Le Musée d’Orsay a fait peau neuve

orsayLe 20 octobre dernier le public a pu redécouvrir une grande partie des chefs d’œuvre dans ce Nouvel Orsay, où près de la moitié des espaces ont été rénovés. A votre arrivée, ne cherchez pas les nouveautés dans la nef centrale. Elle n’a pas été concernée par les travaux.

Le nouvel Orsay ouvre en revanche une galerie impressionniste entièrement rénovée, une nouvelle salle d’exposition temporaire, la création de cinq niveaux entièrement consacrés aux arts décoratifs, une passerelle légère, trait d’union entre la nef et le pavillon Amont, ainsi qu’un Café absolument magnifique redésgné par les frères Campana, des brésiliens particulièrement inventifs.

Deux ans de travaux rendus indispensables par une fréquentation accrue des collections et la nécessité de mieux répartir le flux des visiteurs. Travaux encore qui ont permis de repenser, non seulement la présentation des œuvres, dont l’accrochage est réussi – aéré sans être trop minimaliste – mais aussi la logique de circulation, même si on se laisse parfois surprendre de voir certains tableaux d’un même courant accrochés ici et là en divers endroits du musée. Mais c’est un fait, on se déplace mieux à Orsay et le décloisonnement de nombreux espaces permet au promeneur de respirer. Fini cette impression de piétinement.

Il serait trop long de passer en revue tous ces travaux, mais on peut s’intéresser aux plus importants. Déjà, l’intérieur du pavillon Amont, réaménagé par l’architecte Dominique Brard et son équipe de l’atelier de L’Ile. L’ancienne salle des machines de la gare, entièrement reconstruite, a permis d’agrandir joliment les espaces d’exposition sur plusieurs niveaux, d’installer de nouveaux équipements et de créer un puits de lumière naturelle, “nouvelle génération” ; place à un éclairage artificiel sophistiqué et directionnel qui révèle certaines œuvres sous un jour nouveau.

Réaménagement des salles du 5ème par l’agence Wilmotte et associés. 2000 m2 repensés. La galerie impressionniste, l’ancienne salle des colonnes, la salle d’expositions temporaires avec ce souci de mêler présent, passé et futur : pari gagné. Place au design contemporain, créations du XXIème, dans le musée consacré à l’art du XIXème siècle. Des bancs en verre massif dessinés par le Japonais Tokujin Yoshioka nous invitent à admirer assis les œuvres impressionnistes. Des promeneurs regardent du reste cet élément du décor comme une œuvre d’art, la touchent, se penchent pour étudier son design avant de lever de nouveau le nez sur un Manet ou sur un Renoir. Sur les murs, l’utilisation de la couleur est joliment étudiée. Un gris chic et élégant. Notre regard s’intéresse à l’essentiel : les œuvres.

Du parquet chaleureux, qui remplace la pierre, en passant par l’utilisation de fonds colorés et l’abandon du blanc, tout a été calculé dans les moindres détails, et c’est à se demander si le gris sombre et raffiné des murs n’a pas été pensé pour faire écho au gris des toits de zinc de Paris, que l’on aperçoit ici et là, par les fenêtres. Au fond du Pavillon, on est attiré par un mur rouge, un rouge audacieux, tonique qui n’accueille pas de toiles, mais qui se fait œuvre, notamment vu d’en haut, en contreplongée, puisque notre regard bascule sur plusieurs étages. Vertigineux.

Le Café des Frères Campana

On s’émerveille à chaque fois que l’on lève les yeux sur la fenêtre de la belle horloge : une vraie source d’inspiration pour les designers

305 m2 totalement repensés afin de moderniser et d’augmenter sa capacité d’accueil, le Café de l’Horloge a été pensé par les brésiliens Fernando et Humberto Campana, dont les créations -toujours proches de la nature- sont fortement oniriques. Là encore, une belle façon de faire entrer le design contemporain à Orsay. S’inspirant d’Emile Gallé, les deux célèbres designers brésiliens ont imaginé une atmosphère “onirico-aquatique”, comme un hommage au grand verrier lorrain et à l’Art Nouveau. La cafétéria est plongée dans un univers marin, bleuté, des lustres dorés, un fouillis de fils dont l´orange joyeux fait écho à des chaises orange et bleu, le tout se complémentant. Fernando Campana (né en 61) a une formation d’architecte, Humberto, de 8 ans son aîné, a fait des études de droit avant de tout lâcher pour créer des objets en coquillages dans l’Etat de Bahia. Le cadet le rejoint, et de là commencera leur aventure dans le design. Ils participeront au MoMA de New York, et depuis, tout va pour le mieux pour ces designers atypiques.

Le nouvel Orsay un lieu mythique, à redécouvrir absolument !

Pétra Wauters

Musée d’Orsay 1, rue de la Légion d’Honneur – (75007) Paris.
Plus d’info

Partager sur