Un syndicat d’enseignants propose de laïciser les noms des vacances scolaires de la Toussaint et de Noël

Le Conseil supérieur de l’éducation a abordé mercredi le sujet du calendrier scolaire de l’année 2026-2027.

4 octobre 2025 (Le Figaro) : À cette occasion, le Snuipp-FSU a proposé de modifier certains noms de périodes de congés calquées sur des fêtes chrétiennes, par « respect de la laïcité ».

Les vacances scolaires pourraient-elles bientôt changer de nom ? C’est ce qu’a proposé dans un amendement, mercredi 1er octobre, le syndicat majoritaire des enseignants du primaire, le Snuipp-FSU, face aux 98 membres du Conseil supérieur de l’éducation, une instance consultative placée sous la houlette du ministère de l’Éducation nationale. L’objectif : remplacer le nom des vacances de la Toussaint et de Noël, qui « n’ont pas leur place sur le calendrier de l’école républicaine », par les vacances d’« automne » et de « fin d’année », par « respect de la laïcité ».

Les acteurs de l’enseignement (syndicats d’enseignants et étudiants, notamment) étaient réunis pour plancher sur le calendrier de l’année scolaire 2026-2027. À cette occasion, un vote consultatif a été réalisé, après la proposition du Snuipp-FSU, au sujet du nom des périodes de vacances, qui correspond pour certaines à des jours fériés issus des grandes fêtes chrétiennes. Aujourd’hui, les vacances sont officiellement baptisées, dans le calendrier du ministère de l’Éducation nationale, la Toussaint, Noël, hiver, printemps et été – jusqu’en 1974, celles de printemps étaient baptisées vacances de Pâques. À l’issue du vote, 44 voix pour et 7 voix contre ont été enregistrées.

Pour l’heure, le changement de nom des vacances n’a pas vocation à s’appliquer, le ministère de l’Éducation nationale ayant indiqué au Figaro ce vendredi matin qu’« il ne s’agit pas d’une question étudiée ». Dans un communiqué, il ajoute que si « l’amendement a recueilli un avis favorable des membres du conseil », « il n’a pas été retenu par le ministère ». 

Pour autant, la question a suscité une vive polémique dans la sphère éducative. Le syndicat étudiant de droite UNI, présent lors du vote, a lancé une pétition sur son site, qui avait récolté un peu plus de 20 000 signatures vendredi après-midi. « Il y a une tentative d’effacement des racines chrétiennes et de l’histoire du pays », s’insurge Baptiste Gilli, délégué national de l’UNI. Un avis partagé par l’association de parents de l’enseignement privé sous-contrat, l’Apel. « La Toussaint et Noël font partie de notre patrimoine national et laïc. Cette proposition nous a surpris puisque ce calendrier avec ces dénominations existe depuis des décennies », partage Hélène Laubignat, présidente de l’Apel.

Ce vendredi après-midi, le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau a par ailleurs ajouté, sur X : «Noël et la Toussaint ne sont pas seulement des congés : ce sont des repères inscrits profondément dans l’histoire de la France et de l’Europe. Couper les enfants de traditions qui relèvent d’un patrimoine partagé, c’est les priver d’une mémoire collective». Et de poursuivre : «Leur suppression ne serait pas seulement une mesure technique, mais un appauvrissement culturel : elle traduirait l’idée que les enfants n’ont pas besoin d’héritage commun.»

« Permettre à tout le monde de se sentir inclus »

Pour d’autres, ce dossier mérite d’être ouvert. « Ce n’est peut-être pas une priorité mais c’est un symbole important qui rappelle la laïcité de la République », a déclaré Grégoire Ensel, vice-président de la FCPE, première fédération de parents d’élèves, ce vendredi matin, au micro de RMC. « On a régulièrement des messages de personnes qui s’étonnent effectivement des nominations du calendrier scolaire et qui nous demandent d’intervenir pour qu’on soit dans un respect strict de la laïcité. » Même son de cloche pour d’autres acteurs de la communauté éducative, marqués à gauche. « Nous avons voté favorablement. Si les périodes de vacances sont amenées à être modifiées, leur nom pourra l’être également. Ce n’est pas un sujet majeur dans l’éducation, mais ce changement pourrait permettre à tout le monde de se sentir inclus », avance Valérie Ginet, secrétaire générale du FEP-CFDT, syndicat de l’enseignement privé.

Pour Jean-Rémi Girard, président du Syndicat national des lycées et collèges (Snalc), le débat est légitime, bien que largement secondaire. « On ne parle déjà plus des vacances de Pâques, qui n’ont plus toujours lieu à Pâques. Pourquoi ne pas étendre la même réflexion aux autres congés ?, estime-t-il. Ces noms-là ont simplement été donnés en référence aux noms des jours fériés correspondants à ces vacances. Et ce n’est pas l’Éducation nationale qui choisit le nom des jours fériés. Pour nous, c’est vraiment un non-sujet. » Depuis juin dernier, une convention citoyenne sur la durée de la journée d’école, la durée et la fréquence des vacances a commencé, réunissant 130 Français tirés au sort. Elle devrait se conclure au mois de novembre.

Emma Ferrand

 

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