Collectif solidaires

Poursuivant ses échanges avec les conseillers des Français de l’étranger Trait-d’Union a rencontré quatre représentants du collectif solidaires, via une plateforme numérique : Cédric Prestat, Agathe Cypres, Pauline Maynier et Françoise Cormeau.

L’entrevue virtuelle s’imposait car deux des quatre membres de l’équipe rencontrés vivent en province, Pauline à Córdoba et Françoise à Puerto Madryn.

Le collectif solidaires « Citoyen-ne-s de gauche, écologistes et féministes » élu avec les autres conseillers en 2021, estime, après près de deux ans de fonctionnement, avoir gagné son pari dans sa façon d’honorer son mandat de représentant collectif. Collectif et rotatif aussi, car tous les ans et demi l’interlocuteur visible du groupe (aujourd’hui Cédric Prestat) change et assume la tache de rapporteur des décisions prises collectivement sur les questions et problèmes étudiés, Le consensus étant une règle de jeu du groupe, la définition des priorités, les discussions et les prises de décisions nécessitent le temps nécessaire pour aboutir. Toutefois cette façon collective de fonctionner, à priori peu agile, se fluidifie avec l’expérience et acquiert, avec le temps, les caractéristiques d’une mécanique huilée. Des réunions de 3 à 4 heures sont programmées toutes les deux semaines, au cours desquelles les décisions sont prises sur des thèmes préalablement étudies par l’un ou l’autre des membres. La présence fédérale du groupe grâce à l’implantation de quelques-uns de ses membres, dans les provinces de Chubut, Córdoba et Buenos Aires notamment, est l’autre atout de l’équipe et lui permet d’être au plus près des personnes et d’apporter rapidement solutions, conseils ainsi que de participer à des projets locaux.

Comme les autres conseillers, le collectif doit faire face aux habituels problèmes rencontrés par les Français résidant dans le pays, qu’il essaie de débloquer au mieux. Le problème des retraites restant l’un des plus visibles. L’accompagnement également pour l’instruction de dossiers comme, par exemple, celui réalisé pour la préparation d’une demande de subvention STAFE (dispositif de Soutien au Tissu Associatif des Français de l’Etranger) pour deux projets FLAM* l’un à Santa Fe, l’autre  à Buenos Aires (Arc en Ciel).

Le collectif se félicite d’avoir, par son vote, participé à l’arrivée au sénat de la jeune Mélanie Vogel, sénatrice écologiste des Français de l’étranger, particulièrement impliquée dans les questions féministes et de diversité. C’est d’ailleurs grâce à son intervention, auprès de la ministre concernée, que le groupe Solifem a obtenu gain de cause pour une requête émanant d’un couple de françaises résidant en Argentine. Il s’agissait de faire appliquer une loi récemment votée concernant l’inscription d’un enfant d’un couple de même sexe sous les noms de famille des deux parents. En l’occurrence le consulat, n’ayant pas encore reçu d’instructions officielles à ce sujet, se voyait dans l’impossibilité d’inscrire l’enfant avec les deux noms.

Qu’en est-il des trois grands axes autour desquels s’étaient regroupés les membres du collectif, pour entrer en contact avec le plus grand nombre de français installés dans le pays avec des centres d’intérêt variés et, en outre, selon la définition du collectif, chercher à créer du « lien » : « Soli-fem » pour les questions féministes, « Soli-verde » pour les problèmes d’écologie, « Soli-arte », un regroupement autour des artistes francophones ?

Depuis Córdoba, Pauline prend la parole : Solifem serait le premier groupe français à aller à la rencontre et établir des rapports avec la communauté argentine autour des questions féministes, entre autres celle ayant eu une influence dans la mise en place de la législation sur l’avortement. Le groupe aborde différents sujets et a pour l’heure à l’étude l’accompagnement des victimes de violence de genre et leur rapprochement avec le réseau francophone existant qui travaille sur ces problèmes. Solifem est, par ailleurs, en contact avec des féministes françaises désireuses de s’inspirer du modèle argentin dans leur lutte contre les violences de genre.

C’est ensuite Françoise depuis Puerto Madryn qui fait un tour d’horizon des possibilités et difficultés rencontrées pour mettre sur pied un projet à caractère écologique, dans l’optique définie par Soliverde. Il s’agirait de recenser et établir des liens entre une infinité de petits acteurs intervenant actuellement dans ce domaine. Beaucoup de petits exploitants, dans de nombreux endroits du territoire travaillent, sans lien entre eux, en recourant à des techniques qu’ils souhaiteraient « écologiques ». A l’occasion d’un projet de mise en place d’une importante pépinière, les responsables se sont mis en contact avec plusieurs producteurs intéressés par le développement de l’agroécologie. Des pistes possibles seraient l’éventuel développement de programmes sur l’agroécologie, entre l’INTA argentin (Instituto Nacional de Tecnología Agropecuaria) et l’INRA français (Institut National de la recherche agronomique). Un autre projet s’adressant plus particulièrement aux jeunes consiste à recenser des endroits et des producteurs susceptibles de recevoir des stagiaires dans le cadre des programmes PVT (Visa Vacances Travail), ou des voyageurs qui les aideraient à travailler dans leurs exploitations : un système du genre WWOOFing (une organisation permettant l’apprentissage de l’agriculture organique et les techniques basées sur les modalités de développement durable).

Le troisième axe de travail défini était Soliarte, toujours dans une optique fédérative. Soliarte a réalisé un recensement des artistes français présents en Argentine et a publié un catalogue virtuel les présentant, donnant description et informations sur chacun d’eux et sur leur type de prestations.

Soliarte a aussi réussi, avec l’aide du Consulat et de l’Alliance Française, à organiser, avec succès, un évènement de présentation du catalogue accompagné d’une prestation artistique, sur la scène de l’auditorium de l’Alliance, de chacun des participants, le jour même de la fête de la musique, le 21 juin dernier.

Le collectif affiche des projets intéressants, beaucoup de travail et semble-t-il un enthousiasme contagieux.

Cleophee Baylaucq – Marie-Françoise Mounier-Arana

 

N.D.L.R. : Le projet FLAM (français langue maternelle) est un dispositif d’appui financier annuel destiné à soutenir des activités linguistiques et culturelles en français destinées à des enfants français ou binationaux scolarisés dans une autre langue que le français.

 


 

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