Un remarquable travail de recherche généalogique…

À la recherche de l’origine de son nom, Fabian Walter Basconnet a entrepris un long et méticuleux travail d’investigation sur les pas de ses ancêtres.

Il a scruté les cartes, voyagé, consulté des livres d’histoire et inspecté de nombreux documents en France et en Argentine, avec la curiosité d’un détective, la passion d’un historien et l’expertise d’un chercheur. Fabian a réuni une masse considérable d’informations qu’il a généreusement partagé avec Trait-d’Union, ce dont notre publication l’en remercie tout particulièrement.

Voici, ci-après un extrait de son récit à la première personne.

“Les Basconnet” : le nom et les prénoms…

Basconner, Basconet, Basconé, Basconne, Baccone, Bacoune, Vasconné, Vasconnet, Bacougne, Baconnais, Bacounaix…Le nom de notre famille a souffert différentes modifications selon les époques, selon la transcription des documents émis en différentes langues par les fonctionnaires des régions et des pays où mes ancêtres ont déambulé. Dans ma quête, outre ces variations dans l’écriture du patronyme, une tradition a rendu encore plus difficile ma tâche : la coutume de donner aux enfants les mêmes prénoms que ceux de leurs parents et de leurs grands-parents et plus encore, plusieurs frères pouvaient partager le même prénom. C’est ainsi que l’on trouve trois générations de Jean Basconnet, suivie de quatre générations de Pierre Basconnet par exemple. Pour les différencier on les numérotait ou bien on changeait leur prénom par celui de baptême ou celui d’usage quotidien : ainsi Pierre IV est devenu “Augustin”.

C’est autour de l’an 1000 que l’on commence à utiliser un nom de famille. C’est donc au Moyen Age que notre famille reçoit un patronyme dérivé de “bacon”, lard en anglais, “bacoun” en occitan :  le baconnet désignait le vendeur de lard et de viande de porc fumée, aujourd’hui le charcutier. Mais selon le glossaire archéologique du Moyen Age de A. Guy que j’ai consulté, le baconnet désignait également, une sorte de pèlerine pour enfants pourvue ou non de capuche et boutonnée devant et sur les côtés dont la taille se déduisait au nombre de peaux employées à la confection de sa doublure. C’est ainsi qu’un “baconnet” comportait 100 ventres, il m’a été impossible de savoir de quels animaux.

D’où venait la famille ?

Pierre Baconnet, le “s” du nom manque dans les registres français (ce serait Pierre III en ligne de succession), mon arrière-arrière-grand-père, naît le 9 décembre 1848 à Saint Crépin de Richemont, il se marie avec Catherine de Roche (3/1/1851); tous deux sont originaires du département de la Dordogne, en Périgord, ce sont donc des périgourdins et ce sont eux qui quitteront la France pour venir en Argentine.

 

 

J’ai visité Saint Crépin de Richemont et j’y ai trouvé des actes de naissance, de mariage et de décès de la famille. Le point de départ de mon arbre généalogique commence avec l’enregistrement de la naissance de Jean Bacoun en 1697.

Saint Crépin de Richemont. (Photo Fabian Basconnet, août 2022)

En suivant la piste tracée par les documents j’ai pu repérer les déplacements des Basconnet du XVIIIe au XIXe siècle, toujours en Dordogne, probablement dans une quête d’améliorations de leurs conditions de travail, ou selon les compositions et recompositions familiales. Ils sont ainsi passés par La Gonterie Boulouneix, Mareuil, Leguillac de Cercles, Verteillac, Cercles, Riberac, Celles. Le dernier village où ils habitent avant de quitter la France définitivement, est Quinsac.

Pierre et Catherine arrivent en Argentine en 1889, on ignore sur quel bateau ils ont voyagé, accompagnés par trois des huit enfants qu’ils ont eus, les cinq manquants sont décédés avant que la famille ne décide d’émigrer ; Pierre IV, le fils aîné, surnommé Augustin est né le 2 décembre 1872 à La Chillaudie à Verteillac, c’est mon arrière-grand-père, Jean, naît le 4 avril 1881 à Cercles et Felix Augustin, à Celles le 26 juin 1886. C’est en Argentine, que naissent les deux filles Zaida en 1890 et Charlotte, en 1895.

La famille s’installe à Rosario

J’ai trouvé dans les recensements argentins de 1895 que Pierre IV Basconnet avait quitté Santa Fe et résidait désormais à Renca une petite localité du département de Chacabuco dans la province de San Luis. Il a été recensé avec son prénom de baptême, en espagnol : Agustín. Il avait 24 ans, était célibataire, savait lire et écrire, il était tailleur.

