Premiers échos et attentes de la rentrée littéraire

Un panorama de la rentrée littéraire ou quelques romans phares.

Comme chaque fin d’été, la rentrée littéraire s’annonce foisonnante avec l’arrivée de 484 nouveaux romans, un chiffre légèrement supérieur à celui de l’an passé avec 140 traductions d’œuvres étrangères et 73 premiers romans. Cette effervescence alimente les débats dans la presse et sur les réseaux, alors que les grands prix littéraires – du Goncourt à l’Interallié – ne seront décernés qu’entre fin octobre et début novembre. Déjà, des tendances et favoris se dessinent, annonçant les lectures incontournables de la saison.

Une attente renouvelée : Tant mieux d’Amélie Nothomb

Depuis 1992, soit 33 ans, la rentrée littéraire est indissociable d’un nouveau livre d’Amélie Nothomb. L’autrice suscite chaque année une anticipation particulière parmi les lectrices et lecteurs. Après Premier sang, hommage ému à son père, elle publie Tant mieux aux éditions Albin Michel, où elle évoque pour la première fois sa mère et le lien singulier qui les unit.

Une saga familiale signée Emmanuel Carrère

Fidèle aux éditions POL, Emmanuel Carrère publie Kolkhose, s’attachant à retracer l’histoire familiale sur quatre générations, couvrant les bouleversements russes et français jusqu’à la guerre en Ukraine. Ce roman vrai offre une fresque à la fois tragique et romanesque, abordant la vie et la mort, l’amour filial et les liens familiaux, dans un texte empreint d’intimité.

Un roman événement : « Je voulais vivre » d’Adélaïde de Clermont-Tonnerre

Le roman qui capte toutes les attentions cette saison est signé Adélaïde de Clermont-Tonnerre : Je voulais vivre, paru aux éditions Grasset. Ce texte se distingue par une voix puissamment contemporaine et présente une héroïne insaisissable, à la fois sorcière, séductrice et manipulatrice au service du cardinal de Richelieu. Elle s’impose par son pouvoir aussi bien à la cour de France qu’à celle d’Angleterre. Milady « n’est pas une femme qui pleure. Elle est de celles qui se vengent ».
L’autrice propose une évocation troublante de Milady, une figure jugée « trop belle, trop libre », fascinante et dérangeante à la fois. Considéré comme une pépite littéraire, ce roman s’impose comme un coup de cœur et tisse un pont captivant entre la littérature et l’histoire.

Mémoire familiale et ruralité : Franck Bouysse, Entre toutes

Franck Bouysse revient cette saison avec un récit empreint d’intimité et de sensibilité, mettant en lumière le destin de sa grand-mère, Marie, née en 1912 dans une ferme de Corrèze. À travers Entre toutes, publié chez Albin Michel, il retrace les joies et les peines vécues par Marie et sa famille, offrant ainsi une fresque du XXe siècle sur trois générations. L’auteur propose un texte vibrant, marqué par la dignité, l’amour et le courage, où des femmes inoubliables traversent les bouleversements des guerres et la rudesse de la vie rurale. Ce roman conjugue allégresse et tragique, révélant une vision belle et déchirante de la vie telle qu’elle va.

Premier roman remarqué Quatre jours sans ma mère de Ramsès Kefi

Avec Quatre jours sans ma mère, Ramsès Kefi propose un récit traversé par la verve et l’humour, mettant en scène une fresque intime. Le départ soudain de la mère de Salmane, âgé de 36 ans, devient le point de départ d’une quête identitaire. À travers cette chronique familiale, l’auteur tisse une histoire douce-amère où se mêlent tendresse, rire, sourires et moments poignants. La subtilité du texte réside dans sa capacité à évoquer avec délicatesse l’amour tendre et la sensibilité des liens familiaux.

Une réflexion sur l’emprise : Nathacha Appanah, La nuit au cœur

Dans La nuit au cœur, récit partiellement autobiographique, Nathacha Appanah explore le thème de l’emprise à travers trois histoires, dont deux féminicides. À partir de son propre vécu, elle aborde avec finesse la question des violences faites aux femmes, posant un regard juste et engagé sur ce phénomène de société.

Récit autobiographique de Sorj Chalandon : Le Livre de Kells

Au travers d’un ouvrage plus politique et historique que romanesque, Sorj Chalandon revisite les années 1970 à 1973, période de ses débuts à Paris après avoir quitté le foyer familial lyonnais à l’âge de dix-sept ans. L’auteur de L’Enragé témoigne de sa découverte de l’amitié, de l’amour et de la sécurité dans la rue, des biens précieux que ses parents lui avaient refusés. Il fait l’expérience de la solidarité et de la fraternité, dans une France marquée par l’après mai 68. Ce parcours façonne la personnalité de Kells, et met en lumière son engagement pour la défense des opprimés et la protection de l’enfance.
« Une photographie saisissante des années 70, entre luttes armées et illusions perdues. Sorj Chalandon explore le rôle de la fraternité, qui redonne au narrateur le goût de l’humanité. Un récit puissant sur les engagements et les désenchantements. »

 

Elisabeth Devriendt

 

 

 

 

 

Partager sur