Barthes en images

Jeudi 3 septembre, les célébrations en l’honneur du centenaire de la naissance de Roland Barthes se sont poursuivies à l’Alliance française. Mais cette fois-ci, Jorge Caterbetti, professeur d’arts audiovisuels à l’Université de Buenos Aires et à l’Université Nationale des Arts, accompagné de ses étudiants, a fait le pari de l’image pour explorer la pensée du sémiologue français.
Jorge Caterbetti (au centre) et quelques uns de ses étudiants "barthésiens".

Jorge Caterbetti (au centre) et quelques uns de ses étudiants “barthésiens”.

Sur l’estrade, Jorge Caterbetti. Le professeur d’arts visuels a embarqué ses étudiants dans l’aventure barthésienne. Ce soir, ce sont leurs travaux que le public peut voir. Une dizaine de pièces audiovisuelles de trois à quatre minutes. A chaque fois, la tonalité est différente. Chacun a donné de sa sensibilité, de sa personnalité pour créer son film.

Le temps. Et voici des scènes de la vie quotidiennes qui se succèdent. Seules les indications temporelles permettent de les classer dans la durée. Et si le temps n’était qu’une invention de notre esprit pour organiser le monde ? Le mur. Et voilà des visages figés, fermés. Le corps. Et nous voyons une femme âgée mener une lutte perdue d’avance pour conserver sa jeunesse. L’identité. Et cette dernière se décline à l’infini sur les réseaux sociaux. L’on pourrait ajouter le cri, le regard ou l’idéogramme. Autant de titres de courts-métrages projetés dans l’auditorium de l’Alliance française. Autant de concepts barthésiens illustrés à l’aide des techniques du cinéma.

Interprétations

Ailén Saenz, en licence d’arts audiovisuels à l’Université nationale des Arts, s’est ainsi inspirée de l’arrivée de ses grands-parents dans le port de Buenos Aires depuis l’Ukraine pour réaliser l’allégorie de l’absence. “Ce court-métrage m’a demandé trois mois de travail, c’est un peu comme un autoportrait, glisse Ailén. L’influence de Barthes est bien-sûr présente, mais c’est plus comme quelque chose qui est en moi que des éléments prémédités”.

La préméditation et l’interprétation. Voilà contre quoi veut mettre en garde Barthes. Laisser parler les images et se laisser surprendre par leur sens. “Il y a de vrais signes mais de faux sentiments”, avertit Jorge Caterbetti en lisant un extrait de “La Tour Eiffel”, un ouvrage de Roland Barthes. “Dans le cinéma, la séquence n’a pas pour but la signification mais d’être épique“, poursuit-il.

Alors, la prochaine fois que vous allez dans une salle obscure, laissez vos idées de côté. Ouvrez grand les yeux et regardez, vous verrez bien ce qu’il en reste.

Simon Fontvieille

*lire aussi sur le même thème dans Le Trait d’Union

 

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