Ambassadeur Romain Nadal

Romain Nadal, le nouvel ambassadeur de France en Argentine, est arrivé depuis plus d’un mois dans le pays pour prendre la tête de la mission diplomatique française. Il vient directement de Caracas, où il a été pendant six ans représentant de la France au Venezuela.

Il a aimablement accueilli l’équipe du Trait-d‘Union et s’est prêté de bonne grâce à un échange, autour d’une tasse de café, pour faire connaissance.

Il a parlé de ses origines qui pour lui ont été un semis propice vers la profession qu’il a embrassée -la diplomatie- un monde multiculturel où l’on est en constante symbiose avec d’autres modes de pensée et de vie. Son nom de famille Nadal, est d’origine catalane : celui de ses arrière-grands-parents qui émigrèrent de la Catalogne espagnole voisine vers la France. Nadal en catalan, précise-t-il, signifie natal et s’apparente donc étymologiquement à Noel.

Né à Montpellier, il a vécu toute son enfance et adolescence à Nîmes. Nîmes, jolie ville du sud de la France, empreinte de son prestigieux passé romain, avec ses imposants vestiges –les arènes, la maison carrée, la Tour Magne-, ville de métissage de populations : l’agglomération urbaine nîmoise fut tour à tour ou à la fois, romaine, gauloise, camarguaise, provençale, cévenole, languedocienne. Quant aux religions elles sont toutes présentes catholiques bien sûr, mais protestante aussi depuis le XVIe siècle, juive et musulmane.

Centre de production textile, c’est là qu’est née, au XVIIIe siècle la fameuse toile de Nîmes, laquelle reprise aux USA pour la fabrication de solides vêtements pour travailleurs est devenue, rebaptisée, le Denim d’aujourd’hui. Une région riche en zones naturelles, en espaces protégés d’intérêt écologique, faunistique, floristique ; un environnement qui a influencé l’intérêt personnel de Romain Nadal pour la défense de l’environnement. Son imaginaire a été façonné par les vestiges historiques, tandis que le métissage de populations l’ont marqué et préparé à la vie d’errance diplomatique, au contact de cultures différentes. Son père, agrégé d’espagnol et spécialiste de civilisations hispaniques l’a toujours encouragé à passer ses vacances en Espagne ; il en a acquis un bi-culturisme naturel accompagné d’une parfaite connaissance de la langue de Cervantès.

Ensuite ce furent des études supérieures à Paris, avec licence en droit et diplôme de Sciences politiques : c’est naturellement qu’il s’est alors tourné vers la carrière diplomatique.

Conseiller des Affaires étrangères hors classe, il a commencé sa vie professionnelle à l’administration centrale du ministère des affaires étrangères à la Direction des Affaires juridiques, puis il a occupé différents postes dans la communication jusqu’à devenir Directeur. Il a également été porte-parole et directeur de presse de son ministère d’appartenance, ainsi que porte-parole auprès de la Présidence de la République

Quant à ces missions à l’étranger, son premier poste comme second secrétaire à l’ambassade de Madrid l’a profondément marqué : c’est, en effet, là qu’il se trouvait lors des terribles attentats d’Atocha. Il a vécu de près cette tragédie et souligne le secours immédiat et le soutien important de la France au gouvernement espagnol. Jean-Pierre Raffarin était le premier ministre d’alors et Jacques Chirac, le président.

Après Madrid, il a été nommé ambassadeur plénipotentiaire au Venezuela, après son retour au MAE à la direction de la presse et de la communication. Il a vécu des temps forts dans le pays caribéen ; il rappelle le moment qu’a été le 5e forum de la paix en novembre 2022 au cours duquel le président Macron a pu mettre face à face, après de longs pourparlers, les représentants de Maduro et de l’opposition vénézuélienne, dans une tentative de rapprochement de ces factions politiques antagonistes.

Le voici aujourd’hui à l’aube d’une nouvelle mission en Argentine, en pleine période électorale, ce qui ne devrait que limiter son rôle d’ambassadeur entre des autorités gouvernementales en pré-retraite et un futur gouvernement non encore élu. Mais assure l’ambassadeur ce n’est pas un problème, au contraire, il peut ainsi apprendre à découvrir ce pays, nouveau pour lui : « je rencontre tout le monde, de tout bord, hommes politiques ou autorités civiles ». Il va partout, dans un Buenos Aires qu’il découvre, au théâtre, à des concerts, à « la cancha ». Il interroge les associations françaises sur leur ressenti de « leur Argentine ». Il cherche par tous les moyens à s’imprégner et comprendre le fonctionnement de la société locale. Ce n’est qu’en acquérant une profonde connaissance du monde argentin qu’il pourra œuvrer à aider le pays, actuellement en grande difficulté, en encourageant les entreprises françaises à mieux et plus investir, en favorisant aussi la réalisation d’accords bilatéraux dans les domaines les plus variés. Son objectif est de continuer à rapprocher les deux sociétés française et argentine, de tous temps amies, sur un socle ferme de « solidarité et de dialogue ».

Suite à l’engagement exprimé par le président Macron, le 18 juillet dernier, lors du sommet de l’Union européenne et de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (UE/CELAC), il rappelle l’intention de la France de renforcer sa présence dans la région. Il évoque l’initiative « Global Gateway » prise dans le cadre européen d’investir à hauteur de 4,5 milliards en infrastructures dans de nombreux domaines.

L’ambassadeur n’oublie pas de mentionner tout particulièrement le domaine culturel, terrain riche en échanges entre les deux nations, échanges qui sont appelés à s’intensifier : l’année 2024 s’annonce avec un programme chargé tant artistique que littéraire.

Comme il l’écrit dans le message qu’il a adressé aux Français et aux Argentins à son arrivée au sujet de la relation existant entre les deux pays son souhait est de «…continuer à l’enrichir dans tous les domaines, aux plans politique, économique, culturel, linguistique, scientifique ou encore universitaire ».

Bon et fructueux séjour en Argentine, Monsieur l’ambassadeur.

 

Propos recueillis par Elisabeth Devriendt, Patricia Pellegrini et Marie-Françoise Mounier-Arana

 


 

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