Colère géante dans le Loiret contre les éoliennes XXL
|À Griselles, dans l’est du département, l’enquête publique sur le projet d’implantation de trois éoliennes géantes, hautes de près de 200 mètres, s’achèvera le 17 octobre.
4 octobre 2025 (Le Parisien) : Un nouveau volet dans le combat mené depuis plusieurs années par un maire et des habitants farouchement opposés, qui espèrent encore voir le projet abandonné.
« J’avais dit que je ferais tout pour que ces éoliennes n’arrivent jamais. » En 2019, Claude Madec-Cleï n’était pas encore maire de Griselles (Loiret), mais déjà président de l’association locale mobilisée contre le projet. Son ambition : empêcher la réalisation de ce chantier pharaonique. Élu en 2020, il a tenu parole, multipliant les délibérations et utilisant tous les recours possibles pour tenter de bloquer l’installation des turbines. Dans son sillage, des administrés eux aussi vent debout.
Plus hautes que la tour Montparnasse
Depuis, la commune de 800 habitants vit au rythme de cette bataille. Délibérations répétées, manifestations de riverains, réunions houleuses avec les services de l’État : la ligne n’a pas changé. Et il faut dire que ces éoliennes ne sont pas comme les autres. Avec une hauteur de 199,5 mètres, elles compteraient parmi les plus grandes de France, culminant au-delà de la tour Montparnasse. Pour l’élu, il n’est donc pas question de négocier un abaissement ou des aménagements. Le projet est rejeté en bloc.
Les opposants dénoncent l’impact paysager de ces machines hors norme, une dépréciation immobilière, des nuisances sonores et lumineuses, ainsi que les risques pour la biodiversité, notamment pour les colonies de chauves-souris recensées sur le secteur. Le maire pointe également la saturation d’infrastructures dans la commune : deux projets de méthaniseurs déjà envisagés, des silos, une colonne de gaz, des câbles à haute tension… « Cela fait beaucoup pour un seul territoire », martèle-t-il.
Des doutes sur la stabilité des fondations
Porté par la société Abo Energy, le projet repose sur des accords passés avec des propriétaires privés. Dans les contributions à l’enquête publique, le ton reste tranchant : dossier jugé incomplet, nuisances sonores et visuelles sous-estimées, manque de transparence sur le raccordement électrique et le futur démantèlement. La nature karstique des sols, truffés de cavités, nourrit aussi les doutes sur la stabilité des fondations.
De son côté, le promoteur met en avant une production annuelle estimée à 38 gigawattheures, soit l’équivalent de la consommation de 16 000 personnes, ainsi que 170 000 euros de retombées fiscales pour les collectivités. Quant aux propriétaires, ils pourraient percevoir jusqu’à 15 000 euros par an et par parcelle accueillant une éolienne.
À l’approche de la réunion publique, prévue autour du 10 octobre avec le commissaire enquêteur, l’ambiance reste électrique. Ici, la confrontation ne se joue pas seulement autour de chiffres ou de rapports techniques : c’est une lutte de territoire. Et le maire, fidèle à la promesse faite avant son élection, assure qu’il ne baissera pas les armes tant que le projet ne sera pas définitivement enterré.
Par Emmanuel Senecharles
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