Réunion-débat avec le sénateur PS Jean-Yves Leconte

Jean-Yves Leconte, sénateur (PS)  des Français établis hors de France, était de passage à Buenos Aires cette semaine. En tournée en Amérique du Sud, le sénateur venait du Brésil et se rendra au Pérou après sa visite Argentine Cet ingénieur de formation a vécu 20 ans en Pologne avant de se lancer dans la politique. Il a été vice-président de l’Assemblée des Français à l’Etranger (AFE), puis élu sénateur (PS) en septembre 2011.

senadorleconteMercredi, à 19h30 à l’Alliance Française de Buenos Aires, il s’est exprimé à l’issue d’une réunion-débat. Jean-Yves Leconte était accompagné par Marc Jamin, conseiller consulaire, et Jérôme Guillot, représentant de l’ADFE
Le premier sujet abordé a été celui de l’avenir des relations entre le Royaume-Uni et l’Union Européenne dont le futur commercial paraît bien incertain face aux nouvelles conditions de libre-échange, directement liées au Brexit.

Selon le sénateur, le vote du Brexit est avant tout un vote d’urgence sociale, fruit d’un euroscepticisme dont les français devraient particulièrement se méfier s’ils ne veulent pas, à leur tour tomber dans le piège du populisme. Le Royaume-Uni est-il, dans cette décision, précurseur ou conservateur ? L’avenir le dira mais ce vote permet au moins de tirer quelques conclusions du bilan de l’Union Européenne à l’heure actuelle. Selon le sénateur, le déficit de légitimité dont souffre aujourd’hui l’UE ne vient pas de ses derniers élargissements mais au contraire d’un manque de courage pour aller plus loin, d’une défense d’un idéal européen qui aurait dû évoluer.

Toujours dans une optique européenne, le sénateur a ensuite proposé aux personnes présentes un éclairage sur le principe du droit d’asile dans l’Union Européenne dont la coordination dépend du régime de Dublin. Selon son principe, la responsabilité de l’examen d’une demande d’asile relève en tout premier lieu de l’État membre qui a joué le rôle le plus important dans l’entrée du demandeur sur le territoire de l’UE. Dans la plupart des cas, il s’agit de l’État membre de première entrée. Jusqu’en 2014, la Grèce et l’Italie, géographiquement très concernées par les entrées migratoires, n’enregistraient que très peu de demandes ce qui était secrètement toléré par le reste des pays. Après la montée exponentielle des flux migratoires au sein de l’UE, des moyens ont été renforcés pour régulariser la gestion administrative des demandes d’asile et la surveillance des frontières par le biais notamment de l’agence Frontex. Dans le contexte actuel de lutte antiterroriste, l’Europe se doit d’être ouverte également dans le domaine sécuritaire et ainsi de sécuriser ses frontières afin d’empêcher l’EI d’exploiter le droit d’asile et de s’infiltrer sur le territoire européen. L’Europe doit encore faire des progrès notamment en matière de confiance interétatique et d’efficacité dans la sécurisation des frontières nationales comme en témoigne l’exemple français.

Jean-Yves Leconte est ainsi revenu sur la précédente déclaration de Laurent Wauquiez qui avait réclamé la création de centres de rétention destinés à tous les détenteurs de fiches S. Selon le sénateur, cette mise en place est impossible et va à l’encontre des fondements démocratiques et constitutionnels français. Un emprisonnement systématique est synonyme d’automatisme et donc d’arbitraire. Cet emprisonnement peut donner une impression faussée de sécurité mais cet excès de zèle conduira fatalement à des dérives nouvelles à l’image du modèle autoritaire ultrasécuritaire égyptien.

Toujours dans le cadre de la lutte sécuritaire et antiterroriste, le sénateur a conclu cette réunion en rappelant la nécessité du gouvernement d’éclairer la population sur ses agissements à la fois en matière de renseignements mais également en matière d’opérations extérieures, très contestées et incomprises par la plupart des français. Le gouvernement doit apporter des réponses afin de légitimer son interventionnisme et l’efficacité de son action militaire.
Il est dommage de constater, au vu de la salle presque vide, que le rendez-vous avec le sénateur Leconte, intéressant, comme toute rencontre avec des représentants du monde politique, de quelque tendance qu’ils soient, n’ait pas motivé plus de personnes,.

Marie d’Ambra

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