Une anecdote historique

La rencontre fugace entre le « Cóndor Riojano » et la « Joconde des Pampas »

Peu après la guerre de 1914-1918 où il se comporta, dit-on, en héros, arriva à Bs.As. le capitaine Z. À son auréole d’héroïsme s’ajoutait la beauté physique (dont, par la suite, sa fille aînée hérita). II était célibataire. Son uniforme d’aviateur français mettait en valeur son corps aux hanches étroites et aux larges épaules. Sourire triste et regard mélancolique. L’accent de sa province natale donnait à sa façon de parler, lente, une saveur particulière, et son torse recouvert de galons empêchait d’oublier l’enfer d’où il sortait : la première guerre aérienne de l’histoire. C’était un hasard s’il était encore vivant. Je prenais furieusement parti pour les Alliés. On me présenta le capitaine. Je dansais avec lui : il ne dansait pas particulièrement bien. Je parlais avec lui : il n’était pas très bon causeur. Il me déclara son amour (il donna ce nom à son désir) à demi-mots. Je le voyais auréolé du prestige de celui qui s’est battu à mort avec les Allemands sans avoir été obligé de le faire. Je l’interrogeais sur ses fameux vols de nuit. Peu de gens avaient volé à cette époque. De nuit, personne. Ses réponses étaient brèves et ne me satisfaisaient pas. Il ne trouvait pas les mots justes. « …si vous voulez savoir ce que l’on ressent, pourquoi ne venez-vous pas demain, tôt dans la matinée, au Palomar ? Mon avion Bréguet y est… »  J’y allais.” (Victoria Ocampo)

Ainsi après le bal et le vol, un baiser furtif dans le taxi de retour va sceller la rencontre entre le Capitaine Z. (qui n’etait autre que Vicente Almandos Almonacid) et Victoria Ocampo. Il avait 37 ans et elle 30 ! L’année suivante en 1920 il se mariait avec Dolores Güiraldes.

La description de ce baptême de vol de façon un peu tragi-comique mais avec des images très vives selon son style personnel, se trouve dans le volume III de l’autobiographie de Victoria Ocampo “ Le Rameau de Salzbourg”.

 

Patricia Pellegrini

 

 

 


 

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