Rencontre avec Frédéric Depetris

Le nouveau conseiller culturel et directeur de l’Institut français, Frédéric Depetris, a pris ses fonctions en août dernier.

Il a fort aimablement reçu Trait-d’union, une de ces fins d’après-midi maussades et pluvieuses que Buenos Aires a le don d’offrir certains débuts de printemps. Pressé, dérangé par son cellulaire, il a tout de même eu la gentillesse de se prêter à un intéressant échange avec les représentantes de Trait-d’union.

Originaire du Gers où il effectue ses classes primaire et secondaire, c’est à Paris qu’il se rendra pour faire Sciences Politiques et poursuivre ses études jusqu’à obtenir doctorat et agrégation en sciences politiques et sociales.

Frédéric débute sa carrière à Rio de Janeiro et restera cinq ans à l’agence régionale de l’A.E.F.E. Il revient à Paris pour intégrer le Ministère des affaires étrangères, en tant que diplomate de carrière avant d’être nommé conseiller à l’ambassade de France à Malte puis conseiller politique à l’ambassade de France à Lisbonne. Voici ce lusophone, versé dans les différentes facettes du cinéma, -son mémoire s’est notamment penché sur le sens politique du cinéma- nommé à Buenos Aires à la tête des services culturels. Dans une digression et remémorant les conclusions de ses recherches, Frédéric Depetris s’attache à rappeler que « la culture n’est pas une marchandise comme une autre » et s’interroge sur les raisons qui empêchent les cinéastes d’être valorisés comme d’authentiques auteurs comme le sont les écrivains ; certains utilisent un stylo, d’autres une caméra, ponctue-t-il. Le cinéma d’auteur sous-entend un véritable style ; derrière un film, il y a une expression, une intention artistique. D’ailleurs ne parle-t-on pas d’“écriture cinématographique” ?

Quant aux projets et points forts de sa mission, venant juste de prendre ses fonctions, il manque de visibilité et a du mal à se projeter dans le moment politique actuel, bien indéfini. Il espère toutefois pouvoir reprendre contact rapidement avec ses interlocuteurs locaux, les nombreux et différents acteurs culturels afin de définir un programme solide. Il sait que certaines actions resteront immuables comme la nuit des Idées : la date en est fixée, d’ailleurs, à la seconde quinzaine du mois de mai. Le thème retenu est « Ligne de faille », plusieurs pays du cône sud accompagneront le projet dans son déroulement.

Il espère influencer en hautes sphères locales la prise de décision pour l’introduction dans le cursus scolaire de l’obligation d’une 2ème langue étrangère, avec, bien sûr, le français en bonne place.

Passant à un autre thème, il évoque la diplomatie sportive en insistant sur la place du français dans le sport : les J.O. de Paris en juillet 2024 sont présents. Il pense aussi à la place des femmes dans le sport …

Continuant un rapide tour d’horizon, Frédéric Depetris pense à la célébration du 40ème anniversaire de l’aide à la publication d’auteurs : il exprime le souhait de faire venir des écrivains, d’organiser des cycles autour d’auteurs tout au long de l’année.

Il se dit favorable à une politique de création et de développement de réseaux et d’actions spécifiques pour les anciens élèves du lycée Mermoz, avec la création d’un véritable maillage du genre Alumni.

Il n’oublie pas de mentionner la fructueuse politique française de coopération dans les domaines scientifique, médical, technique, qu’il se promet de continuer à enrichir.

Frédéric Depetris projette de développer également, avec les collègues des ambassades francophones, une feuille de route de la francophonie et de renforcer la diffusion de France media monde comme celle de TV5 monde. Il imagine une coopération plus fluide entre les différents interlocuteurs francophones et se propose de contribuer, dans son rôle de directeur de l’Institut Français à « bâtir une francophonie plus solidaire, plus forte, plus inclusive et plus riche, une francophonie vivante, plurielle, engagée et innovante » selon les recommandations du Centre de la francophonie des Amériques.

Il rappelle qu’en 2024, la France accueillera le 19 ème sommet de la Francophonie. Le 30 octobre dernier, le président Macron a, d’ailleurs, inauguré à Villers-Cotterêts, dans les Hauts-de-Seine, la Cité internationale de la langue française. C’est à Villers-Cotterêts, le 25 août 1539, rappelons-le, que François 1er signa l’ordonnance imposant le français dans les textes juridiques, prémices de son usage comme langue officielle.

Ces idées abordées rapidement ne constituent qu’une ébauche du projet culturel auquel leur auteur va devoir donner forme et contenu.

Reprenons la définition d’André Malraux “la culture ne s’hérite pas, elle se conquiert” pour souhaiter à Frédéric Depetris de belles victoires !

 

Propos recueillis par Elisabeth Devriendt et Marie-Françoise Mounier-Arana

 


 

 

 

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