Elections nationales en Argentine

Après les Primaires remportées avec plus de 50% des suffrages le 14 août dernier, Cristina Fernandez de Kirchner est grande favorite pour être réélue présidente de l’argentine à l’élection présidentielle du 23 octobre prochain.

CristinaKirchner2Pour la première fois en Argentine, une consultation nationale obligatoire préliminaire s’est déroulée le 14 août dernier. Cette consultation, aux allures de Primaires simultanées pour plusieurs partis politiques, mettait en lice les prochains candidats à l’élection présidentielle du 23 octobre prochain.
En obtenant 50,24 % des suffrages, Cristina Fernandez de Kirchner, à la tête du parti Frente para la Victoria, a devancé de 38 points de pourcentages Ricardo Alfonsin arrivé second avec 12.20 % des suffrages, suivi d’Eduardo Duhalde (12.12 %)…

Tables rondes et articles de presse ont tenté d’interpréter l’apparente contradiction entre les résultats de la consultation et la perception, généralement critique, des politiques économique, financière et sociale, de l’inflation, du climat d’insécurité, du développement du commerce de la drogue, de l’impunité grandissante accordée à des personnes proches du gouvernement impliquées dans des “affaires“.
Au terme de la réflexion, le succès de Cristina Kirchner serait attribuable à des facteurs moins analytiques ; on y trouve pêle-mêle la compassion pour son veuvage, les programmes d’assistance (allocation pour enfant, retraites pour non-cotisants), le crédit à la consommation, le foot-ball télévisé pour tous, mais aussi la stabilité politique, la croissance de l’économie et le fait que l’Argentine soit encore relativement à l’abri des effets de la crise financière internationale. La répétition des discours de l’équipe présidentielle sur la qualité du “modèle” politique et économique qui permet ces largesses aura été plus efficace que les mises en garde des économistes qui augurent mal d’un futur dont les ressources légitimes (retraites, mutuelles, réserves) auraient été sacrifiées sur l’autel du court terme, d’autant qu´en cas de crise internationale durable, les cours des matières premières qui les ont alimentées pourraient s’effondrer et avec eux toute l´économie.
Mais au moment de voter nombre d’électeurs ont dû hésiter à élire un candidat de l’opposition ; politiques vieillissants, partis méconnaissables et atomisés, sans programme, sans vision, sans promesses, ni capacité ou volonté de s’associer pour former une force crédible qui pourrait résister aux coups de boutoirs habituels des forces syndicales qui seraient immanquablement lancées contre eux en cas de victoire.
Depuis ce test électoral, Cristina Kirchner a consolidé son avance en se rapprochant du monde agricole et de l’Union Industrielle qui ne lui étaient pas encore acquis et en prenant ses distances avec la CGT qui l’était trop, au gré de beaucoup.
De son côté, l’opposition ne semble pas pressée de se mettre en campagne pour la Présidence du pays. Cela peut se comprendre car la Constitution votée en 1994 prévoit qu’un candidat ayant obtenu 45 % ou plus des suffrages au premier tour (ou entre 40% et 45% des suffrages avec plus de 10 % d’écart avec le suivant) est automatiquement élu sans second tour. Même si tous les candidats de l’opposition à Cristina Kirchner décidaient de faire bloc derrière l’un d’entre eux, il est illusoire d’imaginer que celui-ci puisse empêcher la Présidente de recueillir plus de 45% des suffrages dont elle a besoin en octobre pour être élue au premier tour.

Jean-Yves Mounier

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