«Il n’aime pas beaucoup les premiers ministres» : Édouard Philippe charge Emmanuel Macron et revient sur son départ de Matignon
|Invité de la chaîne Youtube «Legend», le patron d’Horizons a longuement évoqué sa relation avec le chef de l’État auquel il reproche toujours la «décision funeste et absurde» de dissoudre l’Assemblée nationale en juin 2024.
23 septembre 2025 (Le Figaro) : Décidément, il est de bon ton pour les ex-premiers ministres de prendre leurs distances d’Emmanuel Macron. Ainsi de Gabriel Attal qui, pour la rentrée de son parti dimanche à Arras (Pas-de-Calais), a clairement revendiqué son autonomie en promettant «un projet de changement profond». Le même jour, Édouard Philippe n’a pas non plus retenu ses coups contre le chef de l’État, dont l’impopularité vient d’atteindre un niveau record dans le dernier baromètre Ifop-JDD (17%).
Dans un long entretien à la chaîne Youtube «Legend» de Guillaume Pley, l’ancien chef de gouvernement (mai 2017- juillet 2020) est notamment revenu sur son départ de Matignon au sortir de la crise sanitaire. «Le président de la République n’a, me semble-t-il, jamais vraiment expliqué les raisons profondes de ce changement de premier ministre (…) C’est comme ça», a confié le patron d’Horizons, qui avait été remplacé à l’époque par Jean Castex. «J’étais de plus en plus premier ministre. Ce président n’aime pas beaucoup les premiers ministres et n’a pas envie d’un premier ministre qui prenne beaucoup d’espace», a poursuivi le candidat déjà déclaré à l’élection présidentielle.
«On se voit peu, on échange peu» avec le chef de l’État
Ce qui ne l’empêche pas de décrire trois années passées Rue de Varenne «souvent très agréables», où «on se disait les choses assez clairement», a-t-il nuancé. Mais depuis, rien n’a vraiment réchauffé leurs relations. «On se voit peu, on échange peu. Quand on se voit, ça se passe toujours très cordialement», a-t-il expliqué. Le maire du Havre n’avait pourtant pas hésité à critiquer ouvertement le bilan d’Emmanuel Macron dans son dernier livre, Le Prix de nos mensonges (Éditions JC Lattès), paru en juin dernier. «Ce serait très facile pour moi – il est très impopulaire – de taper comme un sourd. Je ne ferai jamais ça», a-t-il temporisé.
Au petit jeu des qualités, Édouard Philippe n’a d’ailleurs pas été le plus expansif au sujet du chef de l’État. «Je vous aurais bien dit l’audace. Le problème, c’est que parfois il est manifestement trop audacieux», a-t-il répondu. Une audace qui, à ses yeux, le conduit parfois «à ne pas suffisamment respecter les institutions», comme lorsqu’il a choisi de dissoudre l’Assemblée nationale au soir des élections européennes de juin 2024. «Je lui en veux beaucoup d’avoir pris cette décision que je trouve funeste et absurde (…) Il a rendu un très mauvais service au pays», a-t-il encore égratigné. Un autre point commun avec son lointain successeur Gabriel Attal, qui y voit même «l’origine première de l’instabilité» politique.
Célestine Gentilhomme
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