La French Tech Argentine, l’écosystème digital à la française

Trait-d’Union a rencontré Emmanuel Richard, actuel président de la FrenchTech Argentine. Emmanuel, président et Audrey Lang vice-présidente, ont été élus par la communauté d’entreprises technologiques françaises en Argentine, en octobre dernier.

Français, Emmanuel a fait des études commerciales sanctionnées par un diplôme européen en marketing international ; il a commencé sa carrière professionnelle chez Phillips en Europe, dans la tech et l’innovation, puis en 2004 a débarqué à Buenos Aires ou il a développé ses propres compagnies : une société française de sécurité (Deveryware Latam ) et avec des amis argentins une société dans le cloud (FUSION IT).

Emmanuel est un fanatique de l’Argentine et l’exprime ainsi « Personnellement j’aime l’Argentine. C’est un pays où si tu as une bonne idée, du courage et tu travailles, tu arriveras à réussir ! »

TdU: Pouvez-vous nous dire quelques mots de la French tech ?

Lancée en France par le président Macron en 2017, « La French Tech Paris » est un écosystème unique qui regroupe des compagnies liées au numérique, à l’innovation technologique, des start-ups, mais aussi des investisseurs, des décideurs et des community builders. L’un de ses premiers objectifs était de recenser et regrouper les différentes sociétés technologiques en France, puis à l’étranger. La French Tech s’est transformée aujourd’hui en une institution internationale adossée au ministère de l’Économie et des finances, mais qui ne reçoit aucune subvention de l’état.

Sa mission : faire de la France un des pays les plus attractifs au monde pour les start-ups qui veulent débuter, partir à la conquête des marchés internationaux et bâtir un avenir qui ait du sens, en s’appuyant sur trois axes : l’énergie renouvelable (la Green tech), l’inclusion digitale et les crypto monnaies.

Le réseau :  Station F, est devenu le plus grand campus ou communauté de start-ups au monde. On en compte plus de 1500 liées à la tech aptes à bénéficier de crédits français et européens pour la recherche et le développement.

Quant à la French Tech Argentine, nous conformons une association “de hecho” qui avec l’appui de la CCIFA va bientôt pouvoir inscrire l’association à l’IGJ* et devenir une association de droit privé argentin. Nous avons récemment renouvelé notre marque ; la FrenchTech Argentine est de plein droit un chapitre de French Tech Global.

Notre but est d’identifier les sociétés argentines, les startups, les licornes et les aider à venir s’installer en France, leur ouvrir les portes de l’UE, plus particulièrement de pays comme l’Espagne et l’Italie (pour des raisons historiques et linguistiques).

Nous voulons connecter les acteurs du numérique, favoriser les synergies, favoriser la croissance des start-ups, offrir les meilleurs services et technologies de l’information.

Emmanuel souligne que tout ce que fait et entreprend la French Tech Argentine est rendu possible par le support et l’accompagnement inconditionnels des services de l’ambassade.

TdU : Comment cooptez-vous vos membres ?

Pour devenir membre de notre communauté FrenchTech Argentine, nous avons 3 critères de sélection :

  1. Les Français qui travaillent en Argentine dans la technologie (inclut par exemple les nomades digitales).
  2. Les grandes Sociétés françaises de technologies implantées en Argentine, à capitaux français.
  3. Toutes les sociétés de tech qui découvrent l’intérêt d’aller en France : elles doivent avoir au moins un français dans leur équipe de direction. La FrenchTech les aide tant sur le point de vue technique que commercial.

Aujourd’hui la FrenchTech Argentine compte près d’une centaine de membres, comme, pour n’en nommer que quelques-uns : ATOS, SoyCulto, ClimaSol, ElegiMejor, ParalaSalud, EdoraSystem, VencoPay, CocoetPiaf etc…

Nous sommes intégrés également au concept “Équipe France”, actuellement en train de se mettre en place avec l’ensemble des services de l’ambassade, le service économique régional, l’institut français, l’Alliance Française, Business France, l’Agence française de développement, la CCIFA et maintenant, nous, la FrenchTechArgentine.

