Et pendant ce temps, le confinement…

Nous avons posé trois questions à des membres de notre communauté qui vivent le confinement en Argentine.

Lu Dolaé (Buenos Aires)

Lu Dolae est guitariste et arrangeuse spécialisée dans le tango et le folklore argentins. Elle est arrivée à Buenos Aires en 2013. Lu, en plus de ses nombreux concerts, donne également des cours de tango et de folklore. Elle a enregistré trois disques : Tangos, Slams et Coplas avec le poète argentin Miguel Angel Sevilla, Septiembre avec le duo F’L de musique française et argentine avec la guitariste Floriane Charles et enfin 42, avec le Cuarteto 42. Actuellement, elle intègre les duos Agua de Lumbre avec la chanteuse Patricia Morra, et A Contramano, un duo de guitares avec Hernan Mansilla. Lu joue dans le groupe de folklore Atún Killa.

Peux-tu nous dire comment tu vis le confinement ?

Je suis en confinement à Buenos Aires à Almagro. J’y vis depuis plusieurs années. Dans mon immeuble et mon quartier, les gens communiquent entre eux et s’entraident beaucoup. C’est très important pour moi de savoir que j’ai tout près des personnes sur qui compter.

J’ai mal vécu la première semaine de confinement où j’ai été assez choquée de ce qu’allait impliquer toute cette crise pour nos sociétés. L’annulation de nombreux concerts et de tournées en Europe et en Argentine prévus pour 2020 furent pour moi une grosse déception.

Après, je me suis adaptée : zoom avec les membres de mes différents projets musicaux, avec mes élèves. Ça fonctionne bien et je travaille beaucoup. J’ai aussi vu l’opportunité pour moi d’un temps libéré pour étudier.

En mai, grâce à l’initiative de Rolando Carrasco Segovia, un ami guitariste qui vit à Lima, j’ai joué dans un premier concert virtuel Matria en el Folklore de Peru y Argentina, puis un second en juin avec la chanteuse Patricia Morra que j’accompagne dans Agua de Lumbre. Ça m’a beaucoup remotivée et ça a bien fonctionné.

Je garde beaucoup le contact avec ma famille. Je suis les médias argentins et français. J’ai été assez surprise des différences de gestion de la crise entre un pays et un autre mais contente et rassurée des mesures prises par le président Alberto Fernandez.

Quels sont tes projets une fois la crise passée ?

Une fois la crise passée, la première chose va être l’enregistrement d’un disque, A CONTRAMANO (duo de guitare Tango) qui était prévu pour avril et la reprogrammation des tournées musicales : je suis assez inquiète car la crise porte un coup très dur aux espaces culturels et salles de spectacles, surtout en Argentine où la situation était déjà compliquée économiquement avant la pandémie.

A n’en pas douter, cette période que nous vivons est hors du commun.  Beaucoup considèrent que le monde d’ « avant » ne pourra plus être le même lorsque cette crise sera passée. Qu’espères-tu de ce monde de l’ « après » ?

On est en train de vivre une crise au moins équivalente à celle de 1929, et il y a une montée de l’extrême droite et du nationalisme. Les nouvelles technologies et les modalités du travail virtuel peuvent aider ce monde d’après mais peuvent aussi creuser les inégalités pour ceux qui n’y ont pas accès. J’espère un monde « d’après » pacifiste, respectueux de l’environnement et plus égalitaire.

Voir :

Le site Agua de Lumbre où vous pourrez écouter quelques thèmes interprétés par le duo.

https://www.aguadelumbre.site/

 

Propos recueillis par Jérôme Guillot

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