Ce qu’il faut retenir de l’audition de la directrice du Louvre
|Auditionnée au Sénat ce mercredi, la directrice du Louvre Laurence des Cars a pris la parole pour la première fois depuis le cambriolage du musée dimanche. Si elle affirme que les alarmes ont fonctionné, elle reconnaît un système de surveillance “très insuffisant”.
23 octobre 2025 (Nouvelobs) : C’est la première fois qu’elle prend la parole depuis le vol spectaculaire du Louvre dimanche. Laurence des Cars, présidente-directrice du musée depuis septembre 2021, a été auditionnée pendant plus de deux heures ce mercredi 22 octobre au Sénat, par la commission culture. Une audition où elle est revenue sur « les faiblesses de protection périmétrique » qui ont rendu possible le vol des huit bijoux royaux de l’époque napoléonienne, dont le préjudice a été évalué à 88 millions d’euros.
· Le vol de joyaux, « une blessure immense »
Le spectaculaire vol de joyaux dimanche au Louvre est « une blessure immense », a déclaré la présidente-directrice du musée, Laurence des Cars, en préambule de son audition au Sénat. « Ce vol blesse notre institution dans sa mission la plus profonde (…) il ne s’agit nullement pour moi de me dérober ou d’adopter une position de déni », a-t-elle ajouté, au cours de sa première déclaration publique depuis le vol dimanche.
« Malgré nos effets, malgré notre travail acharné au quotidien, nous avons été mis en échec », a poursuivi la directrice du Louvre, devant la commission des Affaires culturelles. Elle a déclaré ne pas vouloir « laisser penser que ce vol est une fatalité » : « Je n’ai cessé depuis ma prise de fonction en septembre 2021 d’attirer l’attention de notre tutelle, de la représentation nationale et des médias sur l’état de dégradation et d’obsolescence générale du Louvre, ses bâtiments et structures. »
Pour le moment, l’enquête se poursuit pour tenter de retrouver les huit bijoux royaux dérobés. La couronne de l’impératrice Eugénie, qui leur avait échappé dans leur fuite, est « assez endommagée » mais sa restauration est « délicate mais possible », a annoncé Laurence des Cars.
· Des alarmes qui ont fonctionné, mais un système de surveillance vidéo jugé « très insuffisant »
Interrogée sur le fait de savoir si « toutes les alarmes » avaient fonctionné, elle a affirmé que « le système de sécurité tel qu’il est en place aujourd’hui dans la galerie d’Apollon a parfaitement fonctionné ».
En revanche, Laurence des Cars reconnaît que le système de surveillance extérieure par vidéo est « très insuffisant ». Un système qui ne couvrait pas le balcon par lequel sont entrés les auteurs du spectaculaire cambriolage de dimanche, grâce à un monte-charge installé sur la voie publique, avant de fracturer à la disqueuse une porte-fenêtre, puis les vitrines où se trouvaient les joyaux. « C’est là notre faiblesse », a-t-elle reconnu.
« Il y a quelques caméras périmétriques, mais qui sont vieillissantes (…), le parc est très insuffisant, ne couvre pas l’ensemble des façades du Louvre, et malheureusement du côté de la galerie d’Apollon » où a eu lieu le vol, a déclaré la directrice du musée le plus visité au monde, en assurant que le futur plan de sécurité permettrait de couvrir « l’ensemble des façades ».
« Nous n’avons pas repéré suffisamment à l’avance l’arrivée des voleurs », a-t-elle concédé. « Les faiblesses de notre protection périmétrique sont connues et identifiées », a affirmé Laurence des Cars.
· L’installation d’un « commissariat de police » dans le Louvre demandée
Devant la commission de la culture du Sénat, la responsable du Louvres a affirmé souhaiter « solliciter le ministère de l’Intérieur pour étudier si l’installation d’un commissariat de police au sein du musée serait envisageable ».
Laurence des Cars a également réclamé « la sécurisation des abords immédiats du Louvre, en particulier de la chaussée ». « Je pense par exemple à des dispositifs de mise à distance », pour empêcher « que des véhicules ne se garent » à côté du musée, a-t-elle développé.
A plus long terme, la responsable a évoqué les mesures prévues dans le plan de sécurisation du musée ou « schéma directeur des équipements de sûreté », avec notamment un doublement du « nombre de caméras sur les 37 hectares du domaine du Louvre », et une modernisation du « système de vidéoprojection et de détection des intrusions ». Elle a assuré aux sénateurs qu’il n’y avait « pas de retard » dans la mise en place de ce plan. La Cour des comptes, qui s’est penchée sur la période comprise entre 2019 et 2024, parle, elle, d’un « retard persistant » dans ce domaine.
De son côté, le président Emmanuel Macron a demandé ce mercredi une « accélération » des « mesures de sécurisation en cours de déploiement » au Louvre, visité par neuf millions de visiteurs en 2024.
· Une démission refusée par le ministère de la Culture
Laurence des Cars a confirmé ce mercredi avoir présenté sa démission dimanche, quelques heures après le vol des joyaux, à la ministre de la Culture Rachida Dati, qui l’a refusée.
« Dimanche dernier, après avoir constaté aux côtés du ministère de la Culture et du ministre de l’Intérieur, les conséquences de la terrible attaque que nous venions de subir, j’ai présenté à la ministre de la Culture en responsabilité ma démission. Elle l’a refusée », a-t-elle déclaré devant la commission des affaires culturelles du Sénat.
« Il y a eu beaucoup de dérives dans la presse ces jours-ci et des attaques personnelles qui me meurtrissent », a par ailleurs déclaré Laurence des Cars. La directrice du musée faisait référence à des accusations de « dépenses inconsidérées », en particulier pour des travaux de salle à manger, évoquées par « Le Canard enchaîné ». « Cette salle de réunion n’est pas réservée à l’usage exclusif de la présidence du Louvre, elle n’est en aucun cas ma salle à manger personnelle », a-t-elle affirmé.
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