Laurianne et Jean (Bahía Blanca)

Le Trait- d’Union vous propose une nouvelle série de courts entretiens avec des Français vivant en Argentine et confrontés à la quarantaine.

Une façon de comprendre que, malgré la période difficile que nous traversons, où tout semble arrêté, la vie continue, et que, au-delà de l’adaptation à ces contraintes temporaires, les projets, pour mieux aborder l’ « après », sont déjà en route.
Une façon aussi d’apprécier la variété et la richesse de notre communauté.

Laurianne et Jean (Bahía Blanca)

Laurianne Gebel de Gebhardt et Jean Boissinot sont deux artistes français qui vivent à Bahía Blanca depuis 2015. Ils étaient parisiens depuis toujours pour Jean et depuis 10 ans pour Laurianne, et ont décidé de tenter l’aventure argentine suite au concours que Laurianne a gagné pour intégrer l’orchestre symphonique provincial de Bahía Blanca. Laurianne joue du cor d’harmonie et Jean est comédien et metteur en scène. Ensemble, ils ont créé la Compagnie Collage et monté leur premier spectacle franco-argentin « Encuentros », en collaboration avec le compositeur Gustavo Beytelmann et des artistes argentins. Laurianne a accepté de répondre à nos questions.

Pouvez-vous nous dire comment vous vivez votre confinement ?

Plutôt bien car nous avons la chance d’être dans un endroit privilégié entouré de nature. Nous profitons de ce confinement pour faire quelques travaux et aménagements dans notre maison. Nous sommes aussi très au fait du problème écologique, nous nous occupons de plus en plus de notre potager que nous avons commencé en arrivant en Argentine. Nous écoutons de la musique, partageons des séances cinéma. Si le temps est doux et très ensoleillé nous lisons dans notre jardin. Nous nous promenons également avec nos chiens. Nous faisons partie d’une équipe qui s’occupe d’un refuge pour animaux dans lequel nous allons aider toutes les semaines.

Je travaille bien sûr mon instrument, enregistre des vidéos avec des amis musiciens français et argentins (arrangements des musiques de Star Trek, d’un boléro, de Nimrod des Variations d’Elgar, de la 40ème symphonie de Mozart…). Je donne aussi des cours par appel vidéo à des élèves cornistes de l’orchestre-école d’Ingeniero White.

Jean lit des textes pour de futurs projets théâtraux. Il travaille actuellement sur un projet de vidéos mixant images et musiques improvisées à partir de thèmes prédéfinis. Il donne aussi des cours de conversation en français par appel vidéo.

Bien sûr, la scène et les répétitions nous manquent beaucoup mais nous prenons notre mal en patience.

Nous finirons bien, un jour où l’autre, par sortir de chez nous. Quels sont vos projets une fois la crise actuelle passée ?

Nous allons tous les deux reprendre nos activités professionnelles et artistiques. De mon côté, je reprendrai l’orchestre, mon quintette, mes différents projets de musique de chambre, mon groupe de swing ainsi que mes cours aux enfants de l’orchestre-école. J’ai des projets au sein d’un nouvel ensemble de musique ancienne basé à Buenos Aires, l’ensemble Concentus, dont les concerts programmés à l’Usina del arte ont été annulés.

Jean recommencera à donner ses cours de théâtre, reprendra ses projets théâtraux comme celui de « La última maravillosa victima » de la géniale metteuse en scène Silvia Gutierrez ainsi que le tournage d’un long métrage annulé à cause de la crise.

Ensemble nous allons reprendre « Encuentros », notre spectacle de théâtre, musique et danse que nous avons créé avec des artistes locaux en 2018 au Théâtre municipal de Bahía Blanca et fait tourner dans la région. Nous voudrions désormais le faire tourner dans le reste du pays, en France, et à l’étranger.

A n’en pas douter, cette période que nous vivons est hors du commun.  Beaucoup considèrent que le monde d’ « avant » ne pourra plus être le même lorsque cette crise sera passée. Qu’espérez-vous de ce monde de l’ « après » ?

On espère une prise de conscience générale sur les enjeux écologiques et sociaux, un retour à une vie plus simple, à une économie locale, à des voyages plus lents et respectueux des communautés et de l’environnement, à plus de solidarité, à une vraie politique solidaire et culturelle.

A nous d’inventer ce nouveau monde…

Propos recueillis par Jérôme Guillot

 

 

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