Les voyageurs sous la pression du Coronavirus

De nombreux français vivent cette situation exceptionnelle de pandémie en direct de l’Argentine.

Avant la mise en place du confinement obligatoire sur le territoire argentin, les touristes français se comptaient par milliers. Parmi eux n’étaient pas recensés les étudiants en échange ou les résidents français permanents en Argentine.

Progressivement, les possibilités de déplacement sont devenues rares, et la situation de touriste bien compromise. C’est alors qu’est venu le moment de se poser la question d’un éventuel retour en France pour un grand nombre d’entre eux. Beaucoup ont décidé de rentrer, mais pas tous.

Les autorités argentines ayant pris des décisions très rapidement, les touristes se trouvant loin de la capitale se sont vus contraints de rester dans la province qu’ils visitaient. C’est le cas de ce couple, en voyage en Amérique latine depuis cinq mois. « Nous avons traversé la frontière entre le Chili et l’Argentine le 14 mars dernier. Nous devions visiter le glacier Perito Moreno et el Chaltén puis repartir au Chili et poursuivre notre aventure pendant encore six mois. Depuis, nous sommes bloqués à El Calafate ». Certains ont, quant à eux, anticipé les mesures de confinement imminentes, et se sont alors réfugiés à Buenos Aires, c’est le cas par exemple de Sinus « Mon projet était un périple de trois mois. J’ai passé un mois à La Plata chez ma petite-amie avant que la situation ne dégénère. Ensuite, j’ai suivi les consignes de l’Ambassade, me rendre à Buenos Aires avant le 19 mars. Depuis, je vis dans un appart-hôtel dans Palermo… Fin du voyage. »

Les projets de chacun ont forcément dû être revus, et parfois même annulés, des décisions difficiles à prendre comme à accepter. Manon, arrivée en Argentine en janvier, devait s’envoler le 26 mars pour le Canada avec son visa PVT* en poche, lequel impose une date limite d’entrée sur le territoire. « Je fais le ‘deuil’ de ce projet. J’ai vécu le début du confinement avec des Hollandais arrivés depuis peu, que je ne connaissais pas. Une semaine vraiment stressante pour tous, à cause de nos plans tombés à l’eau et de la cohabitation parfois difficile. » Suite à ce triste constat, Manon a pris la décision de rentrer.

Certains ont, au contraire, pris la décision de rester en Argentine jusqu’à la fin de l’épidémie. Partis le 11 janvier pour un tour du monde d’une durée d’un an, Léa et Josselyn avaient tout juste passé la frontière argentine lorsque fût mis en place le confinement total. « Nous avons à peine eu le temps de faire une marche jusqu’au glacier Marcial que le confinement a commencé ici, à Ushuaia. Nous avons décidé de faire nos quinze premiers jours de confinement en Terre de feu, nous craignions d’être au contact de personnes contaminées en essayant de rejoindre la France. En effet, cela voulait dire de nombreux transports ainsi que la rencontre de beaucoup de personnes. » Josselyn, de santé délicate, ne veut pas prendre le risque d’une potentielle contamination… « Les tarifs des vols sont également dissuasifs… Et puis, il nous reste encore neuf mois de voyage, ce n’est pas négligeable… ». Certains voyageurs ont un budget prédéfini avec des vols retour non remboursables, ce qui rend, à leurs yeux, les prix des nouveaux billets élevés. « Heureusement, nous avons cinq dés donc nous pouvons jouer au Yam’s pour passer le temps !» ajoutent-t-ils.

Au coeur de ces moments de vie difficiles, quelques aspects positifs sont soulignés. La gestion de la crise par le gouvernement argentin est plusieurs fois applaudie. Les décisions ont été prises rapidement et les Argentins semblent plus enclins à les respecter que les Français. L’Ambassade de France en Argentine semble également faire un travail efficace face à l’urgence de la situation. Le confinement permet un moment privilégié hors du temps, et donne aussi la possibilité de s’adonner à des activités différentes et de prendre (ou reprendre) contact avec famille et amis. Enfin, la dimension écologique est également mise en avant, on remarque entre autres la diminution du taux de pollution liée à la baisse de l’activité mondiale. Comme l’ont conclu Léa et Josselyn, « nous pouvons trouver du positif. Les gens veulent du changement, nous pourrions profiter de cette occasion pour commencer… »

*PVT : Programme Vacances-Travail

Perrine Bontemps

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