Jérôme Guillot, conseiller des Français de l’étranger

Élu conseiller des Français de l’étranger en 2021, -ils sont 4 pour l’Argentine- Jérôme Guillot cherche avant tout à mettre l’humain au centre de son travail.

Jérôme est né à Paris de parents normands – un père employé de presse et une mère coiffeuse -, il grandit en banlieue parisienne puis dans l’est de la France. Il termine sa scolarité comme interne dans un établissement de Caen. Il apprend l’accordéon dès l’âge de sept ans, instrument qu’il pratique encore à ses heures. Après un bac littéraire, il se présente au concours de l’école normale pour devenir instituteur. C’est ce moment qui forgera sa carrière, et son destin. Reçu 4e au concours, il bénéficie de la formation d’instituteur, de trois ans à l’époque et est nommé enseignant à Falaise dans le Calvados. Six mois, à peine après sa nomination, il postule un poste de VSNA (Volontaire au Service National Actif) l’ancêtre de « volontaire international » du service civique. La réponse est rapide : il doit préparer ses bagages car il part dans les 15 jours suivants pour Sao Paulo. Arrivé au Brésil en 1983, il devient professeur d’histoire et de français au Lycée Pasteur. Il y reste deux ans, y rencontre sa première femme avec qui il se mariera en France en 1985, puis retournera à Sao Paulo pour trois ans. Durant cette période, il suit des cours par correspondance avec l’université de Nanterre afin d’obtenir une maîtrise d’histoire. Sa première fille, Agathe, naît en 1989 à Sao Paulo. C’est alors que sa femme est nommée au Collège de Martinez en Argentine comme directrice de l’école maternelle. Commence alors, à cette date, la carrière de Jérôme au Collège, dans lequel il enseignera durant 28 ans. Il obtient d’ailleurs en 2003 le titre de maître-formateur. Il divorce de sa première épouse et fonde une autre famille. Sa seconde fille, Juliette, naît en 1998.

Son métier d’enseignant est pour lui, une véritable passion. Il le décrit comme un travail qui offre beaucoup de contacts humains. « Mettre de l’humain, c’est ça mon travail. Le métier d’enseignant est compliqué sur nombre de points, mais il apporte beaucoup au niveau des relations ». Il prend sa retraite en 2018, moment compliqué pour lui qui a consacré sa vie à l’enseignement. C’est à ce moment-là qu’il s’investit au sein de la rédaction de Trait d’Union durant quelques années.

Au-delà de sa carrière professionnelle, Jérôme Guillot est quelqu’un de très engagé. Son curriculum fait montre d’une véritable carrière syndicale au sein des deux établissements scolaires franco-argentins de Buenos Aires. Il est par exemple l’initiateur du syndicat SGEN, lié à la CFDT, qui bénéficie aujourd’hui de 5 sièges sur 10 dans les instances représentatives scolaires en Argentine.

En 2003, il refonde également avec deux autres personnes la section argentine de l’association Français du Monde-ADFE où il alternera diverses fonctions dont celle de président ; en raison de sa fonction actuelle de conseiller, il en est désormais seulement un membre parmi d’autres, tout en étant membre élu au sein du conseil d’administration de l’association à Paris. Il s’est d’ailleurs donné comme objectif de mener à bon port des projets communs à toutes les antennes de l’association en Amérique Latine.

Jérôme n’a pas abandonné non plus sa passion pour la musique. Il a sorti un disque, « Collages », en 2006, et continue à composer.

Enfin, son hobby d’historien s’illustre par l’écriture d’un ouvrage sur la dictature argentine. Resiliencia : un recueil de témoignages tant du côté argentin que français. Paru en 2021, ce livre est le fruit de huit années de travail.

Au niveau politique, Jérôme Guillot a fait partie de ces membres du Parti Socialiste déçus par François Hollande. Il rejoint alors Europe Écologie Les Verts par conviction écologique. Sa candidature en 2020 pour être élu conseiller des Français de l’étranger a été soutenue par ce parti, ainsi que par Français du Monde- ADFE. Cette candidature résulte de son envie de continuer à être utile. « Avant j’étais utile aux enfants, désormais je le suis aux adultes, à la communauté française, et c’est ça qui donne du sens à mon travail ». Il perçoit sa fonction de façon très positive, avec un fort apport personnel. Il suit au cas par cas les personnes en difficultés qui le contactent tant en capitale qu’en province, en les aidant de manière concrète, que ce soit dans des questions d’aide sociale ou de retraite. Jérôme publie chaque trimestre une lettre pour la communauté française. Il considère que la relation avec le consulat est excellente tout en déplorant cependant que le statut de conseiller ne soit pas réellement reconnu par toute l’administration française : « nous ne sommes pas forcément considérés comme des interlocuteurs compétents. Si on est positifs et qu’on aide, ça va. Mais si on expose un problème, on ne nous prend pas beaucoup au sérieux ». Exemple majeur : les conseillers attirent depuis mars l’attention sur la demande de revalorisation des aides sociales pour les Français de l’étranger, de 352 à 590 € : ce qui a été nié par l’administration centrale. Il n’a été accordé que 390€, somme ne suffisant pas à couvrir les besoins des personnes en situation difficile.

Après trois années de mandat, et s’être beaucoup occupé de problèmes individuels, notre interviewé, se tourne également aujourd’hui vers trois grands projets en harmonie avec ses intérêts personnels :

  • Le lancement d’une réserve écologique naturelle à Vicente Lopez, ou une équipe de jeunes se bat pour la préservation du lieu,
  • Une « fédération » des associations françaises en collaboration avec ses collègues Laurent Waksmann et les autres conseillers,
  • La création d’une maison-musée de l’Immigration française.

Projets d’envergure, ambitieux et qui nécessitent, outre une collaboration élargie de bonnes volontés, un important travail personnel.

Propos recueillis par Marie-Françoise Mounier-Arana et Cléophée Baylaucq

 


 

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