L’eau, un bien pour la communauté

Aguas Argentinas, entreprise responsable de la concession d’eau potable et d’assainissement de la ville de Buenos Aires et de dix-huit communes de la banlieue, possède un programme de développement communautaire dirigé par Alexandre Brailowsky… Son rôle : étendre le réseau hydraulique aux populations en difficulté et mettre en place des instruments favorisant le développement durable de ces communautés.

Alexandre Brailowsky, plus connu sous le nom de Sacha, décide très tôt de son avenir : il sera médecin sans frontières. Une fois son diplôme en poche, il choisit en priorité les missions d’urgence : Angola, Somalie… Après quelques années de service exigeant, son intérêt se porte plus particulièrement sur les problèmes de développement : il part en Haiti et rejoint un programme centré sur l’eau et l’assainissement. La Banque mondiale s’intéresse à cette action et propose à Sacha de participer à l’un de ses séminaires. Il conforte à cette occasion sa conviction que la façon la plus pertinente de gérer un service public est de le confier au secteur privé…

La BID (Banque Interaméricaine pour le Développement) l’engage pour travailler un an auprès du groupe Suez qui décide de le recruter en 2000 pour le compte d’Aguas Argentinas.

En effet, le contrat de concession signé par cette entreprise en 1993 inclut l’amélioration du service d’eau potable et usée de la zone de Capitale et Grand Buenos Aires et son extension à des zones non encore desservies, dont de nombreux quartiers défavorisés, à l’urbanisation sauvage.
Sacha est responsable du programme de développement communautaire, un service de trente personnes, directement rattaché à la Direction Générale. La concession de Buenos Aires comprend la Capitale et 18 communes de la banlieue. Dans cette zone, 4 millions de personnes n’ont pas d’assainissement et 2 millions n’ont pas d’eau.
Toute la difficulté réside dans la façon d’entrer en relation avec ces personnes qui vivent généralement dans des “villas”. Amener l’eau ou l’assainissement à « Fuerte Apache » ou « La Cava » requiert du temps et des compétences. La première étape consiste à solliciter tous les partenaires concernés -mairie, régulateur (représentant de l’Etat qui contrôle la concession), tous les référents du quartier (églises, écoles…), les leaders après avoir mesuré leur légitimité, les ONG présentes- et travailler en partenariat. Selon les quartiers (il y a quarante projets en cours actuellement, d’envergures diverses), les pourparlers peuvent durer de quelques mois à deux ans.

L’implantation d’un réseau d’eau potable est toujours vécue positivement mais préparer la population à la recevoir est parfois long. Il faut, d’une part, aider la communauté à s’organiser pour demander l’exécution du projet, d’autre part, l’informer sur le déroulement des opérations et sur sa participation : la main d’œuvre sera en effet recrutée sur place, ce qui requiert une formation technique, et les habitants recevront une formation didactique afin de connaître la valeur de l’eau et savoir comment l’utiliser. Pour Sacha, c’est toute une éducation citoyenne qui se met en place à cette occasion. La communauté en sort renforcée, les institutions (mairies, pouvoirs publics) également, et leurs relations avec la population se trouvent facilitées.

La rentabilité financière et éducative d’une telle opération se mesure à terme. La communauté tout comme l’entreprise en seront bénéficiaires. Et Sacha de conclure : «que tout le monde ait de l’eau et paie selon ses moyens, c’est ça le développement ».

 

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