Villa Ocampo s’offre une cure de jouvence écologique : quand le patrimoine argentin rencontre l’énergie du futur
L’historique résidence de la célèbre Victoria Ocampo, monument national argentin géré par l’UNESCO, vient de franchir un cap majeur.
Non seulement l’organisation internationale et la Municipalité de San Isidro ont scellé un accord pour dynamiser son offre culturelle, mais la Villa a également inauguré un système de panneaux solaires qui la propulse dans l’ère de la durabilité. Un double engagement qui promet de faire de ce lieu emblématique, qui a vu défiler Borges et Camus, un modèle mondial de gestion patrimoniale responsable.
Un accord de coopération stratégique a été signé cette semaine entre la Municipalité de San Isidro et l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), visant à renforcer les liens entre la résidence historique de Victoria Ocampo, Villa Ocampo, et la communauté locale et internationale.
L’objectif central de ce partenariat est d’élargir l’offre culturelle et éducative de ce site patrimonial emblématique, le rendant plus accessible aux résidents et aux visiteurs du district.
En plus de l’aspect culturel, la municipalité apportera son soutien aux tâches complémentaires d’entretien du domaine, dont la responsabilité principale incombe à l’UNESCO.
Un partenariat clé pour le patrimoine
La cérémonie de signature s’est déroulée dans la somptueuse demeure de Beccar, réunissant des figures clés : José Sánchez Sorondo, Secrétaire du Gouvernement de la Municipalité, et Ernesto Fernández Polcuch, Directeur du Bureau Régional de l’UNESCO à Montevideo. Claudia Mojica, Coordinatrice résidente de l’ONU en Argentine, a également assisté à l’événement, soulignant la portée de cette initiative.
Sánchez Sorondo a insisté sur l’importance du site pour l’identité locale et nationale.
« Villa Ocampo est une icône de San Isidro et de notre histoire en tant qu’argentins. Grâce à cet accord, nous faisons en sorte que davantage de citoyens puissent accéder à ce patrimoine national, tout en promouvant la culture et l’éducation », a-t-il déclaré après la signature.
De son côté, M. Fernández Polcuch a mis en lumière la dimension universelle de la résidence.
« Villa Ocampo est un lieu ouvert, un espace qui appartient à tous les Argentins et au monde. C’est un symbole de rencontre, de dialogue et de création, et c’est une grande responsabilité pour nous car c’est la seule propriété de l’UNESCO dans le monde entier. Le siège à Paris appartient à l’État français a-t-il noté, ajoutant que la coopération avec les gouvernements municipaux est essentielle pour « maintenir vivant cet héritage et le projeter vers l’avenir. »
Polcuch a remercié la Municipalité de San Isidro et a mentionné le nouveau système de signalisation sur l’Avenida del Libertador, indiquant l’emplacement de la maison Villa Ocampo et l’élagage des grands arbres du jardin, comme exemples récents de cette collaboration. Il a remercié également le soutien quotidien de l’Association Amis de Villa Ocampo (AAVO).
Claudia Mojica a souligné que pour les organisations internationales il est essentiel de travailler avec les municipalités locales qui connaissent bien leur territoire. « Victoria Ocampo est la seule personnalité, à avoir fait le pas de léguer un bien, en laissant sa maison comme héritage destiné à bénéficier à tous, au service de l’échange culturel. Visionnaire, nous pensons qu’elle aurait apprécié, passionnée comme elle l’était par l’architecture, cette idée d’exploiter l’énergie des panneaux solaires”.
L’énergie solaire au service de l’histoire
L’engagement de Villa Ocampo envers l’avenir ne s’arrête pas à la promotion culturelle. En parallèle, un nouveau système de panneaux solaires a été inauguré sur le site, fournissant désormais l’énergie électrique à l’ensemble du complexe. Cette installation marque une étape décisive dans l’intégration du patrimoine culturel et de l’efficacité environnementale.
Cette initiative est une composante majeure du Programme d’Action Environnementale de l’UNESCO, financé via la « Compte spécial pour l’action environnementale ». Le système vise à réduire de plus de 40 % les coûts énergétiques du site, tout en évitant l’émission de CO2.
Inspiré par l’esprit visionnaire de Victoria Ocampo, qui alliait culture, innovation et engagement social, ce projet transforme sa maison en un modèle de gestion patrimoniale durable et en un espace éducatif pour les milliers de visiteurs qui parcourent chaque année cette icône culturelle argentine.
L’inauguration du dispositif a réuni outre les représentants déjà mentionnés, les architectes responsables de l’installation des panneaux : Arch. John Martin Evans, Arch. Silvia de Schiller de la Maîtrise en Durabilité Architecturale et Urbaine de la Faculté d’architecture de Buenos Aires, et Arch. Eduardo Ottaviani, consultant paysagiste pour les jardins de Villa Ocampo. Schiller a remarqué qu’il est possible de gérer le patrimoine de façon responsable tout en embrassant les nouveautés, respectant tous les atouts de la Villa qui date de 1891 et qui possède un système d’illumination et d’aération naturelles car elle a été bâtie quand il n’y avait pas de systèmes d’acclimatation. Les panneaux sont invisibles, on a respecté leur efficacité mais aussi la façade historique. « Le jardin est un joyau bien que, comme tout être vivant, il se modifie. Ce que nous essayons de maintenir, par le biais de la préservation historique, c’est cet esprit de jardin de maison. Ce n’est pas un musée statique. L’idée est que les visiteurs aient l’impression de se promener dans le jardin de Victoria. » a ajouté l’architecte Ottaviani.
Un lieu chargé d’histoire
Construite en 1891 comme maison de villégiature, Villa Ocampo a été le creuset de rencontres majeures de l’intellectualité argentine et mondiale. Dans ses salons et jardins aux architectures mêlant les styles Renaissance, victorien et néoclassique, Victoria Ocampo (figure clé de la culture nationale et fondatrice de la revue Sur) a accueilli des personnalités telles que Jorge Luis Borges, Roger Caillois, Igor Stravinski, André Malraux, Albert Camus, Graham Green, Gabriela Mistral, Indira Gandhi, Aldous Huxley entre autres.
Après en avoir fait don à l’UNESCO en 1973 pour assurer sa préservation en tant qu’espace de dialogue ouvert sur le monde, la résidence a été déclarée Monument Historique National en 1997. Elle a été restaurée en 2003 et a ouvert ses portes au public en 2005 et se confirme aujourd’hui comme une destination culturelle incontournable du Grand Buenos Aires.
L’Association Amis de Villa Ocampo (AAVO) née en 2006, c’est une organisation civile, dont la présidente actuelle est Marta Alvarez Molindi, qui travaille pour aider l’UNESCO dans la gestion de maintenance de la maison, organise des évènements et des rencontres littéraires ainsi que la gestion de la « librairie-boutique ».
Patricia Pellegrini
https://asociacionamigosdevillaocampo.org.ar/
IG @asociacion_avo
Photos: carinadum6
