Pourquoi François Bayrou n’aura pas droit à tous les avantages des anciens premiers ministres

Le désormais ex-premier ministre, remplacé par Sébastien Lecornu, ne pourra pas bénéficier de tous les moyens financiers, matériels et humains normalement octroyés aux ex-locataires de Matignon.

11 septembre 2025 (Le Figaro) : «Je n’aurai aucun avantage, peut-être que j’aurai droit à un garde du corps» : interrogé par Brut à la veille du vote de confiance qui l’a renversé lundi, François Bayrou avait assuré qu’il ne représenterait pas une charge pour l’État, après son départ de Matignon. Alors qu’il a remis sa démission à Emmanuel Macron mardi, puis passé le relais ce mercredi à Sébastien Lecornu, le désormais ex-premier ministre va effectivement bénéficier de peu d’avantages mis à la disposition des anciens chefs de gouvernement.

Parmi ces moyens matériels et humains, les anciens locataires de Matignon – ils sont désormais 17 encore en vie – peuvent notamment bénéficier, sur leur demande, «d’un agent pour leur secrétariat particulier». Mais ce, uniquement «pendant une durée maximale de dix ans à compter de la fin de leurs fonctions et au plus tard jusqu’à ce qu’ils atteignent l’âge de soixante-sept ans». Une petite nuance qui empêche donc François Bayrou, âgé de 74 ans, d’être éligible à cet avantage.

Il ne devrait pas non plus bénéficier «d’un véhicule de fonction et d’un conducteur automobile» à vie. Comme le précise en effet un décret de 2019, cette disposition «ne s’applique pas aux anciens premiers ministres qui disposent d’un véhicule de fonction pour l’exercice d’un mandat parlementaire, d’un mandat d’élu local ou d’une fonction publique». Si, en tant que maire de Pau (Pyrénées-Atlantiques) – un mandat local que François Bayrou a conservé malgré sa nomination à Matignon -, le centriste a déjà une voiture de fonction, il n’aura donc pas droit, logiquement, à cet avantage. À l’image par exemple des ex-premiers ministres Édouard Philippe, maire du Havre (Seine-Maritime), et Jean Castex, PDG de la RATP.

Pas d’indemnité mais une protection policière

Son mandat de maire de Pau l’empêche également de jouir d’un autre avantage, pécuniaire celui-ci. Les anciens chefs de gouvernement ont droit, en temps normal, à une indemnité pendant trois mois, sauf s’ils reprennent une activité rémunérée avant. Sur la base d’un traitement de 12.457 euros bruts mensuels, son montant atteint donc environ 37.000 euros pour trois mois. François Bayrou ne verra pas la couleur de cet argent : il devrait en effet toucher de nouveau son indemnité de maire (4694,51 euros brut mensuels) à l’issue de son départ de Matignon – après sa nomination au poste de premier ministre en décembre 2024, il avait affirmé renoncer à cette indemnité locale tant qu’il serait premier ministre.

En revanche, comme il l’a dit au média Brut, François Bayrou pourra bien bénéficier d’une protection policière, qui relève du service de la protection (SDLP) de la place Beauvau. «J’aurai droit à un garde du corps peut-être, parce que c’est comme ça qu’on assure la sécurité pendant un certain temps», a déclaré le maire de Pau. Ces mesures de protection sont accordées sur décision du ministre de l’Intérieur, en vertu d’une tradition républicaine non écrite qui prévoit la protection des anciens présidents de la République, anciens premiers ministres et anciens ministres de l’intérieur. Sans limitation de durée.

Combien coûtera alors François Bayrou, en sa qualité d’ancien premier ministre ? En 2023, les dépenses des anciens locataires de Matignon – concernant les véhicules de fonction et les secrétariats – s’élevaient à 1,423 million d’euros, contre 1,283 million d’euros l’année précédente, selon un rapport de la commission des finances de l’Assemblée nationale. Dépenses auxquelles il faut ajouter celles concernant leur sécurité, sachant que le ministère de l’Intérieur refuse de communiquer les chiffres, dont on sait néanmoins qu’ils sont importants. En 2019, le coût de la protection des anciens premiers ministres s’était par exemple élevé à plus de 2,8 millions d’euros intégrant la masse salariale, les heures supplémentaires, les frais de mission et les véhicules des agents de police.

P.L.-B. et J.D.S.

 

 

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