La Galerie Güemes : un voyage dans le temps et au-dessus des nuages

La Galerie Güemes est présentée comme un incontournable du micro Centro pourtant lorsque l’on s’avance dans la rue piétonne Florida, au milieu des boutiques de souvenirs, des changeurs illégaux et que l’on observe cet édifice, l’avis est mitigé, l’émerveillement n’est pas celui attendu. A ce moment faut-il rebrousser chemin ou s’engager dans ce passage ?

La réponse est évidente, la curiosité doit prendre le pas malgré l’aspect rebutant de l’enseigne Starbucks qui une nouvelle fois envahit des lieux avec un patrimoine historique, ou encore des structures en plein milieu de l’allée centrale qui imitent avec des matériaux bien éloignés du marbre l’architecture du bâtiment. Le rajout de ces magasins dans le passage d’une certaine manière coupe la perspective recherchée par l’architecte turinois Francesco Gianotti, En se dirigeant vers l’entrée Torre Mitre, si on lève les yeux on découvre la coupole, lumineuse, d’une circonférence importante et à la hauteur déconcertante. Elle est un indice sur les ambitions d’Emilio San Miguel et David Ovejero lorsqu’ils conçoivent cet édifice. Plus précisément ils veulent s’inscrire dans une démarche de renouveau, c’est pourquoi la galerie est l’un des premiers gratte-ciels de Buenos Aires en 1915. Les ascenseurs sont donc indissociables d’un bâtiment qui s’élève à 87 mètres de hauteur dans une époque marquée par la modernité après la seconde révolution industrielle. S’envoler et découvrir la skyline porteña c’est possible grâce à un mirador au sommet de la tour. Le belvédère fait de cuivre et de pierre est ravissant, cependant c’est le point de vue qui coupe le souffle du visiteur. Le paysage urbain est sublime, de plus on peut y admirer le Río de la Plata qui se dessine derrière les immeubles de Puerto Madero. Cette prise de vue est un cadeau pour se rendre compte de la verticalité de la ville, de la structure des quartiers de la capitale. Les grues sont le signe d’une capitale qui se transforme et c’est pourquoi il est nécessaire d’aller profiter de ce belvédère puisque le spectacle qui s’offre aux curieux est sans cesse en mutation.

La Galerie Güemes ne vous a pas conté tous ses secrets si vous vous arrêtez là. C’est au sixième étage qu’Antoine de Saint-Exupéry l’écrivain, reporter et aviateur français va, entre 1929 et 1931, élire domicile dans un appartement aujourd’hui fermé à la visite. Il est possible d’y observer la baignoire dans laquelle il avait accueilli un bébé phoque et cela ravive des souvenirs ancrés dans nos imaginations. Et c’est en Argentine que l’imaginaire du lyonnais s’est développé, il y a trouvé des inspirations auprès de sa femme : Consuelo Suncin, qu’il rencontre dans la métropole, mais également auprès de deux petites filles avec lesquelles il échange à Concordia, ces dernières l’auraient inspiré pour son ouvrage Le Petit Prince. Le livre qu’il écrit lorsqu’il vit dans le micro Centro est Vol de nuit paru en 1931. Dans l’ouvrage le personnage principal veut prouver que l’avion est plus efficace que le train pour transporter le courrier entre la capitale et la Patagonie. Durant ses années argentines Antoine de Saint-Exupéry rejoint une ligne de l’Aéropostale, il tente d’en améliorer la distribution du courrier entre le sud du pays et la province de Buenos Aires. L’ancienne Latécoère ne lui était pas inconnue puisqu’il l’avait intégrée à Toulouse en 1926.  Terre des Hommes est publié bien après son retour du pays, dédié à Henri Guillaumet, un chapitre aborde la recherche de son ami après un accident de vol dans la Cordillère des Andes près de Mendoza.

Pour ce retour dans l’histoire porteña et dans les pages les plus mythiques de la littérature, une promenade dans la Galerie Güemes et la Torre Mitre est un vrai trésor que chacun doit découvrir.

Thomas Bernardon

Crédit photos Thomas Bernardon


 

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