Sur la route, Episode 5

5 incontournables pour jeune baroudeur en Terre de Feu.

« Les voyages forment la jeunesse ! ». C’est ce proverbe dans la tête et le routard dans le sac à dos, que j’abordais la suite et fin de mes aventures, cette fois au bout du monde : les Terres de Feu.

Ushuaia. La péninsule du bout du monde. Les terres australes et ses journées polaires sans début ni fin. Un espace sauvegardé et le temps comme arrêté. De ce territoire fantasmé au travers de mes lectures de Jules Vernes et des émissions de Nicolas Hulot je ne savais finalement que peu de choses mais la simple évocation de ces terres sauvages faisait naître en moi des promesses d’aventures. A moi la proche Antarctique, les cinquantièmes hurlants du Cap Horn, le canal de Beagle, les baleines et les pingouins, les condors et les lamas. Entre le Chili et l’Argentine, ces terres sauvages exhibent une faune riche dans un cadre exceptionnel entre lacs, hauts sommets et côte déchirée par la mer.

1 Arriver au bout du monde

Venir à Ushuaia est déjà une aventure en soi. La majorité des voyageurs opte pour l’avion, certains pour des croisières maritimes ou d’autres encore pour le bus. Venant d’El Calafate, j’ai opté pour ce dernier. Départ aux aurores à trois heures du matin pour arriver à 21h à Ushuaia en comptant une pause de trois heures à Rio Gallegos… sûrement la ville la plus ennuyeuse de Patagonie. Rien de bien excitant. Pourtant, le voyage en bus permet de saisir la complexité des échanges qui peuvent s’y dérouler. Entre locaux surchargés de bagages qui réalisent plusieurs heures de route au travers de ces territoires désertiques pour retrouver leurs proches habitant dans des estancias éloignées, et jeunes “backpackers” “ayant pris une année sabbatique pour découvrir en solo l’Amérique”, le contraste est saisissant. A noter que presqu’aucune population “originelle” n’est encore présente aujourd’hui sur ces terres, ayant souffert des épidémies et de la “conquête du désert” de Roca.
Deux changements de pays plus tard, 18 heures de route dans les “pattes”, un bras de mer et des pics montagneux traversés et plus de 7 matés partagés ..Nous arrivons enfin. Les plaines désertiques peuplées de guanacos solitaires laissent place à une route sinueuse qui serpente à travers la montagne pour rejoindre Ushuaia et la mer. Un trajet très long mais qui permet d’apprécier la diversité des paysages de la Terre de Feu.

2 Ushuaia

La ville la plus australe de la terre (ou presque si l’on tient compte de Puerto Williams au Chili) tient toutes ses promesses. Le “bout du monde” s’élève dans une vallée où les Andes et la mer se rencontrent. Avec ses maisons colorées, ses chocolatiers, son port de marchandises et de plaisance, sa faune très diversifiée entre glaciers, lagunes et forêts, ses bateaux échoués, ses petits cafés, ses îlots, ses chalets et ses magasins spécialisés dans les sports de montagne, Ushuaia a une identité bien propre. Port d’attache des croisières vers l’Antarctique, un air d’aventure flotte dans Ushuaia. Avant la fondation de la ville en 1884, sous la volonté du pasteur Thomas Bridges, le territoire était peuplé de quelques indiens Yamana qui disparaîtront quasi totalement sous le coup des épidémies transmises par les immigrants européens.Ushuaia se développe véritablement à partir de 1902 avec la construction du bagne, le Presidio, achevé en 1920 et qui comptera les plus célèbres prisonniers argentins. Le lieu se visite aujourd’hui en même temps que le musée maritime, dans un étonnant conglomérat de maquettes et objets de tout acabit, qui retracent les histoires et les caractéristiques des grands croiseurs partis explorer l’Atlantique ou la Patagonie. Avec le décompte des naufrages des voiliers à trois mâts ou des plus récentes expéditions, on mesure rapidement les dangers que représentent les flots déchaînés des 50e hurlantes et la place stratégique d’Ushuaia comme port maritime. Ce fut notamment le port d’appui principal de la “marina” nationale durant la guerre des Malouines. Ushuaia compte également depuis quelques années une station de ski qui s’est faite une renommée mondiale notamment en “freeride”. Un endroit fascinant où l’on apprécie l’air vivifiant, la gentillesse des habitants et la proximité de la montagne.

