Témoigner, s’engager et partager

Dominique Lapierre, auteur de best-sellers internationaux (Cette nuit la liberté, Paris brûle-t-il ? La Cité de la Joie) est aussi un homme de coeur qui parcourt la planète à la recherche de dons pour la fondation qu’il a créée en faveur des enfants de Calcutta.

Petra Wauters, longtemps collaboratrice du Trait-d’union et désormais installée à Madrid, l’a rencontré dans la capitale ibérique à l’occasion du lancement en espagnol de son dernier ouvrage : Il était minuit moins cinq à Bhopal.

Dominique Lapierre excelle dans les reportages romancés. Tout le monde a encore à l’esprit La cité de la joie (adaptation cinématographique en 1992). Un énorme succès mondial. On se souvient encore de Plus grand que l’amour, Mille soleils. On n’oublie pas non plus les quelques chef d’œuvres, plus anciens, co-écrits avec son ami américain Larry Collins, Paris brûle-t-il ?, O Jérusalem, «…ou tu porteras mon deuil», Cette nuit la liberté, Le cinquième cavalier.. Mais si Dominique Lapierre a plaisir à écrire, il a visiblement grand plaisir aussi à communiquer ! Il ne se lasse d’ailleurs pas de raconter, comment tout a commencé lorsque, à 17 ans, il obtenait une petite bourse d’études pour un voyage de trois mois. 32 000 km d’aventures aux Etats Unis, Mexique, Canada, relatés dans Un dollar les 1000 kilomètres , son premier grand succès.

Le discours de Dominique Lapierre, plein de ferveur et de passion est également empreint d’optismisme et d’humour. Et le public qu’il rencontre ne s’y trompe pas, qui reconnait en lui un humaniste, un homme de cœur qui leur parle sans fausse pudeur, de manière simple et directe. Il se moque de son espagnol qu’il qualifie de « brutal », car il a tout appris il y a 30 ans du torero andaluz El cordobés ! Il écrivait alors avec son ami, Larry Collins, «…Ou tu porteras mon deuil » (1967).&ltbr&gtIl nous explique encore pourquoi, en 1982, il fonde l’association Action pour les enfants lépreux de Calcutta. Une rencontre avec Mère Teresa puis avec un religieux anglais, James Stevens, allait bouleverser sa vie. Non, Stevens ne renverrait pas des enfants malades dans leur taudis…faute d’argent. Dominique ne lui laissera pas fermer son « Foyer Résurrection » . Il avait donné sa parole. Grâce à ses droits d’auteur, grâce aux donateurs, mais aussi grâce à la générosité de ses lecteurs, il allait faire bien davantage.

Aspiré par son action, rien ne l’arrêtera. Il financera des dispensaires, des puits, des écoles, des bateaux dispensaires, des cliniques… et l’argent part en Inde, sans détour ! Tout se fait dans la transparence la plus totale. Son épouse Dominique et lui même y veillent ! car Dominique -la Dominique n°2, nous dit-elle humblement- s’associe à tous les projets de son mari, littéraires et humanitaires. Elle coordonne tous les contacts en Inde, en France, en Angleterre, USA, et dans bien d’autres pays. Elle recherche également de nouveaux donateurs, contrôle le budget de l’organisation, etc.

Dominique et Dominique vivent la moitié de leur temps en Inde au milieu de leurs amis qui les ont baptisés « Dada » et « Didi » (grand frère et grande sœur).

L’écrivain avoue se sentir parfois un peu déphasé : passer de la Castellana à Madrid, aux Champs Elysées de Paris, ou encore à la 5 ème avenue de New York, après les bidonvilles de Calcutta.. Quel décalage ! Dans ces grandes avenues, les gens courent avec le mobile collé à l’oreille, soucieux de régler leurs « affaires». Son mobile à lui, il nous le présente : une petite clochette qui appartenait à Hasari Pal, le tireur de pousse-pousse indien dans « La cité de la Joie », clochette qu’il fait tinter dans sa poche pour se « rassurer » au milieu de la foule. ..Pour faire entendre la « voix» de son ami, aujourd’hui disparu. Juste un son de clochette, comme une voix, la voix de ceux qui n’en n’ont pas. !

Son dernier livre : « Il était minuit cinq à Bhopal ».Minuit cinq dans la nuit du 2 au 3 décembre 1984 : Un foudroyant nuage de gaz toxique s’échappe d’une usine américaine de pesticides, construite sur le site de Bhopal en Inde, Entre 16 000 et 30 000 personnes sont mortes d’asphyxie, plus de 500 000 habitants sont contaminés. C’est la plus grave catastrophe industrielle mondiale. Dominique et Javier Moro décident de reconstituer la lente, complexe et inéluctable course vers l‘apocalypse de Bhopal. Trois ans d’enquête, dans des conditions difficiles. Un livre superbe est né. “Tous les gains que rapporteront ce nouveau livre iront à une clinique gynécologique qui soigne les femmes, sans ressources, victimes de la catastrophe».

 

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