Quatrième centenaire de la naissance de Molière

« Quoi de neuf ? Molière ! » se plaisait à dire Sacha Guitry.

Le 15 janvier on fête le quatrième centenaire de la naissance de Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière. Le dramaturge ne cesse de nous interpeller tant il a su décrire nos mœurs, nos faiblesses, nos ridicules (pas seulement ceux des bourgeois du XVIIème siècle) en effet, au cœur des comédies les plus drôles se trouvent de sombres pensées sur l’homme et la vie. Par ailleurs, ne serait-ce pas ce qui caractérise le génie d’exception de Molière : sa stupéfiante universalité, temporalité, modernité?

Même si on s’interroge  encore sur les raisons qui auraient poussé ce jeune bourgeois à délaisser une vie confortable au sein d’une famille privilégiée pour le théâtre, devant donc courir pendant plus de dix ans les routes de France. On sait qu’il fut proche de la Cour et du Roi Louis XIV, par la charge de son père mais, grâce au théâtre, il sera un de ses protégés. Tour à tour dramaturge, metteur en scène, premier acteur, chef de troupe, trésorier, est-ce par le biais de toutes ces casquettes qu’il a compris et décrit « l’humaine condition », ceci avec une empathie qui entraîne notre sympathie ?  Il est toujours actuel car on peut dresser un portrait de l’ « homme » en le lisant et en le relisant « Jamais artiste n’offrit un miroir plus exemplaire de ce qu’est  l’homme ».  

Molière a donné son nom à notre langue, «la langue de Molière» est devenue synonyme de «la langue française», ses personnages sont des synonymes de nom commun, ainsi ne dit-on pas : c’est un  Harpagon, pour un avare,  un Tartuffe pour un hypocrite ? Molière incarne « le rire qui pense » c’est une des raisons pour lesquelles, ses pièces continuent à se jouer avec tant de succès.

Le règne de Louis XVI se caractérise par une incroyable effervescence artistique, Versailles en est l’écrin ! Molière apparaît devant sa majesté en 1658, celui-ci l’associe très vite à la création de grands projets de divertissements royaux. En 1664, le roi danse lors des représentations du Mariage forcé et applaudit à la première de Tartuffe dans les jardins de Versailles. La collaboration Molière-Lully génère les comédies-ballets dont les plus célèbres sont Georges Dandin (1668), Le Bourgeois gentilhomme (1670) et Psyché (1671).

Dès le 15 janvier, jour de sa naissance, on fête Molière : à Versailles bien sûr, à la Comédie-Française « sa Maison », au théâtre du Vieux-Colombier…

En ce début de janvier 2022, la ville de Versailles et son château proposent une grande exposition à l’espace Richaud ainsi qu’un « cycle  Molière »  au sein de l’Opéra royal de Versailles, sis dans l’enceinte du château, cycle composé de comédies-ballets et de concerts, qui s’étendra de janvier à juin 2022.

On pourra visionner quelques pièces en ligne et à la télévision et feuilleter les derniers opus sortis pour cet événement

Voici donc la programmation intégrale du cycle Molière à l’Opéra royal de Versailles :

  • Du 4 au 8 janvier 2022 : Georges Dandin ou le mari confondu, mis en scène par Michel Fau 
  • Jeudi 13 janvier 2022 : concert Les Plaisirs de Versailles
  • Vendredi 14 janvier 2022 : concert Le Ballet des Jean-Baptiste (collaboration Lully et Molière)
  • Dimanche 30 janvier 2022 : concert Psyché
  • Du 13 au 17 avril 2022 : Le Malade Imaginaire avec G.Gallienne et la troupe de la Comédie-Française
  • Du 9 au 19 juin 2022 : Le Bourgeois Gentilhomme, mis en scène par Denis Podalydès

A la Comédie Française, salle Richelieu

La Comédie-Française est fondée par ordonnance royale de Louis XIV le 21 octobre 1680 pour fusionner les deux seules troupes parisiennes de l’époque, la troupe de l’hôtel Guénégaud (troupe de Molière) et celle de l’hôtel de Bourgogne. En 1658, la troupe de Molière fait ses débuts devant la cour, mais c’est en 1680 que Louis XIV, en réunissant la troupe de l’illustre Théâtre (Molière meurt en 1673) à celle de l’Hôtel de Bourgogne, parrainée par Racine, fonde officiellement la Comédie-Française.

  • Du 15 janvier au 24 avril  Le Tartuffe ou l’hypocrite, mise en scène d’ Ivo van Hove.
  • Du 2 avril au 22 mai Le Misanthrope, mise en scène de Clément Hervieu-Léger  
  • Du 21 février au 3 avril Le Malade Imaginaire avec une mise en scène de Claude Stratz  
  • Du 1er avril au 24 juillet L’Avare mise en scène de Lilo Baur
  • Du 22 avril au 10 juillet Les Fourberies de Scapin mise en scène de Denis Podalydès 
  • Du 7 mai au 10 juillet  Le Bourgeois Gentilhomme mise en scène de Valérie Lesort et Christian Hecq
  • Du 17 juin au 25 juillet Jean-Baptiste, Madeleine, Armande et les autres mise en scène de Julie Deliquet 

Le théâtre du Vieux-Colombier offre du 29 janvier au 10 juillet Don Juan mise en scène d’Emmanuel Daumas, Les Précieuses ridicules mise en scène de Stéphane Varupenne et Sébastien Pouderoux, Le Crépuscule des singes mise en scène de Louise Vignaud.

Le Studio-théâtre propose D’où rayonne la nuit (Molière-Lully, impromptu musical) conception et mise en scène de Yoann Gasiorowski,  Le silence de Molière (seul- en-scène, festival Singulis) de Giovanni Macchia, mise en scène d’Anne Kessler, interprétation Danièle Lebrun. Puis On ne sera jamais Alceste, adaptation et mise en scène de Lisa Guez, Molière-Matériau(x) (seul-en-scène, festival Singulis) conception et interprétation Pierre-Louis Calixte ; Le mariage forcé  mise en scène et masques de Louis Arene, enfin Ex-traits de femmes (seul-en-scène, festival Singulis) d’après Molière, conception et interprétation d’Anne Kessler.

En public et en ligne on peut regarder le Théâtre à la table, né en novembre 2020 alors qu’était annoncée la fermeture des salles. Le principe : une pièce, 4 jours de répétitions à la table et, le 5ème jour, une captation montée en direct et diffusée en ligne dès le lendemain. Avec ces Molière à la table, on convie les spectateurs à vivre l’expérience en salle, comédiens et montage à vue, en ligne, à 20h30

le 7 février George Dandin ou le mari confondu

le  5 mars Sganarelle ou le cocu imaginaire

le 26 mars Le sicilien ou l’amour peintre 

le 9 avril Monsieur de Pourceaugnac

le 7 mai Le Médecin volant  

le 21 mai  Les Femmes savantes  

le 18 juin La Comtesse d’Escarbagnas

le 9 juillet Amphitryon

N’oublions pas les publications les plus récentes sur notre grand dramaturge :

– le livre de Michel Bouquet, sociétaire de la Comédie Française, grand interprète de Molière, dès ses débuts, Michel Bouquet raconte Molière, Philippe Rey, préface de Fabrice Luchini, 192 p., 16 €.

– Francis Huster,  Le Dictionnaire amoureux de Molière, Plon, 653 p., 26 €, et Poquelin contre Molière, Armand Colin, 235 p., 18,90 €.

Une programmation d’une grande richesse qui met Molière plus qu’à l’honneur !

 

 

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