Sous la griffe d’une parisienne
|Cuestión de género,
Ou comment exploser le patriarcat avec des talons de 15 cm, une robe de sirène rouge sanguine et deux litres de gloss…accrochez-vous.
Il y a des soirées où le teatro vous élève.
D’autres ou il vous bouscule.
Et puis il y a le théâtre qui vous prend par la main et vous colle une fessée consensuelle, vous fait rigoler et douter de vos préjugés.
Nous y sommes.
Et au centre de cette tempête de genre, de cuir et d’absurde, trône une reine absolue : Moria Casan, icône nationale argentine, monument vivant, gourou de la vérité qui claque, déesse païenne … The ONE.
Elle n’interprète pas, elle ne joue pas, elle incarne Moria. C’est tout. Et c’est énorme.
L’histoire ? Une comédie de mœurs piquante née sous la plume de Jade Parker, qui fit un joli carton à Paris : satire sociale, quiproquos de chambre et regards croisés sur les identités mouvantes d’une société figée ; bref du théâtre chic pour intellos décontractés de la rive gauche.
Mais ici, la pièce change de couleurs et de parfum et de décibels.
L’adaptation argentine est une sorte de chirurgie esthétique appliquée au texte original : on lifte les dialogues, on injecte du local, on botoxe les sciences, on peeling des sous-entendus et on ressort avec une comédie trashy, queer sans jamais perdre l’intelligence du propos.
Moria, elle entre en scène et elle bouffe l’espace. Elle exerce un militantisme involontaire, un manifeste queer en robe à paillettes, une poésie outrageuse et transforme le théâtre en un art martial du punchline.
Ses partenaires ? Très talentueux …et vaillants, ils mériteraient peut- être une autre pièce, mais ils résistent formidablement, tiennent la baraque et brillent même dans de nombreuses scènes.
Le texte d’origine parle d’une famille confrontée à une révélation de genre qui vient secouer le cocotier de l’édifice patriarcal.
La mise en scène : simple, efficace, le décor fonctionnel et avec goût, les costumes de Moria en revanche mériteraient une expo au Malba !
Ne venez pas pour comprendre le genre mais plutôt pour le perdre.
Le charme de cette pièce est ce mélange entre le théâtre bien pensant et le cabaret sous hormones et on se demande en sortant si on va pas avoir envie de repeindre le monde en fuchsia, rose bonbon …non binaire !
A bientôt !
@locuradealex
–