L’association Misericordia

Des étudiants français viennent relever “le défi de la tendresse” avec l’association Misericordia. 

Depuis plusieurs weekends, une équipe de jeunes volontaires français vient prêter main-forte aux missionnaires du quartier de La Rana dans la périphérie de Buenos Aires. Une occasion de donner de leur temps en se mettant au service des jeunes de la villa.

Une histoire faite pour rayonner : 18 ans de mariage au service des autres

L’histoire de Rena et Romain de Chateauvieux, les fondateurs de l’association Misericordia International, semble sortie d’un film. Rena naît au Brésil dans une favela de Salvador de Bahia. Romain est français, en mission au Brésil. Ils se rencontrent dans cette favela et se marient peu de temps après.

Tous deux destinés à mettre leur vie au service des autres. Ils partent dans un premier temps en mission aux Etats-Unis pendant deux ans, pour aider les immigrés latino-américains. Ils sillonnent ensuite, avec leurs enfants, l’Amérique Latine pendant trois ans dans un bus scolaire aménagé et finissent par s’installer à Santiago, au Chili, dans le quartier le plus pauvre du pays ; c’est là où le couple fonde Misericordia en 2013.

Le cœur du projet

Misericordia est une association catholique qui a pour mission d’accompagner les personnes au cœur des quartiers défavorisés, aux périphéries des grandes villes, en servant les plus pauvres au travers de projets sociaux. L’association est présente pour tous les habitants des quartiers, qu’il s’agisse des jeunes, des personnes âgées isolées, des personnes souffrant d’addiction, ou encore des familles.

Il existe aujourd’hui 4 lieux de mission à travers le monde : au Chili, en Argentine, en France et aux Etats-Unis.

Accompagnés de leurs six enfants, Rena et Romain ont tenu à ce que Misericordia reproduise l’image d’une famille, projet lui-même né de la leur. De ce fait, chaque mission est conduite par un couple qui s’installe avec ses enfants au sein d’un quartier. En effet, le cœur du projet réside dans la proximité des missionnaires avec les habitants à qui ils viennent en aide.

Les couples et les jeunes missionnaires s’engagent sur des périodes allant d’un à trois ans. Les missions sont également ouvertes à l’aide ponctuelle de volontaires, tels que le groupe de français engagé à La Rana tous les mercredis pour un apporter un appui scolaire et les samedis pour animer des activités avec les enfants.

Misericordia en Argentine  

Misericordia est présente depuis 2018 dans le quartier de La Rana.

Le premier couple arrivé en Argentine avait marqué l’engagement de l’association. Depuis deux ans, Maria-José et Xavier, accompagnés de leurs trois enfants, ont repris le flambeau de la mission.  Cette année est particulière, car pour la première fois de jeunes missionnaires sont venus les rejoindre, ils sont cinq : Constance, Côme, Jacinthe, Dylan et José-Maria, trois Français et deux Chiliens, tous d’horizons différents.

Jeudi 3 avril, Trait-d’Union est allé interroger les jeunes volontaires ainsi que Xavier et Maria-José afin de mieux comprendre leur travail en Argentine.

TdU : Comment avez-vous réussi à créer un lien avec le quartier et à vous faire connaître ?

L’idée principale qui ressort de cet échange, c’est que ce lien se construit « étape par étape » ; Il n’est pas question de s’imposer, mais de s’intégrer progressivement, en tissant des liens de confiance. Misericordia se fait connaître par le bouche-à-oreille. Le lien se crée dans la rue ou directement chez les habitants. Selon les jeunes missionnaires interrogés, c’est cette approche qui permet à l’association de s’enraciner dans les quartiers qu’elle cherche à aider.

Ils expliquent que chaque mission de Misericordia est à une étape différente de son développement. Encore récente, il a fallu du temps pour que la mission argentine soit acceptée et respectée au sein de la villa. Ce n’est que récemment que l’association s’est agrandie, petit à petit les missionnaires développent de nouvelles activités pour toucher chaque membre de la villa et aider dans les différentes situations compliquées auxquelles sont souvent confrontés les habitants de La Rana.

TdU : Comment la mission s’installe dans le quotidien des habitants ? 

D’après une description détaillée du programme quotidien des missionnaires, il semble évident que l’association est aujourd’hui devenue le poumon du quartier. Les enfants s’y retrouvent quatre fois par semaine pour l’aide aux devoirs, des activités et du sport. Le dimanche, ce sont les personnes âgées, parfois isolées, qui viennent profiter d’un moment de partage. De plus, le « mercredi de la foi » ou « miércoles de la Fe » a vu naître un regroupement de personnes souffrant d’addiction, chaque participant vient échanger sur ce qu’il vit au quotidien. « Nous avons eu de belles surprises ». Une des mamans du quartier, Angie, avec qui nous avons pu échanger, a choisi de prendre part à la mission en aidant régulièrement les missionnaires à la préparation des repas. Elle confie avoir senti un profond apaisement depuis l’arrivée de la maison dans le quartier.

TdU Avez-vous rencontré des difficultés qui ont pu mettre en péril la mission ? 

Les bénévoles rapportent que l’insécurité dans le quartier a contraint la mission à se mettre en pause un moment. Ils ajoutent toutefois que le travail a pu reprendre, grâce à l’image positive que l’association véhicule auprès des habitants. Ce type d’incident est à prendre en compte, mais reste rare. En effet, les habitants adoptent les missionnaires et ont conscience du bien qu’ils prodiguent au sein du quartier.

 

TdU – Comment décririez-vous l’état d’esprit porté par Misericordia ?

Les bénévoles s’accordent unanimement sur ce point : « Ce qu’il faut retenir de Misericordia c’est que chaque personne compte ». Leur but est d’évoluer avec les habitants, de leur donner la force de surmonter un quotidien difficile et de se développer en tant que personnes.

C’est le cas de Dylan, un des jeunes de la mission à La Rana. Il a grandi aux côtés de Rena et Romain dans le quartier de La Pincoya au Chili, lors de la création de Misericordia. Aujourd’hui, il dit vouloir consacrer sa vie à l’association, dans l’idée de transmettre à son tour ce qu’il a reçu.

Resté très proche de Rena et Romain, il a partagé son histoire.

Il décrit un environnement très difficile, ou la drogue est source de souffrance « La vie à La Pincoya est très dure, car il y a de la drogue partout. ». Les épreuves l’ont marqué et renforcé dans son désir de faire le bien, porté par la religion « Beaucoup de mes amis sont aujourd’hui morts ou en prison, pour avoir suivi de mauvaises influences (…) J’ai eu l’immense chance de connaître Misericordia et j’ai donc choisi un chemin différent ».

L’histoire de Dylan est une parmi bien d’autres, qui illustre l’importance de cette jeune association, qui apporte de l’espoir et un nouveau cap dans l’adversité.

Trait-d’Union remercie les jeunes interrogés pour leur temps et leur témoignage et avoir permis de mettre en lumière la réalité sociale de nombre de quartiers, aux portes des grandes villes.

 

Mathilde Hagobian

 

https://misericordia.fr/fr

 


 

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