Catherine Balet et Ricardo Martinez Paz revisitent l’histoire de la photographie

«Drôle», «impertinent», «historique», «intelligent»… Les adjectifs ne manquent pas pour qualifier l’exposition «Looking for the masters in Ricardo’s golden shoes» au FOLA.

Le projet prend racine en 2013, quand la Française Catherine Balet et l’Argentin Ricardo Martinez Paz, font connaissance aux rencontres photographiques d’Arles.La ressemblance entre l’exubérant Ricardo et Picasso frappe Catherine qui immortalise la scène et décide d’aller plus loin en recréant les mises en scènes des plus grandes photographies. Après deux ans et demi de recherches intensives sur toute l’histoire de la photographie du premier cliché de Robert Cornelius en 1839 à la révolution digitale d’aujourd’hui, les deux amis font paraître leur collaboration. 

Ricardo, dandy aux souliers dorés de 73 ans, apparaît ici dans le rôle de muse sous l’objectif de Catherine. Tantôt petit parisien, jeune apache ou protagoniste d’American Gothic, Ricardo se glisse dans la peau des plus célèbres portraits avec beaucoup d’esprit et sans jamais sombrer dans la parodie. Un hommage vibrant aux grands maîtres de la photographie, de Man Ray à Martin Parr, empreint d’humour. 

Les photographies ont parfois demandé un travail considérable et insoupçonné comme pour « l’hommage à Willy Ronis », avec la photo Le petit Parisien (1952). Il leur a ainsi fallu faire une baguette de 1m50, chercher des vêtements étriqués en fripe sans oublier d’ajouter les chaussures dorées. 

Au-delà de cet aspect historique, Catherine Balet interroge le rapport à l’autoportrait ou encore l’intemporalité et la mémoire.  Elle réussit le tour de force de saisir le paradoxe de notre société entre “hyper-communication” et profonde solitude, ce qu’elle avait déjà mis à jour avec ses séries Identity (2006) et Strangers in the Light (2013). Enfin elle s’interroge sur ce qui fait qu’une photo devient iconique. « Une photo iconique c’est une image qui est restée dans l’inconscient collectif. Qu’est ce qui fait qu’une photo traverse le temps ? C’est un peu mystérieux… c’est une question que j’explore avec cette série » déclare t-elle au micro de France Inter.

Pour son galeriste Thierry Bigaignon, ce travail est particulièrement intéressant car il s’inscrit dans une réflexion profonde: « Son approche anthropologique, la rigueur et la précision dont elle fait preuve, tout comme la tendresse et l’humour qui se dégagent de ce travail, font de cette exposition un must absolu pour tout amateur de photographie ».

Notre avis : une exposition franco-argentine à ne pas manquer, pour les amateurs de photographie comme pour les néophytes. 

L’exposition Looking for the masters in Ricardo´s golden shoes  est à voir au FOLA du 18 octobre au 1er mars, du lundi au dimanche de midi à 20h. Godoy Cruz 2626 (1er étage), Distrito Arcos, Palermo Buenos Aires, Argentina. Entrée : $100 – tarif spécial le lundi $50 .

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