L’UMP en quête d’identité

Ump_logo2En obtenant la majorité absolue à l’Assemblée Nationale, avec 314 sièges (alliés compris), le Parti socialiste a mis la main sur le dernier bastion politique français qui lui manquait. Au Sénat, à la chambre des députés, dans la plupart des conseils municipaux, généraux et régionaux, la droite se retrouve dans l’opposition.

Son plus grand parti, l’Union pour un Mouvement Populaire (UMP), a perdu toutes les élections qui se sont déroulées sous le mandat de son désormais ex-leader, Nicolas Sarkozy (les municipales en 2008, les régionales en 2010, les cantonales en 2011, la présidentielle et les législatives cette année). A la suite de sa défaite face à François Hollande, le président sortant s’est éloigné de la vie politique, laissant son camp en plein chantier.

La “course-poursuite à l’extrême-droite” de Sarkozy

Cinq années durant, le locataire de l’Elysée, bien aidé par Hortefeux, Guéant, Buisson et Morano, entre autres, est allé flatter son électorat le plus à droite par une stigmatisation régulière des populations étrangères, des “assistés” et des musulmans. Conception idéologique ou calcul politique, la réalité se situe probablement entre les deux. Une chose est sûre, Nicolas Sarkozy s´est brulé à jouer avec la flamme du Front National. En plus d’avoir créé un fort sentiment anti-sarkozyste à gauche, favorable au candidat socialiste, il a fini par faire imploser la droite. A trop vouloir imiter le FN, il a perdu une partie des voix de son propre camp, la droite libérale et républicaine, et la radicalisation de ses propos et de ses mesures n’a pas suffi à rameuter les voix d’extrême-droite, restées largement concentrées sur Marine Le Pen, qui a obtenu un score encore plus élevé que son père en 2002. De l’autre côté de la droite, François Bayrou, gêné par “la course-poursuite à l’extrême-droite” et la “ligne violente” de Sarkozy, flagrante dans son clip de campagne de second tour, a même voté pour le candidat socialiste, dont il ne partage absolument pas le programme économique.

Cacophonie et recherche d’un chef

D’ici le congrès de novembre, l’UMP se retrouve donc sans chef et sans stratégie claire. Les législatives ont mis la lumière sur le bazar qui règne actuellement dans le parti. La ligne Fillon-Juppé a appelé à ne faire aucune alliance avec la gauche ou l’extrême-droite, mais beaucoup n’en ont pas tenu compte. Certains, comme Nadine Morano, ont adopté la stratégie de Sarkozy : faire du pied aux électeurs d’extrême droite, reconnaissant des “valeurs communes” entre les deux partis, alors que l’ancien Premier Ministre assurait une “incompatibilité de valeurs”. Dans les Bouches-du-Rhône, Roland Chassain s’est lui retiré au second tour pour faire gagner le candidat FN contre le socialiste Michel Vauzelle, président de la région PACA, sans être sanctionné par son parti. Un parti qui va devoir retrouver une certaine cohésion pour constituer une opposition constructive et contrer l’avancée idéologique de l’extrême droite en France. C’est tout l’enjeu de l´élection du nouveau président de l’UMP, qui devrait opposer François Fillon à Jean-François Copé.

Droite républicaine contre droite décomplexée

L’ancien Premier ministre a été le premier à se porter officiellement candidat, via son compte Twitter.

“Mon devoir est de rassembler toutes les familles de la droite et du centre. Je suis candidat à la présidence de l’UMP !”

a-t-il lancé. L’élu de Paris ne veut pas du débat sur les valeurs du parti que propose Jean-François Copé. “Nous avons des valeurs qui sont celles de la droite républicaine, qui n’ont d´ailleurs pas besoin d’être débattues parce qu’elles sont constitutives de notre engagement politique“, justifie-t-il. Ces élections permettront aussi de désigner un vice-président délégué et un secrétaire général de l’UMP, qui pourraient être Valérie Pécresse et Eric Ciotti, soutiens de François Fillon, en cas de victoire de ce dernier. M. Copé a réagi à cette annonce par quelques piques envoyées à l’ancien chef du gouvernement. Le député-maire de Meaux, qui devrait déposer sa candidature d’ici fin août, prétend représenter une autre droite, la droite décomplexée, la droite du peuple contre celle des héritiers, susceptible de partager certaines idées politiques avec le FN, notamment sur l’immigration et la sécurité. La réaction du troisième homme fort du parti, Alain Juppé, était donc très attendue. Le maire de Bordeaux a botté en touche, s’agaçant des querelles internes. Il ne sera pas candidat en solo, pour ne pas “ajouter de la confusion à la confusion” et “accentuer encore la cacophonie“, mais il se dit prêt à prendre la tête d’une équipe dirigeante. Le 18 novembre prochain, les 260 000 militants de l’UMP devront choisir dans quelle nouvelle ère ils veulent faire entrer leur parti.

Léo Ruiz

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