Un film inédit de Marcel Pagnol dévoilé ce dimanche à Aubagne pour fêter les 130 ans de sa naissance
|La ville natale de l’écrivain et cinéaste né en 1895 projette ce dimanche 5 octobre “La prière aux étoiles”, un film que les spécialistes pensaient perdu mais dont des bobines ont été retrouvées il y a deux ans et restaurées ce printemps.
4 octobre 2025 (Le Parisien) : Une fresque géante inaugurée à 11 heures et un film inédit et inachevé dévoilé que les spécialistes de l’histoire du cinéma pensaient perdu et ont retrouvé par miracle avant de le restaurer au printemps dernier… Pour poursuivre les célébrations de l’année des 130 ans de la naissance du plus célèbre de ses enfants, Marcel Pagnol, Aubagne (Bouches-du-Rhône) met les petits plats dans les grands ce dimanche 5 octobre. Et c’est à 17 heures, au théâtre du Comœdia, qu’aura lieu la première mondiale : la projection des bobines sauvées de « La prière aux étoiles » que l’écrivain et cinéaste avait commencé à tourner sous l’occupation.
« Un acte de contestation, de résistance »
Marcel Pagnol avait pensé cette œuvre comme une nouvelle trilogie après les triomphes de « Marius », « Fanny » et « César ». Avec cette fois à l’affiche Pierre Blanchar, Josette Day, son grand amour de l’époque, et Fernand Charpin qui avait déjà incarné maître Panisse. « Il avait commencé à écrire le scénario en 1939-1940 pour un début de tournage en 1941 », indique Valencien Bonnot Galucci, doctorant en histoire du cinéma à la Sorbonne.
« Mais tout de suite, poursuit-il, Pagnol a été confronté à de grosses difficultés techniques, notamment pour trouver de la pellicule. Il a pourtant réussi à avancer en tournant notamment à Cassis et à Paris. Sauf que très vite, Alfred Greven, le patron de la Continental qui gère le cinéma français pour les occupants allemands, demande à récupérer le film. Pagnol refuse absolument et va détruire ses pellicules à coups de hache sous le contrôle d’un huissier de justice, un acte de contestation, de résistance… »
Valencien Bonnot Galucci a tout d’abord retrouvé le scénario original à la cinémathèque de Corse puis, en 2023, des bobines de travail oubliées et qui prenaient la poussière au CNC à Bois-d’Arcy (Yvelines). « Retrouver ce film a été comme une énigme policière, un puzzle inachevé… Ce ne sont pas seulement des rushs mais des scènes prémontées qui s’intégraient totalement dans la narration prévue par le scénario », raconte-t-il.
Pensée comme « un conte avec une approche sociale et réaliste », la trilogie de « La prière aux étoiles » a finalement été abandonnée pour d’autres projets par Marcel Pagnol qui, après la Libération, avait pourtant caressé l’espoir de tourner en technicolor l’histoire de cette actrice qui rêve au grand amour, le trouve avec un compositeur et va consulter une voyante qui lui révèle le passé et l’avenir. D’où l’importance de la numérisation des bobines retrouvées et restaurées au printemps dernier par les spécialistes de l’université d’Aix-Marseille et le CNRS. Une opération financée par la Satt-sud est.
Un musée à Allauch l’an prochain
« On a réussi à retrouver une qualité d’image et de son époustouflante pour ce film incroyable qui révèle un Pagnol que l’on ne connaissait pas », confirme Julien Ferrando, le musicologue qui a dirigé cette restauration. « Le présenter aujourd’hui est le fruit d’une sacrée aventure, mais il ne faut pas considérer ces une heure 12 comme un film fini. C’est très émouvant, d’autant que le scénario s’inspire directement de l’histoire d’amour de Pagnol avec Josette Day. »
Nicolas Pagnol, le petit-fils de l’académicien qui espère « une projection à la cinémathèque française l’an prochain », sera présent à Aubagne pour ces nouveaux hommages à son grand-père en attendant l’ouverture, l’an prochain, du musée Marcel Pagnol dans la commune voisine d’Allauch, rassemblant sur 1 300 m² archives et objets lui ayant appartenu.
Marc Leras
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