L’ effet K se fait sentir dans le lycée Jean Mermoz et le collège de Martínez

27Le TdU s´est réuni avec Mme Schmitt-Maas, proviseur du Lycée Jean Mermoz et M. Lopez, directeur du Collège Franco-argentin de Martinez, pour faire le point sur cette nouvelle année scolaire…

TdU : Quelle a été l’évolution des effectifs scolaires de vos établissements ?

Lopez : Cette année nos effectifs – environ 465 élèves- sont en légère augmentation par rapport à la fin de l’année dernière. Mais il faut savoir que nous avons perdu beaucoup d’élèves -plus de 100- provenant de familles d’expatriés qui habitaient dans la zone et qui sont rentrées en France suite à la crise économique.

Schmitt-Maas : La perte d’élèves des dernières années s’est stabilisée. Au mois d’octobre 2003, ils étaient 1 323 et nous avons maintenant plus de 1350 inscrits.

TdU : Quelle est la proportion d’élèves français ?

Schmitt-Maas : Il n’y a pas de grands changements concernant la proportion de Français. La crise s’est fait sentir de manière similaire sur les Français et les Argentins.

Lopez : Nous avions environ 50 % d’élèves francophones en 2002, lesquels ne représentent plus aujourd’hui que 35 % de nos effectifs. Cependant, le nombre d’élèves français a augmenté par rapport à l’année dernière. Nous en avons inscrits 15 cette année, et aucun en 2003 !

TdU : Quels sont vos projets prioritaires pour cette année scolaire ?

Lopez : Un projet biculturel et bilingue, comme dans tous les établissements de l’AEFE. Nous mettons l’accent sur le “parcours citoyen“, un travail qui se déroule de la maternelle jusqu’au collège. Ce “parcours citoyen” vise à construire l’être humain et le citoyen de demain. Nous voulons que les enfants apprennent à se respecter eux-mêmes, à respecter les autres, leur milieu et l’environnement. Nous avons aussi un projet scientifique « La main à la pâte » qui existe en France depuis 1996 et concerne l’apprentissage des sciences au travers de l’expérimentation.

Schmitt-Maas : Nous tenons à offrir aux élèves des projets scientifiques et des projets culturels. D’un côté, nous avons développé “La main à la pâte“, y compris en maternelle, où nous comptons parmi nos institutrices à Laura Pacheco, qui est la correspondante du projet pour l’ensemble de l’Argentine. D’un autre côté, nous nous efforçons de proposer des spectacles. En 2003, nous avons organisé tout un travail en collaboration avec des poètes, des sculpteurs, des gens du cirque, des membres d’associations de gauchos. Tout cela est très important pour arriver à enseigner “autrement“.

Lopez : Les projets sont développés à chaque niveau et nous essayons de les rendre toujours pluridisciplinaires. Par exemple, l’année dernière, nous avons fait paraître un article dans le journal du collège réalisé par les élèves de 3e, mettant en parallèle certaines oeuvres de Federico García Lorca et Antigone de Jean Anouilh. Nous privilégions ce type de travaux où plusieurs matières sont impliquées.

Schmitt-Maas : Nous avons considérablement développé les voyages scolaires. Nous voulons faire évoluer le voyage d’échanges de fin de seconde, car il s’agit d’une expérience très importante. Les parents d’élèves nous signalent toujours que leurs enfants changent d’attitude et de mentalité vis-à-vis de la France et de la langue française suite à ce contact direct avec le pays. Nous souhaiterions que soit incluse dans le voyage de seconde une ouverture sur la poursuite d’études en France, par le biais de visites dans des lycées pourvus de classes préparatoires et dans des universités. De plus, nous souhaiterions profiter du voyage pour organiser des rencontres avec des entreprises françaises, afin que les élèves commencent à entrer en contact avec le marché du travail, ce qui peut être un facteur très motivant pour envisager une poursuite d’études. Nous voudrions développer cette modalité aussi en Argentine, plutôt au niveau de la 3e, et allons nous mettre en chasse de partenaires -entreprises françaises ou argentines- qui accepteraient de prendre en charge des élèves du lycée.

Lopez : Grande nouveauté cette année, nous sommes en train de recruter du personnel pour assurer entre midi et 14h des activités périscolaires en langue française. Le français est souvent, dans ce type d’établissement scolaire, une langue qui est utilisée dans le contexte de la classe tandis que l’espagnol sert à communiquer. Nous essayons d’organiser des activités sportives et culturelles avec des intervenants qui dominent les deux langues, ce qui nous permet d’intensifier la pratique du français.

Schmitt-Maas : Nous allons développer tout ce qui peut être fait en français. Nous nous sommes nous aussi lancés dans le recrutement d’animateurs bilingues pour assurer les activités périscolaires et réfléchissons sur la mise en place d’une vidéothèque dotée de films français ou sous-titrés en français.

Tdu : Certains parents sont un peu inquiets par l’augmentation des prix…

Lopez : L’augmentation est due à l’augmentation des coûts dans le pays. Par exemple, celle du papier. Nous avons essayé de limiter tous les frais, mais nous vivons en Argentine et notre établissement est géré par une association à but non lucratif. Tout ce qui est encaissé est réinvesti dans l’établissement, mis à part les réserves que l’on garde en cas de problème. L´augmentation a été une nécessité. Des établissements scolaires du quartier ont du fermer leurs portes. Nous devons gérer au mieux pour que ce collège ait un budget équilibré.

Schmitt-Maas : Avant la dévaluation, le lycée coûté environ 5000 pesos/dollar par an, et nous étions parmi les plus chers du monde. Et maintenant nous faisons partie des moins chers du réseau français ! L’inflation en 2002 a été de plus de 40 % et, en faisant des prouesses et des miracles, nous avons réussi à n’augmenter que de 25%, ce qui était déjà une augmentation énorme. En 2003 l’inflation a été quasi égale à zéro, mais c’était encore un peu difficile, et donc nous nous sentons moralement autorisés à rattraper progressivement l’inflation.

TdU : Avez-vous l’impression que le profil socio-économique des familles argentines qui envoient leurs enfants au Lycée Mermoz a évolué ?

Schmitt-Maas : Oui, mais dans le bon sens. Nous sommes en général très satisfaits. Nous constatons qu’il y a moins de retards dans les paiements qu’avant la crise. Comme si les familles privilégiaient les dépenses d’éducation dans leur budget. Des familles de haut niveau culturel, qui pensent qu’il existe des valeurs culturelles et universelles à développer et font des sacrifices pour mettre leurs enfants au Lycée. Par ailleurs, la majorité des familles franco-argentines bénéficie des bourses fournies par le Consulat, couvrant dans de nombreux cas 100 % des frais de scolarité . Quant aux familles argentines en difficulté, elles peuvent avoir recours à la “Fondación Jean Mermoz” qui dispose d’un fonds à cet effet. En 2002 et 2003 nous avons considérablement augmenté les aides qui sont aujourd’hui de plus en plus conditionnées par les résultats scolaires.

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