3 Le parc national Terre de Feu

Le parc s’élève entre terre et mer, entre pics rocheux et côtes sablées. La partie côtière du parc national Tierra Del Fuego à Ushuaia offre des randonnées faciles à travers la forêt antarctique. Le sentier Costera serpente à travers la forêt, menant de crique en crique où l’eau (gelée) est transparente. On y compte aussi la “poste du bout du monde”, comprenez “le plus austral des correos argentinos” d’où vous pourrez envoyer vos aventures à vos proches. Les sentiers nous mènent sur les traces des castors, admirer la formation des tourbières, apprécier la couleur changeante des lagunes et pour les plus courageux, après une montée boueuse et sportive, profiter d’un très beau point de vue sur le Cerro Guanaco. Il est possible de camper dans le parc et des navettes (depuis le centre-ville) passent régulièrement. Les chemins, bien balisés et agréables, font avaler les kilomètres dans le temps d’un battement de cil. Le sol est spongieux et forme un tapis sur lequel les pas rebondissent. Les plus aventuriers seront peut être un peu déçus par l’aspect très touristique des sentiers mais chacun appréciera ce grand bol d’air très frais !

4 Le glacier Martial

Pour voir Ushuaia d’en haut, rien de mieux que de se rendre au glacier Martial. Avec ses neiges éternelles, ses sapins, son reste de télésiège, et son petit ruisseau, l’endroit est très sympathique. Randonnée familiale, la montée est tout de même bien dénivelée et sans grand intérêt. Le sommet par contre, offre une belle récompense entre glissades et photos panoramiques. Attention cependant à ne pas se faire piéger par le temps capricieux. A Ushuaia, on peut grimper sous 20 degrés et un grand ciel bleu et redescendre une heure plus tard sous l’orage et la grêle. La randonnée est accessible du centre ville en longeant la route mais on vous conseille de faire cette première partie en voiture ou en stop. Prévoir un bon goûter pour l’arrivée, un pain sucré dans les boulangeries locales ou un thé au pied de la randonnée.

5 Le Canal de Beagle

Baleines joueuses, côte ciselée par la mer, otaries et éléphants de mer affalés sous le soleil, oiseaux rasant l’onde, ou canard aventureux… Réaliser une croisière sur le canal de Beagle est une expérience incontournable et inoubliable. De nombreuses formules existent, ayant chacune leur spécificité : randonnée sur l’ile H ou sur l’île des loups de mer, visite des pingouins, arrêt dans une estancia, navigation à moteur ou à voile, en petit groupe ou sur des embarcations plus imposantes… Il y en a pour tous les goûts et tous les budgets. La cadence de ces derniers et les prix affichés refroidissent un peu. On fait la queue navire après navire pour observer les loups de mer et les pingouins. Heureusement, la zone est protégée et personne ne descend à terre. C’est mieux ainsi. La croisière n’en perd pas son charme, après être passé par le phare d’Ushuaia, on traverse des îles peuplées de Cormorans dont le cri déchire la tranquillité du canal. Une baleine viendra peut-être vous saluer de son souffle et de quelques voltiges, puis direction les fjords plus éloignés, où des pingouins de Magellan rejoignent les côtes de la Terre de Feu en été. Enfin retour au port d’Ushuaia le vent dans les cheveux et la satisfaction d’avoir fait un tour sur les flots fantasmés du bout du monde.

Voici 5 idées pour guider vos prochaines aventures, testées et approuvées par une étudiante française au bout du monde. Bon voyage !

 

Louise Le Borgne
Crédit photos : Louise Le Borgne

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