Dans ce même recensement de 1895 mais à Rosario, j’ai retrouvé le reste de la famille : Zaida 5 ans, sa petite sœur “Carlota de 4 mois. Jean (Juan) 12 ans travaille déjà et son frère Félix Augustin, 7 ans, est recensé comme Agustin. Pierre III, le père, 47 ans, enregistré avec son prénom en espagnol “Pedro”, et son patronyme Basconnet transcrit comme le censeur l’a entendu prononcer en français : “Vasconné” avec un “v” et un “é” car le “t” en français ne se prononce pas. Catherine Roche la femme de Pierre III, 44 ans, fut, elle, recensée comme Catalina Rosse, car le censeur a entendu le “ch” prononce comme “sh”. Le ménage ne sait ni lire ni écrire, tous leurs enfants sont, par contre eux, alphabétisés. Pierre III déclare travailler comme fondeur et Jean, comme peintre

Dans un prélèvement ultérieur de 1898 cette fois de matriculations professionnelles de Rosario, on trouve à la date du 10 septembre 1898 : Pedro Basconnet, matricule Nro 4291, chauffeur, arrivé au pays en 1889, et habitant au 957, rue Paraguay à Rosario, et à la même date, Jean Basconnet, matricule Nro 4292, même domicile et même activité que le précédent.

L’aînée des filles Zaida, fait des études et devient enseignante nationale diplômée, elle exerce d’abord à Reca, province de San Luis. Elle se marie avec Juan Alonso Espinosa, enseignant également. Le ménage exercera à Cipolletti, province de Rio Negro. Actuellement deux rues de Cipolletti portent leurs noms, un hommage de la communauté à leur dévouement comme éducateurs : la rue « Maestro Don Juan Espinosa » et tout près, la rue “Zaida Basconnet”.

Pierre IV, ou Augustin se marie en 1900 avec Hermelinda Quiroga Albornos (Quiroga est un nom de famille très lié depuis le XVIe siècle à la conquête de l’Amérique, plus précisément à la colonisation de Cuyo par les Espagnols provenant du Chili, appelée, à l’époque, Capitainerie générale du Chili. La famille Quiroga s’établit dans la “Vallée Fertile” dans le “Corregimiento de Cuyo”, dépendant de la Capitainerie Générale du Chili, avec comme capitale San Juan, bien avant que l’Argentine ne soit devenue un pays et San Juan l’une de ses provinces. La famille était apparentée à Domingo Faustino Quiroga Sarmiento, Facundo Quiroga, Juan Bautista Bustos et le colonel Pringles parmi les personnalités de l’époque. Augustin aurait reçu des terres héritées par sa femme et s’établit à San Luis. J’ai retrouvé son nom : Augustin Basconnet, dans le guide général de “estancieros” de 1912 de Renca et San Pablo, deux localités proches de la Province de San Luis où figurent les noms des propriétaires terriens de la région.


Un des nombreux enfants du ménage de Pierre IV et d’Hermelinda est Romeo Basconnet, mon grand-père.

Romeo Basconnet se marie avec Cilvestra Campos Arce et s’établit à Rio Cuarto, Córdoba.

Ils ont deux enfants : Juan Alonso mon père et une fille Lila Zaida, ma tante.

 

 

 

 

En 1962, mon père Juan Alonso Basconnet épouse Rosa Garcia Alvarez, ma mère, à Buenos Aires… je suis né en 1964 et me suis marié à mon tour en 2023 avec Alejandro Eduardo Nodar.

 

 

Épilogue

Monument aux morts de Quinsac (Photo Fabian Walter Basconnet)

J’ai retrouvé également le nom Basconnet sur les monuments aux morts de la première guerre mondiale.

Puis le nom du caporal Jean Basconnet (cousin de Pierre III), tué le 25 septembre 1945, à Thélus, Pas de Calais, lors de la troisième bataille de l’Artois.

 

Père Lachaise, Paris, Franc

J’ai trouvé son nom gravé dans la pierre du monument aux morts du village de Quinsac. Il est également gravé avec 579.606 autres noms sur l’acier de l’anneau de Notre-Dame-de-Lorette, la plus grande nécropole de France, et dans la pierre des plaques qui entourent les murs extérieurs du cimetière du Père Lachaise à Paris, plaques placées lors de la commémoration du centenaire de l’armistice, le 11 novembre 2018.

Ces reconnaissances à des membres de ma famille qui ont donné leur vie pour leur pays me remplissent d’orgueil et d’émotion”.

 

 

Transcription et résumé de Patricia Pellegrini


 

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