“Bloquons tout” : que retenir de la mobilisation du 10 septembre ?

Des rassemblements et des blocages ont eu lieu partout en France ce mercredi 10 septembre, réunissant des centaines à quelques milliers de personnes, le plus souvent dans le calme, mais ponctués de face-à-face parfois tendus avec les forces de l’ordre.

11 septembre 2025 (L’Express) : Plusieurs axes routiers ont été affectés par des manifestations du mouvement “bloquons tout” ce mercredi 10 septembre, en particulier dans l’Ouest, tandis que des lignes ferroviaires ont été visées par des “actes de malveillance” et le nœud central des transports franciliens fermé par mesure de sécurité. L’Express fait le point sur cette journée de mobilisation.

175 000 manifestants, 473 interpellations

Quelque 175 000 personnes ont participé aux 550 rassemblements et 262 blocages recensés mercredi à 17H45 en France dans le cadre de la mobilisation “Bloquons tout”, a indiqué le ministère de l’Intérieur.

Au total, 473 interpellations ont été effectuées, dont 203 à Paris, et 339 personnes ont été placées en garde à vue, dont 106 dans la capitale, selon ce point, faisant état de “la présence de nombreux militants radicaux dans les cortèges”, engendrant des “troubles à l’ordre public”.

La façade d’un immeuble en feu dans le centre de Paris, une enquête ouverte

A Paris, des rassemblements et tentatives de blocages ont été recensés dans différents points de la capitale, ponctués de face-à-face parfois tendus avec les forces de l’ordre, avant que les manifestants ne convergent vers Châtelet et la République.

Dans le centre de la capitale, un incendie a endommagé la façade d’un immeuble, peut-être provoqué involontairement par une intervention policière, selon le parquet. “En l’état de nos informations, il pourrait s’agir d’un départ de feu involontaire lié à l’intervention des forces de l’ordre pour faire face à des regroupements denses et particulièrement hostiles dans le secteur des Halles”, a détaillé Laure Beccuau lors d’un point-presse, précisant qu’une enquête sur ce sinistre avait été confiée à la Sûreté territoriale.

Transports perturbés à Paris, la ligne Toulouse-Auch coupée

Côté transport ferroviaire, la station Châtelet-Les Halles à Paris, nœud majeur du transit de la région Ile-de-France et plus grande gare souterraine d’Europe, avec trois lignes de RER et cinq de métro, a été fermée à la demande des forces de l’ordre. Et le centre commercial du Forum des Halles, un des plus importants d’Europe, a également fermé ses portes.

La SNCF a par ailleurs annoncé que la circulation restait “interrompue entre Toulouse et Auch en raison d’un acte de malveillance ayant dégradé des câbles cette nuit. Elle le restera toute la journée”. Egalement dans le Sud-Ouest, des câbles électriques ont été sectionnés entre Marmande et Agen mais ces dégâts ont été réparés et le trafic a pu reprendre, selon la même source.

Des tentatives d’envahissement de plusieurs gares

La SNCF a indiqué que “des tentatives d’envahissement de plusieurs gares”, comme la Gare du Nord à Paris, celles de Marseille et de Montpellier, avaient été “empêchées par les forces de l’ordre”. A la Gare de Lyon à Paris, siège d’une manifestation, le trafic n’a pas été affecté.

La circulation des trains via les gares de Cherbourg et de Valence-Ville a en revanche été brièvement interrompue en fin de matinée en raison d'”occupations de voies”. Un train avec 25 passagers est notamment resté bloqué pendant plus de trois heures à proximité de Valence.

Opération escargot sur l’A36, 110 vols annulés

Parmi les autres événements “significatifs” figurent une opération escargot sur l’A36 entre Belfort et Montbéliard, la coupure de l’autoroute Toulouse-Paris en Haute-Vienne et les accès routiers à Rodez bloqués.

Les péages d’accès au tunnel du Mont-Blanc ont “fait l’objet de tentatives d’envahissement”, indique le ministère des Transports, qui note que les routes de la partie nord de la France semblent davantage épargnées par le mouvement.

Côté transport aérien, le ministère a comptabilisé 110 vols annulés, et des retards pour les aéronefs survolant le sud-est de la France, mais “des complications sont anticipées en fin d’après-midi”, les dessertes de Nice, Marseille, Lyon et de la Corse devant être fortement perturbées.

Enfin, le ministère des Transports a recensé “28 ouvrages”, comme des écluses, bloqués sur les infrastructures fluviales, empêchant “21 bateaux” de circuler.

Une centaine de lycées et quelques universités perturbés

Selon L’Union syndicale lycéenne (USL), premier syndicat lycéen, des actions ont été menées dans 150 lycées, sur 3 700 établissements en France. Le ministère de l’Education nationale parle d’une centaine de lycées perturbés avec 27 bloqués, et donne le chiffre de 6 % d’enseignants grévistes.

Côté étudiants, une manifestation a rassemblé plusieurs centaines de personnes place de la Sorbonne, avec des pancartes comme “du fric pour l’université, pas pour l’armée” et des drapeaux de syndicats ou de soutien aux Palestiniens. L’Union étudiante recense des mobilisations à Lyon, Nice, Mulhouse, Rennes, Montpellier, Grenoble.

Après cette première journée de mobilisations citoyennes, soutenue seulement par la CGT et FO, l’intersyndicale appelle à son tour les salariés à la grève le 18 septembre.

L.L. avec AFP

 

 

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