#Je reste à la maison

JOUR 28 – Confiné je suis, confiné je lis. Tout ce qui me tombe sous la main. Depuis ma tablette jusqu’à mon livre électronique, en passant par l’ordinateur.

Confiné je suis, confiné je lis. Tout ce qui me tombe sous la main. Depuis ma tablette jusqu’à mon livre électronique, en passant par l’ordinateur. Tout y passe : articles de presse, romans, polars… Pendant mes lectures, je sors des murs qui m’enserrent, je m’évade, bien que la lecture des journaux me ramène très vite à une triste réalité. L’avantage du numérique est que tout se trouve à portée de main, chez soi, plus besoin de sortir. Sans en être vraiment conscients, nous participons, innocemment, à cette révolution médiatique qui nous met le monde à portée de doigt. Un point pour la mondialisation, donc.

Je lisais un article du Monde sur la star du moment et des conséquences de son apparition soudaine et pas vraiment désirée dans notre vie quotidienne. La plupart des pays étant touchés, des mesures sanitaires furent prises avec plus ou moins de rapidité et d’efficacité. Lorsqu’elles sont appliquées, les règles sont à peu près les mêmes partout, même si certains pays tiennent à garder quelques originalités bien propres à leur idiosyncrasie. En voici quelques exemples édifiants.

Prenons la France par exemple : fermeture totale des magasins dit non-essentiels. Bigre ! Voici une mesure draconienne ! « Essentiels », sont les commerces dont la fermeture pourrait provoquer une rupture vitale dans le fonctionnement de notre société, comme par exemple une pharmacie ou les commerces d’alimentation… Comme les cavistes qui semblent avoir été également inclus dans cette catégorie. Que diantre ! Comment, en France, ne pas considérer le vin comme un moyen d’alimentation absolument indispensable ?

Surtout par les temps qui courent ! Il faut boire pour oublier…

En Autriche, la période de confinement a été très stricte et fort respectée semble-t-il puisque ce pays, à l’heure où j’écris ces lignes, est déjà en période de déconfinement. Toutefois, les écologistes avaient obtenu de haute lutte la possibilité pour les Viennois de se promener dans les parcs car, je cite le ministre de la santé, « les gens ont besoin de quelque chose pour respirer. » Ce qui veut laisser entendre que l’air était irrespirable à la maison ; au sens figuré sans doute.

On conseille toutefois de sortir avec son mètre puisque les distances de précaution se doivent d’être respectées.

Aux Pays Bas, la polémique a tourné autour des coffee-shops dont la fermeture avait été raisonnablement décidée. Et pour cause : le café, boisson essentielle… Que nenni ! il a finalement fallu faire machine (je n’oserai pas dire à café) arrière. Il faut savoir que ces magasins non seulement proposent des boissons chaudes anodines et au fumet délicat mais fournissent également un autre type de produit dont la fumée, cette fois, s’inhale : il s’agit du cannabis. Or, pour éviter la résurgence du trafic de drogue, leur réouverture a été jugée plus prudente. La Californie a pris la même et sage décision. Selon le département de la santé publique de San Francisco, « le cannabis est un médicament essentiel pour de nombreux habitants ».

Comme le vin, pour nous.

Heureusement, les Néerlandais ont décidé de fermer les maisons closes. (Bel oxymore tout de même que d’imaginer des maisons closes ouvertes !) Il faut dire qu’avec les règles sanitaires en vigueur, les ébats qui y règnent auraient été singulièrement compliqués. Pas de consommation sur place donc, ni, contrairement à la vente de cannabis, la possibilité d’acheter et d’emporter chez soi. En effet, ce choix d’achat pourrait créer un climat orageux à la maison, rendant l’air irrespirable sans doute et, comme les parcs ne sont pas ouverts aux Pays Bas, comme en Autriche, on comprend la sage décision des autorités néerlandaises. Alors qu’avec le cannabis parfumant la pièce confinée, la respiration devient …zen. Plus besoin de sortir, on plane, on se promène, on voyage perpétuellement.

Nos amis belges subissent un très lourd tribut à la pandémie. Rappelons au passage que la Belgique, et c’est tout à son honneur, est un des pays les plus transparents quant au chiffrage des victimes de cette maladie. Le confinement y est bien évidemment à l’ordre du jour car seuls restent ouverts les magasins essentiels dont font partie… les salons de coiffure. On croit rêver. Mais rassurez-vous, seule ne pourra entrer dans le salon, qu’une personne à la fois, —rajoutons toutefois la présence du coiffeur— afin de se conformer aux distances de sécurité. Qu’il faudra bien sûr respecter pour la coupe de cheveux.

Le pompon, si l’on peut dire, vient de la Pologne. On sait que là, l’Eglise catholique a toujours une influence prépondérante dans la vie de la société polonaise. A l’annonce de la fermeture des lieux publics, branle-bas de combat dans les presbytères et les sacristies : « De la même façon que les hôpitaux soignent les maladies du corps, les églises servent, entre autres, à soigner les maladies de l’âme. C’est pourquoi il est inimaginable que nous ne puissions prier dans nos églises ». Ces propos lumineux et péremptoires ont été tenus par l’archevêque Stanislas Gadecki, président de la Conférence épiscopale polonaise, désobéissant aux consignes claires et sages du pape François préconisant la suspension des cérémonies religieuses. Stanislas a raison : ces rassemblements proposent une nourriture spirituelle donc a priori sans danger. Surtout au moment de la communion où l’hostie passe de doigt en doigt avant d’être mise en bouche et lors de l’échange de la paix où tout le monde s’embrasse et se serre la main à qui mieux mieux.

Allez demander aux habitants de Mulhouse et de ses environs ce qu’ils en pensent…

(A suivre)

Pierre Leheup

Photo : Susana Bravo

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