Jean-Christophe Fleury, nouveau consul général de France
|Jean-Christophe Fleury, le nouveau consul général de France, arrivé début septembre à Buenos Aires a reçu le Trait-d’Union dans son bureau et évoqué avec affabilité son parcours ainsi que sa vision de sa mission en Argentine.
Passionné d’histoire et plus largement des humanités, il découvre très tôt la diplomatie grâce à la rencontre, dans son enfance parisienne, d’un diplomate, a l’époque attaché culturel. À seulement douze ans, il comprend que ce métier le fascine. Après un début d’études en gestion à Paris-Dauphine, il s’oriente vers le droit des affaires avant de rejoindre Sciences Po Paris en deuxième année de master, où il se prépare au concours d’Orient du Quai d’Orsay, réservé aux candidats maîtrisant des langues rares.
Depuis, sa carrière illustre un véritable dialogue entre les cultures. Elle l’a conduit dans de nombreux pays : à Londres, où il a travaillé comme chef du bureau des échanges diplomatiques avec l’Afrique de l’Ouest ; au Danemark ; à Trinité-et-Tobago ; et deux fois au Canada, dont un poste de Consul Général à Vancouver. Ces expériences multiples lui ont permis de développer une vision ouverte et profondément interculturelle. Polyglotte, il maîtrise l’anglais, l’allemand, l’espagnol et le coréen, langue dans laquelle il a coécrit avec son épouse un ouvrage de grammaire publié aux éditions Armand Colin. À 18 ans, il a d’ailleurs suivi des cours d’espagnol à distance avec le CNED, avant d’approfondir son apprentissage chaque semaine avec une professeure chilienne.
Cette attention portée aux langues et aux cultures se retrouve aussi dans sa vie familiale. Le consul a confié la scolarité de son fils au lycée français Jean Mermoz, où l’enseignement adapté aux non hispanophones a permis à l’enfant de se sentir rapidement à l’aise, même si les activités extra-scolaires restent difficiles à suivre pour lui, en raison de leur déroulement uniquement en espagnol.
Dans son nouveau poste, Jean-Christophe Fleury place la digitalisation au cœur de son action. Pour lui, moderniser les services consulaires est une priorité absolue. Le service « France Consulaire », prévu pour être opérationnel en Argentine à partir du 21 octobre, en est la pierre angulaire. Ce dispositif, déjà en place dans d’autres pays depuis cinq ans, vise à offrir aux Français de l’étranger un accès plus fluide et plus efficace aux services. Un centre d’appel basé à Paris répond aux demandes en moyenne en quatre secondes, avec un taux de satisfaction supérieur à 93 %. Le but est de désengorger le consulat, tout en gardant un accueil personnalisé pour les situations complexes. « La digitalisation n’est pas synonyme de déshumanisation », insiste-t-il, soulignant qu’il ne s’agit pas de réduire les effectifs mais de libérer du temps pour traiter au mieux les cas particuliers. Un service en visioconférence pour les malentendants est également prévu.
Cette modernisation concernera plusieurs domaines : la numérisation du certificat de vie, la simplification des procurations et, à terme, l’intégration du renouvellement électronique du passeport et de la carte d’identité. Pour l’état civil, l’objectif est de rendre les démarches plus rapides et plus accessibles, en particulier pour les Français vivant loin de la capitale.
La protection sociale fait également partie de ses priorités. Les aides existantes, qu’il s’agisse des bourses scolaires, des soutiens au handicap ou d’autres allocations, resteront inchangées. Le système français à l’étranger, rappelle-t-il, est « différentiel » : il vient compléter ce que le pays d’accueil offre déjà. Cependant, le consul souhaite faire valoir auprès de Paris la situation spécifique des Français en Argentine, tout en conservant un équilibre, sans triomphalisme ni pessimisme excessif.
Le consulat de Buenos Aires compte aujourd’hui environ 12 000 Français inscrits sur l’ensemble du territoire. Jean-Christophe Fleury n’est pas favorable à l’ouverture de nouveaux centres de vote lors des élections, il rappelle qu’une expérience similaire avait été menée au Canada, où le nombre de bureaux avait été doublé, sans que cela n’ait eu d’impact positif sur la participation. L’accent reste donc mis sur la qualité du suivi et de l’accompagnement des électeurs plutôt que sur la multiplication des structures.
Conscient de l’importance de la proximité avec la communauté française en Argentine, Jean-Christophe Fleury prévoit des tournées consulaires régulières. En octobre, il se rendra au Paraguay, puis à Córdoba ou Mendoza en novembre. Il pourra aussi s’appuyer sur le réseau des seize consuls honoraires qui représentent la France dans tout le pays.
Dès son arrivée à Buenos Aires, le consul a pris contact avec les conseillers des Français à l’étranger d’Argentine afin de se faire une idée d’ensemble de leurs préoccupations et de leur quotidien. Pour lui, il ne s’agit pas seulement d’apporter des réponses techniques, mais de maintenir une relation de confiance et de dialogue. Dans sa conception de la diplomatie, l’ambassadeur est « l’animateur d’une équipe France », mais c’est l’intelligence collective qui fait avancer les projets.
Avec une trajectoire marquée par la diversité des expériences et une volonté affichée de conjuguer modernisation et proximité, Jean-Christophe Fleury entend inscrire son mandat à Buenos Aires sous le signe de l’équilibre : innover sans perdre le contact, digitaliser sans réduire l’écoute.
Propos recueillis par Elisabeth Devriendt et Grégoire Iribarne
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