Daniela Gutierrez, directrice générale de la fondation culturelle Medifé
|Au cours du Forum organisé par la Fédération des Associations françaises du 27 septembre dernier, Daniela Gutierrez, directrice générale de la Fondation culturelle Medifé, – l’une des participantes de l’intéressant panel…
Au cours du Forum organisé par la Fédération des Associations françaises du 27 septembre dernier, Daniela Gutierrez, directrice générale de la Fondation culturelle Medifé, – l’une des participantes de l’intéressant panel aux côtés de l’ambassadeur Romain Nadal et du Directeur de “Colectividades” de Buenos Aires – a conversé avec Trait-d’Union.
Le regard lucide et posé de Daniela reflète à la fois la rigueur du monde médical et une grande curiosité pour la culture. Pour elle, ces deux univers ne s’opposent pas, ils se complètent.
Cette vision transparaît parfaitement dans la fondation qu’elle dirige. Née du groupe médical Medifé, la fondation est bien plus qu’un prolongement institutionnel, c’est une manière de penser la santé autrement. Conçue par les actionnaires et fondateurs du groupe, elle incarne leur volonté d’inscrire la médecine dans une logique de responsabilité sociale. Medifé n’agit pas seulement pour soigner, mais pour prévenir, accompagner et cultiver le bien-être. La santé, explique-t-elle, n’est pas seulement une affaire de corps : c’est une question de vie. Dans sa bouche, le mot “bien-être” prend des accents concrets, il s’agit d’apprendre, de créer, de partager. La fondation concentre aujourd’hui ses efforts sur trois priorités : la santé mentale, les jeunes et les personnes âgées, trois moments de la vie où l’art, l’éducation et la solidarité peuvent agir comme des thérapies silencieuses.
Cette ouverture sur le bien-être va de pair avec son attachement personnel à la France. Ce lien personnel très fort avec la France, d’où vient-il ? Daniela raconte que ce lien remonte à sa jeunesse. Après des études en sciences sociales, elle part en France, où elle réalise un postdoctorat à Sciences Po. Elle y découvre un pays qui, pour elle, était déjà une maison d’esprit. Enfant, elle grandissait au son des chansons de Georges Brassens, dans une famille où le cinéma français était un rituel.
Ce lien s’est transformé en coopération durable : depuis près de dix ans, la Fondation Medifé collabore avec l’Institut Français d’Argentine et la Fondation Williams sur plusieurs programmes, comme par exemple La Nuit des Idées ou Orillas Nuevas, initiative ambitieuse de soutien aux industries culturelles argentines. Ces projets conjuguent la rigueur du travail français et l’énergie créative argentine. « Ce sont des projets profondément argentins, réalisés avec des partenaires français, dans un véritable esprit d’échange », résume-t-elle.
Cette expérience de coopération a été particulièrement éclairante durant la crise sanitaire.
Qu’a pu apprendre la pandémie sur la coopération ? La réponse est immédiate. La pandémie a rappelé à tous qu’aucune institution ne peut agir seule et qu’il ne suffit pas de chercher la sécurité individuelle : il faut apprendre à faire ensemble. Dans ce contexte, elle perçoit le Forum des associations françaises comme une respiration nécessaire, un rassemblement d’acteurs venus de l’éducation, du sport, de la culture, du journalisme ou de la gastronomie, chacun apportant un savoir, une expérience, une manière d’habiter le monde. Ensemble, ils composent une mosaïque humaine où tout devient possible.
Cette réflexion s’étend naturellement à la question des langues et de la culture en Argentine. Le français recule-t-il vraiment en Argentine ? Daniela ne nie pas que l’anglais gagne du terrain dans les établissements scolaires, même là où le français régnait autrefois. Mais elle refuse le pessimisme et y voit plutôt une transformation. L’anglais domine le commerce, certes, mais le français demeure la langue du dialogue culturel et des idées. Elle souligne également que la France elle-même s’ouvre à la pluralité. De retour d’un récent séjour à Paris, elle raconte ces rues où se croisent l’arabe, l’espagnol, le portugais et l’italien. Ce brouhaha de langues, dit-elle, n’est pas un signe de perte mais de vitalité : un monde en mouvement, où chacun apprend à écouter l’autre.
Toutes ces expériences se retrouvent dans la manière dont la Fondation Medifé agit sur le terrain. Sous la direction de Daniela Gutiérrez, la fondation s’est imposée comme un acteur singulier du paysage social argentin. À la croisée du soin et de la culture, elle promeut une idée simple mais exigeante : la santé commence bien avant l’hôpital. En soutenant des projets culturels, éducatifs ou communautaires, la fondation cherche à renforcer le tissu social. La vision qu’elle porte est profondément humaniste. Elle ne sépare pas le soin du vivre-ensemble, ni la culture de la santé. Elle croit à une société où la musique, le théâtre, la lecture ou le partage d’un repas peuvent devenir des gestes de guérison.
Voir sur YouTube
–