Les « reconstituteurs »
|Une reconstitution historique a été organisée au siège des Anciens Combattants, le 28 août dernier, en commémoration du 80ème anniversaire de la libération de Paris, le Trait-d’Union était présent.
Une exposition minutieuse des uniformes, des équipements et des armes des soldats français et des alliés avait été montée dans le salon principal.
Après le discours d’ouverture de Serge Leteur, président des Anciens combattants, le Dr Mario Caraballo a, en un bref exposé, campé le tableau du contexte historique de l’époque. Pendant ce temps un groupe d’hommes et de femmes en uniformes des forces d’occupation allemande et en civils avec des vêtements d’époque simulant les commandos de la résistance française se faufilait entre les tables pour s’installer chacun à sa place. Les uniformes, les armes, les tenues et les coiffures d’époque, étaient d’une étonnante perfection et comme un mirage, reproduisaient par leur seule présence l’atmosphère lourde de ces jours d’août dans les rues de Paris, au travers de gestes simples et sobres.
Le climat était oppressant, simulant ces rafles de civils, au moment de l’arrivée des soldats alliés, des Américains, des Français et des résistants précédant les entrées triomphales du Général Leclerc et du Général De Gaulle. Ces deux derniers également représentés parmi les “reconstituteurs”.
Que sous-entend une reconstitution historique ?
Il ne s’agit pas d’une performance provocatrice, ni d’une “représentation” ou d’une “interprétation” au sens théâtral du terme, mais d’une respectueuse “recréation” d’époque, aboutissement de recherches d’informations historiques et de quêtes exhaustives d’objets authentiques des périodes pour lesquelles on se passionne. Les intéressés s’organisent pour dresser des “tableaux” les plus complets possibles et camper “au plus vrai” les personnages des reconstitutions programmées.
Le Trait-d’Union a dialogué avec leur représentant : le Dr. Mario Oscar Caraballo, 54 ans, avocat, marié à María Bertha Montiel Garay et père de deux enfants.
”Je suis collaborateur de l’Union Française des Anciens Combattants de Buenos Aires, membre du comité directeur de l’Association Française de Secours Mutuels de Buenos Aires, et depuis huit ans, avec mon épouse, nous sommes membres de l’Association Argentine des Reconstituteurs de la Seconde Guerre Mondiale (AARSM) une association à but non lucratif créée en 2014 dans le but de divulguer les contextes historiques de la Seconde Guerre Mondiale à travers le “reconstitutionnisme” et l’exposition des différents éléments utilisés dans ce conflit.
Nous sommes, actuellement, trente membres actifs et venons de différents domaines professionnels (avocats, professeurs d’histoire, architectes, ingénieurs et employés du secteur privé). Il y a également sept femmes parmi nous, qui recréent des personnages, qui ont été actifs dans le conflit (combattantes, infirmières, administratives, résistantes de pays occupés etc…) Je souligne que nous avons des reconstituteurs de la mode des années 30 et 40 et il y a des membres de notre association qui sont des collectionneurs d’éléments exclusivement originaux, acquis après de nombreuses années de démarches et de recherches aux États-Unis et en Europe.
Je cite Tomas de Pascale, qui s’est consacré à la collection d’éléments français utilisés dans les conflits des deux guerres mondiales mais aussi dans les guerres coloniales du 19ème et 20ème siècles, Santiago Parisi, lui, collectionne des objets du côté de l’axe (allemand, italien et japonais), Matías Kaczor, s’est intéressé aux éléments du camp allié, tandis que Claudio Cornide, est collectionneur d’uniformes des deux camps Notre association, à but non lucratif, se produit avec les objets, collectionnés par chaque membre, nous n’avons aucune subvention, ni aide économique d’aucune nature. Nous nous mobilisons par nos propres moyens, et nous louons également le mobilier pour les expositions (Tentes, tables, étagères, vitrines…).
Notre but est la divulgation historique, destinée aux entités publiques et privées (collèges, universités, musées, événements récréatifs, foires thématiques, etc.)
C’est une activité de loisir en dehors de nos activités professionnelles ; nous pouvons donner des conférences sur le contexte historique au moment de l’événement auquel nous assistons.
Il est important de préciser que tous les armements, tant ceux qui sont exposés comme ceux manipulés dans les reconstitutions, ne sont pas réels, ce ne sont que des répliques. Nous ne véhiculons aucune idéologie. Nous n’avons pas l’intention d’encourager aucune haine raciale ni religieuse, sous aucune forme. Notre but, tant dans les reconstitutions que dans nos publications, est strictement historique et informatif. Nos reconstitutions ne représentent qu’un échantillon du passé et, en tant que tel, n’en est qu’une simple reconstitution ainsi que de son contexte historique, elles ne favorisent ni n’encouragent les horreurs ou les atrocités de la guerre.”
Comment vous êtes-vous intéressé à ces reconstitutions ?
” En mars 2016, ma femme et moi sommes allés au Musée des armes de la Nation, à l’occasion de la Nuit des Musées, et nous avons trouvé le groupe des reconstituteurs de l’association.
Comme ma femme est descendante d’anciens combattants soviétiques sur le front est russe, nous avons commencé à parler avec eux et elle a exprimé le désir de faire partie de l’association, car sa grand-mère, appartenait au groupe des femmes tireurs d’élite.
Nous avons contacté un des représentants et nous nous sommes mis en campagne pour obtenir des objets de l’époque. Et finalement nous nous sommes présentés à un événement, ma femme représentant une combattante de l’infanterie soviétique de l’année 1944, Des fois elle représente aussi Armia Kracobia (une résistante polonaise).
Et pour l’accompagner j’ai décidé, un jour, aussi de représenter, moi, un soldat allié, ayant obtenu, mes propres éléments, car chacun doit chercher son uniforme et les objets correspondants. Lorsque nous sommes ainsi habillés, nous tentons dans tous nos gestes et avec toute l’information disponible d’incarner autant que possible le personnage que nous représentons, pour qu’il n’y ait aucun détail incongru ou anachronique, ni attitudes inconvenantes.
Nous avons fait nos recherches historiques en détail. Le public nous pose toujours beaucoup de questions lors des événements au cours desquels nous prenons part.
La reconstitution en Europe
Le mouvement de reconstitution historique est né en Angleterre dans les années 70 dans le but de récréer la vie et les batailles pendant la période de la Guerre Civile anglaise du XVIIe Siècle.
En France des groupes se sont créés sur le modèle anglais à la faveur des spectacles “Son et Lumière” et de l’essor des fêtes médiévales au cours des années 1970 et 1980.
Ce mouvement a connu une forte hausse en France depuis 2006/2007 et est devenu un loisir courant notamment popularisé par l’association pour l’histoire vivante (ApHV) fondée en 2001. La période la plus représentée est le Moyen Âge. En dépit de la méfiance des “historiens académiques” ces passionnés de l’histoire, offrent au grand public une approche vivante et illustrée pour les nouvelles générations plus attirées par l’image : elles y trouvent intérêt et de bonnes sources d’informations.
Pour plus d’informations et suivre les prochaines reconstitutions historiques :
Sur Facebook : Asociación Argentina de Recreadores de Segunda Guerra Mundial (AARSGM)
Corsarios del Plata, spécialisés, eux, en tenues et uniformes des corsaires français qui participèrent à la défense de Buenos Aires pendant les invasions anglaises en 1806 et 1807 au Río de la Plata.
Sur IG : @aarsgm et @corsarios_del_plata
Patricia Pellegrini