Les descendants d’Aimé Bonpland

Autant, après de nombreuses recherches, les connaissances sur Aimé Bonpland sont importantes, autant il est plus malaisé de retracer l’histoire de sa famille en Argentine.

Elle s’explique en partie par l’impressionnante quantité de descendants du vénérable botaniste. Un énorme travail de recherche effectué par Carlos « Cato » Bonpland et Jorge Amado Lopez, issus de la cinquième génération, a permis la réalisation d’un arbre généalogique de la famille Bonpland.

Aimé était arrivé en Argentine en 1817[1] avec sa compagne, Adeline Delahaye elle-même accompagnée de sa fille[2] et qui regagnera plus tard la France. Sur le tard, il prendra Victoriana Cristaldo pour épouse et acquit la paternité à un âge fort avancé puisque lorsque naît Carmen (1843-1928), il a atteint l’âge, fort respectable pour l’époque, de soixante-dix ans.

A sa mort, le 11 mars 1858, il laissera trois enfants : Carmen, Amado Bonpland (1845-1921) que l’on surnommera Amadito afin de ne pas générer de confusion avec son père et Anastasio Bonpland (1847-?).

On le sait, Aimé, botaniste renommé, collecteur infatigable d’espèces nouvelles, s’intéressa de près à l’amélioration et la reproduction des plantes. Un véritable semeur de graines. Les deux garçons d’Aimé ont sans doute gardé une partie de l’héritage génétique de leur père. Mais, contrairement à lui, c’est dans leur descendance qu’ils multiplieront la reproduction plutôt que dans la botanique. Marié avec Encarnacion Ramirez, Amado sera le père de dix enfants nés entre 1874 et 1893. Marié deux fois, le benjamin Anastasio réalisera la même prouesse que son frère avec dix enfants également alors que Carmen, de son côté, bien que mariée semble-t-il deux fois, sera beaucoup plus sage puisqu’elle ne sera la mère que d’un garçon et d’une fille. Mort en 1858, l’âge avancé d’Aimé Bonpland ne lui aura donc pas permis d’avoir la possibilité de profiter de ses vingt-deux petits-enfants. Bien que légèrement moins prolifiques, certains d’entre eux ne furent pas en reste : Elisa Bonpland fille d’Amado II (donc le fils d’Aimé) n’eut pas moins de cinq enfants. Quant à Marcos Bonpland, fils d’Anastasio, il fut le père de neuf enfants.

Avec une telle descendance, l’élaboration d’un arbre généalogique relevait de la gageure. C’est pourtant ce à quoi s’attelèrent des membres de l’actuelle avant-dernière génération d’Aimé Bonpland dans le but de retrouver des membres de la famille et de laisser ces traces aux générations suivantes. Ils aboutirent à une structure gigantesque qui reste d’ailleurs incomplète du fait qu’il n’a pas été possible de retrouver tout le monde.

Il serait bien sûr fastidieux d’énumérer les noms de toutes les personnes descendants de d’Aimé Bonpland. Un article sur le Trait d’Union n’y suffirait pas. On s’attachera donc à quelques détails parfois cocasses.

Anecdote amusante, en honneur à leur patriarche, de nombreux enfants se firent appeler Amado obligeant une numérotation rigoureuse afin de ne pas mélanger les différentes personnalités. C’est ainsi qu’on retrouve Aimé Bonpland, bien sûr, mais aussi son premier fils Aimé (Amado en espagnol) surnommé, on l’a vu, Amadito. Les huitième et neuvième enfants de ce dernier prendront aussi le prénom d’Amado mais heureusement devancé respectivement par un Jorge et un Amelino bienvenus.

Arnulfo Amado Bonpland dit « Tito » et fils d’Amado III eut la bonne idée d’appeler son premier fils, Raul Amado et ce dernier, pour ne pas être en reste, perpétuera la tradition en nommant son fils par le même nom, Raul Amado.

Tout cela serait assez compréhensible si n’apparaissait pas un Amado arrière-petit-fils de Carmen, un autre Antonio Amado issu de la cinquième génération, et un Amado tout court pour la suivante. Enfin, Carmen Bonpland, petite fille de… Carmen perpétua la tradition en prénommant Juan Amado son premier garçon puis sa fille Carmen, quatrième enfant de la progéniture.

Pour ne pas être en reste, il y eut aussi des unions entre cousins. Dans la branche du second fils d’Aimé, son arrière-petit-enfant Arnaldo Amado Bonpland, fils de Juan Amado (dit aussi Amado III), se mariera avec Luisa Georgina Lopez Bonpland (1920-1985), la fille de Georgina Bonpland.

Il y eut aussi une autre union mais non célébrée par un mariage. Richard Jose Lopez Bonpland, fils de Georgina Bonpland, et Maria de las Mercedes fille, d’Avelino Bonpland (petit-fils d’Aimé) eurent une fille qu’ils appelèrent Myriam.

En règle générale, la branche Anastasio Bonpland restera dans les environs de Paso de los Libres. Les héritiers se partageront les terres du chef de famille pour se spécialiser dans l’élevage, alors que celle d’Amado, surnommée la branche « voyageuse » se répandit sur le territoire argentin : Rosario, Entre Rios et Buenos Aires.

On pourrait penser que les liens entre les membres de la famille eussent tendance à se distendre vu le nombre de descendants, l’éloignement géographique et les marques du temps. Néanmoins, le souvenir de l’illustre aïeul reste très présent. C’est ainsi qu’autour des années 2000, un grand repas regroupant cent cinquante membres de la tribu Bonpland fut organisé dans la maison de Santa Ana qu’Aimé occupa jadis. Preuve s’il en est du lien qui les unit tous.

Certains descendants de la famille connurent une certaine célébrité. C’est ainsi que Pompeyo Bonpland fut un médecin très renommé à Rosario. Benjamin Bonpland devint le maire de la ville de Mercedes (Corrientes) et Arturo Frêche, fils de Zoraida, fut le maire de Paso de los Libres, là où repose Aimé, puis ministre de l’économie de la province de Corrientes. Plus près de nous, Viviana Bonpland, avocate, représentant déjà la sixième génération, travaille au Ministère de la santé argentin et sa sœur Gabriela Bonpland, biologiste reconnue, a étudié et combattu le mal dit de la « mouche méditerranéenne des fruits » qui ravage de nombreuses cultures fruitières. D’autres sont devenus aviateurs, écrivains, hommes d’affaires.

La descendance d’Aimé Bonpland est parfaitement intégrée à la vie argentine. Des racines françaises de la famille, il ne reste que le souvenir orgueilleux d’avoir pour patriarche un homme au destin singulier, auteur de recherches passionnées, de découvertes de premier ordre mais dont, paradoxalement, la postérité ne prend pas réellement la mesure.

J.Guillot[3]

[1]Voir l’article sur Aimé Bonpland dans le Trait d’Union: Aimé Bonpland, cet illustre inconnu :

https://www.traitdunion.com.ar/2022/09/23/aime-bonpland-cet-illustre-inconnu/

[2] Selon des sources généalogiques. D’autres articles bibliographiques indiquent, sans doute pas erreur, qu’il s’agissait de sa première épouse.

[3] Un grand merci à Cato Bonpland sans lequel cet article n’aurait pas existé.

 


 

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