Chantal Thomas occupe le fauteuil de Jean d’Ormesson à l’Académie française

Il y a tout juste un mois, le 28 janvier 2021, Chantal Thomas, 75 ans, grande spécialiste du XVIIIe siècle et admiratrice du sémiologue Roland Barthes a été élue à l’Académie française, ceci au premier tour !

Elle occupe désormais le fauteuil de Jean d’Ormesson et devient ainsi la 10e femme à entrer sous la coupole depuis sa création en 1634, sous Louis XIII.
Rappelons que la première à revêtir l’habit vert et or fut Marguerite Yourcenar en 1980, suivie de Jacqueline de Romilly (1988), d’Assia Djebar (2005) et de Simone Veil (2008). Actuellement elles sont 6 sur 34 membres à siéger Quai Conti : Hélène Carrère d’Encausse, Dominique Bona, Florence Delay, Danièle Sallenave et Barbara Cassin.

Directrice de recherche au C.R.N.S, spécialiste du XVIIIe siècle, Chantal Thomas est une essayiste reconnue, elle a publié des essais sur Sade, Casanova, Marie-Antoinette La reine scélérate. Son ouvrage Un air de liberté, variations sur l’esprit du XVIIIème siècle, paru en 2014 a reçu le prix de l’essai de l’Académie française. En effet le siècle des Lumières s’est imposé à cette étudiante bordelaise car « en se promenant dans les rues on comprend de quoi est fait la beauté du XVIIIème siècle, d’une sorte de légèreté, d’élégance naturelle » élégance aussi de la langue qu’on retrouve dans ses écrits.

L’écrivaine s’est diversifiée durant sa carrière, son roman à succès Les Adieux à la reine (prix Femina 2002) a été adapté au cinéma par Benoît Jacquot en 2012, prix Louis-Delluc. Elle a co-écrit avec le réalisateur Marc Dugain le scénario de L’échange des princesses, (publié en 2013), porté à l’écran en 2017. Elle a participé à l’écriture du film Roland Barthes, le théâtre du langage réalisé par Thierry Thomas (Les films d’ici 2 / Arte France 2005) et au scénario de Dernier Jour de Benoît Jacquot (2019).
Elle s’intéresse à l’enfance, à ces très jeunes filles oubliées par l’Histoire, traitées avec la plus cruelle indifférence, les demoiselles du « Parc aux cerfs » et raconte le destin de l’une d’elles dans Le Testament d’Olympe. L’enfance l’interpelle, elle écrit La vie réelle des petites filles. L’esprit de l’enfance est également présent dans Souvenirs de la marée basse (2017) autobiographique et ancré à Arcachon.

Au théâtre, Le palais de la reine  et L’île flottante  ont été mis en scène sur les planches par Alfredo Arias, au Palais de Chaillot en France puis en Argentine.
Dans certains de ses récits, plus intimes, Chantal Thomas évoque son amour pour la mer, pour la liberté, (la liberté traverse son œuvre, liberté d’agir, liberté de construire sa vision du monde), pour les voyages et les cafés ainsi qu’en témoignent Cafés de la mémoire (2008), et Café vivre.
Par ailleurs Chantal Thomas a assuré une chronique mensuelle dans le journal  Sud-Ouest de 2003 à janvier 2021.
De ses séjours aux États-Unis où elle a enseigné, elle tente de retrouver lors de ses derniers voyages « les sensations d’une ville, New-York, d’un quartier dont le cœur battait au rythme des mots » dans East Village Blues (2019). Dans son dernier ouvrage, De sable et de neige (2020, elle célèbre « la beauté des choses et la puissance de leur silence».
Essayiste, dramaturge, romancière, auteure de nouvelles, dont les thèmes récurrents sont l’enfance, la souffrance, la lecture, les voyages et les cafés, ainsi se  dessine la personnalité de cette intellectuelle brillante dont les nombreux écrits ont été récompensés par plusieurs prix.
Chantal Thomas a reçu en 2014 le grand prix de la Société des gens de lettres pour l’ensemble de son œuvre, le prix Roger-Caillois de littérature française et en 2015, le prix Prince Pierre de Monaco. Sans nul doute Jean d’Ormesson aurait été ravi de voir cet esprit libre, à la recherche du bonheur quotidien et sachant le savourer, s’installer dans le fauteuil numéro 12.

Elisabeth Devriendt

 

Partager sur