Budget 2026 : Gabriel Zucman se montre défavorable à une “taxe Zucman light”

Invité de France Inter, l’économiste s’est montré réservé sur l’amendement déposé jeudi par les députés socialistes pour alléger cet impôt visant à taxer les ultrariches.

25 octobre 2025 (Le Figaro) : «Prendre le risque de répéter les erreurs commises en 1981 […] au moment de la création de l’ISF». Invité de France Inter ce samedi matin, l’économiste Gabriel Zucman a fait part de ses réserves concernant l’amendement déposé par les députés PS ce jeudi et visant à instaurer une taxe Zucman allégée.

«Sur les modalités, on peut avoir une discussion, mais j’alerte sur ce que nous apprend l’expérience historique et internationale», a souligné le directeur de l’Observatoire européen sur la fiscalité, sur France Inter. Et le chercheur de poursuivre : «Or dès qu’on introduit des exonérations, (…) c’est qu’on lance la machine à optimisation.» L’examen du projet de loi de finances se poursuit ce samedi, avec l’étude de plusieurs mesures de justice fiscale. Parmi elles, la taxe Zucman, sous plusieurs formes.

3% du patrimoine net global

L’objectif de cet «impôt minimum sur les très hauts patrimoines (IMTHP)» proposé par la gauche tient au fait «de garantir une contribution équitable et effective des patrimoines les plus élevés à l’effort fiscal collectif», indique le site de l’Assemblée nationale. Qui poursuit : «Cet impôt vise à corriger les insuffisances des dispositifs existants, notamment en matière de progressivité et de prise en compte des patrimoines financiers».

Cet amendement prévoit que cette taxe s’applique aux personnes domiciliées en France et le patrimoine «excède 10 millions d’euros au 1er janvier de l’année d’imposition», ainsi qu’aux personnes qui ont des biens situés en France dont «la valeur excède 10 millions d’euros», mais en excluant toutes les entreprises innovantes et familiales. Le montant de cet impôt correspond à «3% du patrimoine net global, diminué du total des impôts et contributions déjà acquittés par le contribuable», tels que l’impôt sur le revenu, sur la fortune immobilière ou encore les taxes foncières et les contributions sociales. Pour rappel, dans sa version originelle, la taxe Zucman prévoyait de faire payer aux contribuables ayant au moins 100 millions d’euros de patrimoine un impôt minimum de 2% sur ce patrimoine, et devait faire rapporter selon l’économiste «15 à 20 milliards d’euros» – mais ces estimations sont contestées.

«C’est prendre le risque de répéter les erreurs qui ont été commises en 1981″, au moment de la création de l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF). Il y avait eu une levée de boucliers », a cependant critiqué l’économiste, rappelant que le gouvernement de l’époque avait donc «fait voter une exonération sur les soi-disant bien professionnels». «La conséquence de ça, c’est que les milliardaires ne payaient pas et n’ont jamais payé l’ISF», a martelé l’économiste. Selon lui, «il y avait eu un échec intellectuel et politique dramatique».

Jeanne Durieux

 

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