Dakar 2011 : c´est pas (encore) le Pérou !

Le Dakar 2011 emmène avec lui son bivouac inlassablement monté et démonté de plus de deux mille personnes, et ses 430 participants, sur auto, moto, quad ou camion. Sur un tracé assez similaire à celui de l’an dernier, le rallye traverse Argentine et Chili, jusqu’aux portes du Pérou (à Arica), dans une boucle reliant Buenos Aires à elle-même.

rally dakarL’Afrique, lâchée après l’annulation du rallye en 2008 pour raisons de menace terroriste, ne semble pas près de revoir la course légendaire, symbole des difficultés de concilier les impératifs de sécurité toujours plus catégoriques et l’esprit d’épopée qui avait historiquement présidé au déroulement des Paris-Dakar. Rationaliser une aventure dont le charme est, justement, la témérité inhérente à toute odyssée, c’est la mission d’ASO, qui a pris les rênes de la course en 2004. ASO (Amaury Sports Organisations), appartenant au vaste groupe de presse Amaury (L’Équipe, Le Parisien), est par ailleurs l’organisateur du Tour de France cycliste ou du marathon de Paris. Cette machine à organiser ne peut pleinement continuer à concrétiser l’idéal de Thierry Sabine, créateur en 1978 du Paris-Dakar après avoir failli mourir de soif en plein désert au cours d’un rallye : le défi des tempêtes de sable, de l’orientation hasardeuse dans l’immensité saharienne et des matériels faillibles, un certain amateurisme revendiqué, l’importance du bénévolat, dans l’esprit de conquête de la Croisière Noire d’André Citroën des années 20. Les nombreux morts (53) depuis la création du rallye (dont Thierry Sabine lui-même et le chanteur Daniel Balavoine) et une popularité pour le moins modérée ont poussé les organisateurs à mettre l’accent sur la sécurité des pilotes (meilleurs outils de navigation, professionnalisation des teams, etc.) et des populations locales ou sur le respect de l’environnement (respect des territoires, émissions de carbone).

Le Dakar n’est pas le seul à pâtir de ses contradictions. Le championnat du monde des rallyes-raids, organisé par la Fédération Internationale d’Automobile (FIA), a toutes les peines du monde à se pérenniser. Le rallye “Por las pampas” a cessé d’exister en 2007, tout comme la Transibérica, devenue l’éphémère Estoril-Marrakech.

L’investissement dans l’aventurisme et toutes ses nouvelles contraintes se raréfie toujours plus et les ambitions sont revues à la baisse. Le Dakar, lui, cherche un second souffle, alors que, pour la première fois, les pilotes seront en majorité argentins. Pour 2012, un tracé incluant le Paraguay, le Brésil et le Pérou est en discussion. ASO cherche à savoir si cela en vaut économiquement la peine. Sportivement parlant, le nombre de pilotes est en hausse sur ce Dakar 2011 (hausse de 20%). “La légende continue”, comme dit le slogan.

Pierre Guyot

 

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