Sous la griffe d’une parisienne

Alex continue à nous régaler avec ses réflexions acides et ses critiques surprenantes.

D’hier et d’aujourd’hui

Bon, je vais être franche : aujourd’hui, même du côté de Palermo Hollywood, où le prix du mètre carré est le plus cher de Buenos Aires, où la restauration cartonne avec des prix qui concurrencent ceux de Paris, où la population bobo chic ressemble à celle du Marais, – mon quartier chéri-, aujourd’hui donc, même du côté de Palermo Hollywood, on fait gaffe au pognon.

Me concernant : désormais ce sera poire ou dessert. Sachant que bon nombre d’entre nous n‘ont plus droit au dessert ou, pire, de quoi remplir une assiette, je ne me plains pas …mais quand même !

Cette semaine, j‘ai voulu applaudir dans un merveilleux monologue, une grande comédienne que j’admire beaucoup.

Je m’apprête à “dégainer” quand j‘apprends que la place est à 18 mille pesos …auxquels je dois rajouter les taxis aller-retour, alors, après un rapide calcul : le total de cette petite sortie culturelle sera de 25 mille pesos !

J’y ai renoncé. Tant pis. Il y a tant d’autres merveilleuses propositions.et à des prix accessibles.

Mais là où cela devient intéressant c’est qu’il s’agit d’une comédienne avec toujours de grandes envolées de pensées solidaires et généreuses envers son prochain, toujours prête à signer toutes les pétitions, toujours très engagée exclusivement sur la gauche, parce qu’on sait bien que seule la gauche a le monopole du cœur …Eh bien ! Madame, force est de constater qu’une place à 18 mille pesos pour un “solo” en scène qui a pour tout accessoire une chaise, c’est aujourd’hui un abus et que votre cœur soi-disant grand à toutes les causes, a changé de place …peut être à votre insu !

Cela ne me dérange pas. Seulement soyez honnête avec votre posture. Évitez les grands discours à deux “balles”. Et assumez. Oui, l’argent c’est chouette et les pauvres ça emmerdent.

Rideaux.

Donc je suis allée voir Priscilla au cinoche. Beaucoup moins onéreux. Et quand même signée par la grande Sofia Coppola. Un biopic sur la vie d’une jeune femme en marge du monde, qui passe, cloitrée dans l’immense manoir de Memphis,13 années auprès du Grand Elvis, supposément impuissant et qu‘elle a rencontré à l’âge de 14.

Un portrait pop, féminin et intimiste dont Sofia Coppola a le secret.

La reconstitution artistique des années 50/60 est juste géniale. Les acteurs sont beaux et sexy. Les coiffures, le make up, les costumes, les couleurs : féminité et goût exquis. Une certaine douceur de vivre avec un avenir vrai à construire sur fond de rock’n roll. On en rêverait.

La thématique : l’emprise d‘une star planétaire sur une jeune fille. Bien, bien loin des frénésies des “Me too” et autres récits glaçants d‘aujourd’hui. Bien loin aussi de cette mode poubelle actuelle où le génie réside souvent à faire porter des trucs importables, laids et disproportionnés qui précipitent le corps des femmes dans un édifice de martyres et d’aliénation absurdes. Bien loin surtout de nos années 2024 où l’avenir global est plus qu‘incertain.

Priscilla … ses coiffures volumineuses, ses robes baby doll, ses décors rétro, cette Amérique des années 50/60 … on voudrait y être et rock’n roller le temps d’un vieux vinyle, le temps d‘un trente-trois tours à papa, pour oublier le gris et le “no future” qui nous enclave.

Yeah baby move, baby move, Yeah…

Allez-y. C’est une grosse part de cheese cake, rose et blanc, à consommer sans remords.

A bientôt !

@LOCURADEALEX


 

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