À la mémoire du grand historien disparu en 2017, la Sociedad de Estudios de Historia Agraria vient de créer le « prix Jorge Gelman » pour récompenser les meilleures thèses de doctorat d’histoire rurale.

L’Argentin Jorge Gelman a su accorder ses travaux sur l’histoire du Rio de la Plata à l’agenda de la recherche internationale. Ses nombreux travaux de recherche, commencés pendant l’exil à l’École des Hautes Études en Sciences Sociales (EHESS) à Paris, sous la direction de Ruggiero Romano, se sont poursuivis après son retour en Argentine en 1984, et ont contribué à l’époque au renouveau historiographique.

Il a formé des enseignants, des chercheurs, il a su créer des réseaux et des projets de recherche collectifs, aujourd’hui encore d’actualité. Il a participé aux comités éditoriaux et à la gestion d’institutions académiques prestigieuses, telles que Instituto de Historia Argentina y Americana “Dr. Emilio Ravignani” (UBA-CONICET), dont il a été le directeur, ou l’”Asociación Argentina de Historia Económica”, qu’il a présidée de 2001 à 2005.

Son œuvre permet de trouver les clés pour aborder l’histoire économique et sociale du Rio de la Plata. Ses recherches sur le monde rural ont donné à Gelman un champ d’observation pour réinterpréter l’économie du Río de la Plata entre la période des vice-royaumes et les premières années après l’indépendance. Ses études sur l’organisation de la production lui ont permis de préciser l’image du « peón » rural, que la tradition littéraire avait cristallisé en « gaucho », pour lui rendre sa véritable identité, celle de paysan.

Avec sa disparition inattendue en 2017, Jorge Gelman laisse une partie de son œuvre inachevée, dont de nombreuses recherches. Très connu, l’historien était souvent invité à prononcer des conférences dans des universités à l’étranger, en Europe ou aux Etats-Unis.

Son héritage persiste, vital, telle une invitation tendue aux nouvelles générations.