Paris : pourquoi y a-t-il une énorme grenouille gonflable place Vendôme ?
|Une grenouille gonflable géante de 20 m a investi la place Vendôme depuis mardi. L’œuvre d’Alex Da Corte, exposée dans le cadre d’Art Basel Paris jusqu’au 26 octobre, divise déjà les passants et fait polémique sur les réseaux sociaux.
23 octobre 2025 (Le Parisien) : Elle est gonflable, immense et détonne au milieu de ce haut lieu du luxe parisien. Depuis mardi matin, une grenouille verte géante de près de 20 mètres trône au beau milieu de la place Vendôme (Ier arrondissement de Paris). Kermit la grenouille a élu domicile dans l’un des lieux les plus prestigieux de Paris, entre les bijoutiers et le ministère de la Justice. Un spectacle inattendu qui divise déjà les Parisiens.
Cette sculpture gonflable géante, officiellement baptisée « Kermit the Frog, Even », est signée Alex Da Corte, un artiste américano-vénézuélien de 40 ans réputé pour ses œuvres décalées. Le titre fait un clin d’œil malicieux à « La Mariée mise à nu par ses célibataires, même » de Marcel Duchamp.
L’œuvre s’affiche jusqu’au 26 octobre dans le cadre du programme public d’Art Basel Paris, présentée par la galerie londonienne Sadie Coles HQ. Art Basel, l’une des foires d’art contemporain les plus prestigieuses au monde, débarque pour la première fois dans la capitale française. L’événement rassemble galeries internationales, collectionneurs et amateurs d’art du 18 au 20 octobre au Grand Palais.
Mais pourquoi Kermit semble-t-il si abattu ? L’artiste puise son inspiration dans un épisode cocasse de 1991 : lors du défilé de Thanksgiving de New York, le ballon géant de la marionnette culte s’était accroché à une branche et sa tête s’était partiellement déchirée, se retrouvant « entre deux vies, deux états », explique l’artiste. Cette image de défaillance résonne avec les préoccupations écologiques actuelles et la célèbre phrase du personnage : « Ce n’est pas facile d’être vert. »
Scène de carnaval
Pour Alex Da Corte, cette œuvre créée en 2018 traduit un « existentialisme américain ». « D’un côté, vert signifie énergie verte, être conscient de l’environnement ; de l’autre, cela renvoie également à un extraterrestre, à une marginalisation », confie l’artiste, qui y voit une métaphore de la condition humaine quand « la façade tombe ».
Lundi, jour de l’inauguration, une troupe d’artistes déguisés en Kermit a déambulé sous le ballon géant, transformant la prestigieuse place en « scène de carnaval », selon les mots de l’artiste.
L’installation n’a pas tardé à faire réagir. Sur les réseaux sociaux, Florian Philippot, président du parti d’extrême droite Les Patriotes, s’indigne : « Place Vendôme devant le ministère de la Justice ce matin : qu’est-ce que c’est que ça encore ??! ». Une réaction qui rappelle les précédentes polémiques artistiques parisiennes.
Car la place Vendôme n’en est pas à son premier coup d’éclat culturel. En 2014, le sapin controversé de Paul McCarthy avait été vandalisé après avoir choqué les passants par ses formes suggestives.
Plus récemment, l’empaquetage de l’Arc de Triomphe par Christo en 2021 avait au contraire fait l’unanimité, attirant des millions de visiteurs émerveillés. L’artiste JR s’apprête d’ailleurs à transformer le Pont-Neuf l’année prochaine, confirmant l’attrait des créateurs pour les monuments parisiens.
Candice Doussot
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