Hommage à Samuel Paty

La direction et toute la communauté scolaire du lycée Franco-Argentin “Jean Mermoz” profondément émues par l’atroce assassinat du professeur Samuel Paty, survenu le 16 octobre dernier à Conflans-Sainte-Honorine, en banlieue parisienne, s’unissent pour saluer sa mémoire.

Un hommage lui sera rendu par élèves et professeurs dans les classes du secondaire le mercredi 21 et les jours qui suivront selon les cours virtuels programmés.

Nous reproduisons ci-dessous la lettre éloquente, rédigée par les enseignants d’histoire et de géographie du lycée :

« Estimados,

Vendredi en fin d’après-midi, Samuel Paty, professeur d’histoire géographie, a été assassiné à proximité de son collège de Conflans-Sainte-Honorine. Au-delà de la mise en scène macabre de ce meurtre, la première chose que nous voudrions souligner, c’est que notre collègue est mort simplement parce qu’il avait fait son travail : contribuer à construire des citoyens libres penseurs et cela dans un monde qui semble s’éloigner chaque jour davantage, des fondamentaux qui constituent son propre contrat social. Notre collègue a été assassiné, car il avait l’ambition de faire penser ses élèves, de les amener à questionner les dogmes et les vérités toutes faites, qui nous le savons tous, sont toujours totalitaires. Notre collègue a été assassiné, sans même avoir conscience qu’il risquait sa vie, parce que pour lui, comme pour nous tous, enseigner, c’est avant tout libérer et que la liberté, c’est tout le contraire du néant dans lequel l’a précipité l’obscurantisme. Notre collègue n’est pas, juste une victime de plus du terrorisme. Avec lui disparaît une part de nous même, car vendredi soir quelqu’un a cherché à nous tuer tous, en tuant l’école, à l’instar de ceux qui en voulant faire disparaître un journal, ont assassiné ses journalistes. Après la sidération provoquée par ce crime odieux, que pouvons-nous faire ? Que devons-nous faire ? Il semble si difficile de répondre humainement à l’inhumain en trouvant des réponses qui refusent de se perdre sur les chemins de la haine et de l’exclusion. C’est pourquoi, nous pensons, que la société doit dire très fort, que personne ne parviendra à faire taire l’école, que personne ne pourra la décapiter et notre devoir est d’affirmer, que nous allons continuer à faire notre travail, celui de Samuel. Notre émotion est profonde et nos blessures béantes, mais nous disposons d’une arme contre l’horreur, plus forte et plus tranchante que tous les couteaux. Cette arme, c’est faire ce que nous faisons tous les jours : éduquer, libérer, éclairer, permettre de penser, argumenter, critiquer, bref d’enseigner. Notre arme, c’est l’école, laïque, universelle et républicaine. Celle qui reçoit et protège, ceux qui croient comme ceux qui ne croient pas, celle qui enseigne que notre bien commun, celui auquel nous ne pourrons jamais renoncer, c’est la liberté dans toutes ses expressions et toutes ses acceptions. Aujourd’hui, si notre peine et notre colère sont immenses, pour notre collègue, pour sa famille, mais aussi pour nous tous, nous disons avec force que nous continuerons à travailler pour faire de l’école un espace de tolérance, de liberté et de lumière.

Les professeurs d’histoire géographie du lycée franco argentino Jean Mermoz »

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