui soutient fortement l’aspiration des Nations Unies au développement durable de faire progresser “l’accès du public à l’information et aux libertés fondamentales” (SDG 16.10). Elle constitue également « le nouveau contexte normatif pour mettre en avant le journalisme libre, pluraliste et indépendant comme un tremplin pour le progrès ».

Ces dernières années, les agressions et interpellations abusives contre les journalistes se sont multipliées, seul le continent européen reste avec l’Amérique du nord un des plus favorables à la liberté de la presse, seules limitations : la diffamation et les injures d’une part, les propos appelant à la haine rassemblant notamment l’apologie des crimes contre l’humanité, les propos antisémites, racistes ou homophobes d’autre part

Petit rappel historique

En France, la liberté d’expression est consacrée par l’article 11 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen. Loi de 1881, restée intouchée jusqu’en 1940.
Déjà en 1789, la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen énonce : « La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l’homme, tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l’abus de cette liberté dans les cas déterminés par la loi. »
Ce n’est que sous la IIIème République que la loi du 29 juillet 1881 définit les libertés et les responsabilités de la presse française, imposant un cadre légal à toute publication, ainsi qu’à l’affichage public et à la vente des journaux sur la voie publique. Il ne fallut pas moins d’un siècle pour instaurer la liberté de la presse !
Rappelons toutefois qu’au XIXème siècle, plus que des procès contre la presse, ce sont les écrivains qui sont directement ciblés pour leurs écrits tels que Zola, les Goncourt, Baudelaire, Flaubert, Eugène Sue et Verlaine pour n’en citer que quelques-uns….

*GAFA = Acronyme désignant les 4 entreprises gigantesques du monde de l’internet – Google, Apple, Facebook et Amazon-. 

Elisabeth Devriendt

 

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