Regards de deux étudiants français sur Buenos Aires

Dans leur pays, ils étudient à Sciences Po Lille, une école publique affiliée à l’université Lille II, accessible sur concours

NicolasBaisezLeurs études leur permettent d’approcher et de mettre en relation des champs variés tels que la vie politique, la sociologie ou encore l’Histoire.

Nicolas

“Je me suis expatrié à Buenos Aires afin de mûrir mon projet intellectuel et professionnel via l’apprentissage de l’espagnol et la découverte d’une autre culture. Malgré tout, il n’y a pas eu de choc. En ambitionnant un mode de vie occidental, Buenos Aires joue au mirage de la ressemblance avec mon pays. Mais avec le temps, j’observe de plus en plus la diversité sociale et culturelle, et un autre rapport à l’éducation et au savoir. Je suis inscrit à l’Université du Salvador, et je crois que l’une des différences de fond, en comparaison avec la France, est l’importance ici accordée au concret, à la dimension pratique de la connaissance. Les études dans mon pays privilégient le théorique et le conceptuel (peut-être même parfois jusqu’à une forme d’intellectualisme ronflant). Ce n’est pas un hasard si la France est le pays précurseur dans l’enseignement de la philosophie, qui se voit reconnaître une valeur éducative éminente durant les études secondaires. La faculté dans laquelle j’étudie à Buenos Aires est financée par des fonds privés, et dispose de moyens permettant la mise en place d’une pédagogie de qualité : petits effectifs, matériel adapté. Malgré cela, je trouve le niveau un peu juste par rapport aux moyens mis en place. Il faut bien sûr ne pas oublier que beaucoup d’étudiants travaillent en parallèle, mais l’exigence pourrait être plus grande. Je pense effectivement que l’enseignement ne privilégie pas assez l’investissement personnel…
A l’évidence, celui-ci ne saurait se nourrir de quelques lectures sur photocopies, et il est d’ailleurs à déplorer à Buenos Aires la difficulté pour un étudiant d’accéder librement aux livres. Les consultations d’ouvrages en bibliothèque nécessitent le plus souvent de montrer patte blanche et de formuler une demande préalable. J’y vois un frein à la curiosité et à la possibilité de se cultiver facilement.”

Raphaël

Parler des différences entre la France et l’Argentine (nous ne parlerons que de Buenos Aires ici) m’apparaît comme quelque chose d’étrange étant donné que ce qui nous a frappé est la similitude entre la capitale argentine et l’hexagone (et surtout Paris d’ailleurs). Je pense qu’un grand nombre de différences que l’on peut noter en Argentine peuvent aussi être remarquées entre La France et l’Espagne. Pour moi, Buenos Aires, c’est comme Madrid en plus grand, avec la culture des provinces argentines en plus. Concernant les gens, je dirais qu’ils sont plus expressifs, plus spontanés, plus bruyants qu’en France. Je pense que ces comportements sont plus hérités d’Espagne et d’Italie que d’une identité sud-américaine, car on décèle très rapidement le côté européen des gens. Il est visible que les classes aisées ont un mode de vie et une éducation plus européanisés que les classes populaires. Au-delà des façades des immeubles de type haussmannien, l’influence française se voit dans les intérieurs : dans certains appartements, j´ai réellement l’impression d’être à Paris.
D’autre part, la différence que l’on peut noter est l’écart matériel qui sépare les pauvres des riches : il est plus grand qu’en France. Et il est flagrant que, quand on observe le salaire moyen à Buenos Aires et surtout le salaire minimum, la vie y est horriblement chère. Le pouvoir d’achat moyen des Porteños est inférieur à celui des Parisiens alors que le prix du logement dans la capitale française est considéré comme astronomique.

Alina Tortosa

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