Entre qualité et rivalité

Les prix littéraires, une tradition bien française

Qu’est-ce qu’un prix littéraire ?

C’est une distinction remise pour une œuvre littéraire particulière par des institutions publiques ou privées, des fondations etc. Décernés annuellement, les prix sont à la fois une reconnaissance prestigieuse et un véritable enjeu économique pour les professionnels du livre.
La rentrée littéraire de septembre est un rituel typiquement français : il y aurait plus de 1500 prix littéraires remis chaque année dont 200 seulement ont une portée nationale, tous les prix n’ayant bien sûr pas le même impact.

Un peu d’histoire.

C’est en 1901, pour récompenser l’œuvre complète d’un écrivain, que voit le jour le premier Prix Nobel de littérature ; Jean-Marie Le Clézio, Patrick Modiano et Annie Ernaux sont les derniers auteurs français primés.

Grâce à la fortune d’Edmond de Goncourt le premier Prix Goncourt est proclamé en 1903, au début du mois de novembre, il ne peut être décerné qu’une seule fois au même écrivain. Une seule exception, néanmoins : Romain Gary l’a reçu une première fois pour Les Racines du Ciel puis une seconde sous le pseudonyme d’Emile Ajar pour La Vie devant soi.
En 1904 en réaction au Goncourt exclusivement masculin, nait le Prix Femina, puis en 1915 le Grand Prix du roman de l’Académie française ; ensuite en 1926 le prix Renaudot et le prix Interallié en 1930, qui n’est qu’une récompense honorifique, alors que certains prix sont accompagnés de bourses ou de sommes d’argent. Enfin en 1958, le Prix Médicis est attribué à un débutant. Ce sont les 6 prix les plus prestigieux.

Des prix accordés par un jury d’écrivains appartenant au milieu très parisien, très fermé, voire très intellectuel de Saint-Germain des Prés ; aussi certains lecteurs ayant jugé ces prix trop élitistes, de nombreux prix alternatifs surgissent, dans les années 50, comme le Prix des Libraires ou celui des lectrices du journal féminin Elle. Ces derniers étant souvent attribués au printemps et plutôt vendus en édition de poche alors que les maisons comme Gallimard, Grasset, Flammarion (pour ne citer que quelques-unes) publient à la rentrée de septembre.

Les Prix : prestige des auteurs (éphémère) et accélérateur de ventes.

On reconnaît les livres récompensés car ils portent sur leur couverture un bandeau rouge qui leur donne une certaine visibilité au milieu d’une production éditoriale abondante : symbole publicitaire et label de qualité.
Les prix sont remis à l’automne, outre leur qualité, leur nouveauté, ils ont comme objectif la lutte contre le déclin du livre, contre la concurrence des autres biens culturels et les réseaux gratuits.
Soutien du marché de l’édition française est également visée la défense des librairies indépendantes car c’est avant tout, la reconnaissance de la qualité d’un ouvrage, par un jury d’experts. C’est par conséquent le « cadeau » juste avant les fêtes de fin d’année. Souvent offerts, sont-ils lus ?

En conclusion, on ne peut ignorer l’espace médiatique qui entoure la remise des prix ; c’est l’événement littéraire de la rentrée, une tradition qui anime la vie littéraire et donne chaque année aux lecteurs un aperçu de la littérature contemporaine française.

C’est aussi la raison pour laquelle Trait-d’Union a choisi de lire des ouvrages primés à son club de lecture « A voix haute ».

Elisabeth Devriendt

 


 

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