Il existe également des organisations qui ne répondent pas à nos critères d’adhésion mais qui souhaitent participer activement à la projection et à la performance de la French Tech Argentine :

comme des incubateurs et/ou accélérateurs, des entreprises et organisations françaises ou argentines opérant en Argentine intéressées par les thématiques numériques, même si ce n’est pas leur objet principal, des entreprises argentines du numérique présentes sur le marché français, des universités et des centres de recherche, comme l’UBA Faculté d’Ingénierie, ou L’Université d’El Salvador qui est une université pluridisciplinaire. En tant que partenaire de French Tech Argentine, l’USAL participe aux activités de la communauté en fournissant des ressources et des infrastructures, ainsi que des échanges universitaires et des débouchés à ses membres. Rappelons que L’USAL entretient depuis longtemps des liens avec la France par le biais du programme La Condamine et de plusieurs accords de double diplôme avec des universités françaises.

TdU : Quelle est votre spécificité par rapport aux autres communautés technologiques ?

Nous voulons faire la tech à la française. Ce qui ne veut pas dire “faire du codage” en français, bien sûr ! Beaucoup de termes techniques sont en anglais qui est la lingua franca dans tous ces domaines, c’est plutôt un concept qui vise à définir un but, une différence avec d’autres façons de faire ou d’investir en tech. Tandis que les Américains visent surtout à monétiser et à optimiser les revenus, et que les Asiatiques visent plutôt à acquérir et à gérer les données, chez nous l’effort porte sur la démocratisation de la technologie. L’accent est mis sur les engagements en termes d’égalité, nous priorisons les projets et les compagnies qui visent à l’inclusion digitale et promeuvent la transition écologique.

TdU : Parlons de l’inclusion des femmes et la tech

Effectivement ce ne sont encore que 30% de femmes qui suivent des carrières liées au numérique ou qui travaillent dans ce domaine, mais à la French Tech Argentine, dans notre board, nous sommes à 50, 50.

Ma prédécesseuse était Anne Degenne, aujourd’hui Audrey Lang est la vice-présidente, et dans notre conseil d’administration nous avons par exemple, Corinne Petrelli, Marta Svatetz…nous tenons à ce 50% hommes, 50% femmes.

TdU : Quelles sont vos activités, en tant que groupe ?

La FrenchTech Argentine fait des réunions une fois par trimestre et organise des événements en lien avec la tech, et des “speed pitching”.

Nous avons des délégués en province qui sont des promoteurs sur place à l’affût de nouveaux membres.

Et nous tenons très à cœur certains projets d’inclusion technologique pour les enfants qui vivent au milieu de nulle part. Nous avons, par exemple, pu inaugurer deux salles informatiques avec ordinateurs dans deux écoles de Villa Castelli dans la province de la Rioja et pensons renouveler cette expérience dans un village du nord de la province de Tucumán. Ce sont des projets complexes car il faut trouver des partenaires, s’associer à de grandes entreprises pour amener électricité et eau dans ces endroits perdus et ensuite ce sont eux, c’est la communauté même qui doit se débrouiller pour se connecter aux plateformes internet. L’idée est de faire naître des vocations chez les jeunes grâce à l’intégration digitale et rendre accessibles aux membres de la communauté les services dont ils ont besoin.

Et puis, il y a aussi un certain nombre d’événements annuels : Julien Brun est l’animateur de Virtuality, le plus grand festival de Metaverse et Web3 d’Amérique latine, qui va vers sa 5ème édition.

Nómades digitales :  un événement organisé avec la Ciudad de Buenos Aires.

Get Me Hire por le Wagon : un événement en ligne pour mettre en contact entreprises et diplômés du Wagon de Web et Data. C’est un événement rapide par Zoom au cours duquel on demande à cinq entreprises dans trois pays (Colombie, Argentine et Chili) de se présenter en 20 minutes et de donner des informations sur leurs projets, leurs visions, leurs recherches et les profils professionnels qu’ils souhaitent recruter.

Avant de se quitter Emmanuel nous donne des « trucs » pour renforcer la sécurité de nos portables et de nos mails.

Merci, Emmanuel, pour vos conseils d’expert !

*l’IGJ = la Inspección General de Justicia, l’organisme officiel qui instruit les dossiers de demande de « personne juridique ».

Pour en savoir plus : https://frenchtechargentina.org/

Contact :  frenchtechbuenosaires@gmail.com

 

Patricia Pellegrini – Marie-Françoise Mounier-Arana

 

 


 

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