Des livres, des livres…

Touriste de Julien Blanc-Gras (éd. Au diable vauvert), recueil de chroniques géolocalisées qui échappent à la tentation de l’extraordinaire, juste pour le plaisir d’avoir un regard neuf sur le monde, les gens, la vie. “Je ne veux ni conquérir les sommets vertigineux, ni braver les déserts infernaux. Je ne suis pas aussi exigeant. Touriste, ça me suffit.”
livres1aguzouCe que j’appelle oubli de Laurent Mauvignier (Editions de Minuit) – un récit très court – parce que j’ai relu dernièrement un roman antérieur Des hommes, et que j’aime son écriture qui agit comme un révélateur d’émotions.

Manuscrits de guerre Julien Gracq (Corti), publication en miroir de deux manuscrits que Gracq avait conservé pour une éventuelle publication ultérieure. Le premier est un récit de guerre, autobiographique, écrit entre le 10 mai et le 2 juin 1940. Le second, commencé le 23 mai, est une transcription sous forme de fiction où l’on voit comment Gracq passe d’un récit à chaud à la fiction plus distanciée.
Veuf de Jean-Louis Fournier (Stock) parce que je me souviens de Où on va papa ? ce récit pudique et émouvant des souvenirs d’un père autour de Matthieu et Thomas, ses deux garçons handicapés. Ici, il nous parle de sa femme, morte avant lui, qui le laisse seul, avec personne à qui parler.
Opium poppy d’Hubert Haddad (Zulma), l’histoire menée tambour battant d’un petit afghan pris dans la guerre et le trafic d’opium et qui se retrouve, un jour, échoué sur un quai de gare à Paris.
Dino Egger d’Eric Chevillard (Editions de Minuit) parce qu’on m’a dit le plus grand bien de cet auteur, que je ne le connais pas, et que vous pourriez bien le lire avant moi.
Tout, tout de suite de Morgan Sportès (Fayard) récit tiré d’un fait divers tragique. Souvenez-vous, c’était en 2006, un jeune juif est enlevé, séquestré, torturé puis assassiné par une bande de banlieue. Pourquoi ? Le titre est une forme de réponse et l’auteur s’attache à montrer ce qui fait la vie de ces jeunes, sans culture, sans repères autres que ceux de la rue, de la télé et de la consommation immédiate.
Les rêves de l’Histoire de Corinne Aguzou (Editions Tristram), transposition anachronique et uchronique qui voit se rencontrer Margaret Thatcher, Janis Joplin et Rosa Luxembourg. Au-delà de la confrontation de trois visions du monde bien différentes, l’histoire rêvée de leur rencontre permet de remettre en perspective notre temps présent parfois désenchanté.

…Et pour une occasion spéciale, quels beaux livres peut-on offrir ?

Il existe aux éditions Diane de Sellers une collection de livres sur les grands textes de la littérature, illustrés par des peintres qui ont un lien avec le sujet choisi : Les Fleurs du mal de Baudelaire illustré par les peintres symbolistes, L’apocalypse de Saint-Jean illustré par la tapisserie d’Angers, Faust de Goethe illustré par Delacroix. Lorsque les ouvrages sont épuisés, ils sont édités dans La petite collection qui compte une douzaine de titres.

Tout le monde connaît Pif le chien, mais qui connaît José Cabrero Arnal, son “inventeur” ? Les éditions Loubatières publient un livre de Philippe Guillen sur la vie de cet homme engagé dans les combats de son temps, ceux de la République espagnole, puis des camps de concentration, puis des années d’exil en France.
Le rugby a tenu le haut de l’affiche pendant la coupe du monde, l’an dernier, voici 80 témoignages autour de 80 maillots fétiches : L’amour du maillot (Hugo&Cie) de Christophe Dominici, le plus petit joueur de l’équipe de France, et Sébastien Chabal qu’on ne présente plus. Détroit vestiges du rêve américain d’Yves Marchand et Romain Meffre (Steidl), un livre qui date déjà de la fin 2010, mais qui est magnifique sur la déchéance de Détroit cette ville industrielle qui connut son heure de gloire avec l’industrie automobile. Des photos et des textes qui interrogent l’avenir de notre modèle de développement.
Il est l’instant poétique de Paris-Match ; on peut se perdre des heures dans ses dessins : Sempé – Un peu de Paris et d’ailleurs (éd. Martine Gossieaux).
Restons dans le registre poétique avec la reprise du Petit Prince par Joann Sfar (Gallimard), l’auteur du Chat du rabbin porté il y a peu à l’écran. Difficile de reprendre cet archi-classique ; il réussit formidablement à marier le charme du Petit prince et son propre univers graphique
Enfin, pour les plus jeunes (de 7 à 77 ans) Le secret d’Orbae, de François Place (Casterman), entrecroise deux récits de quête avec un superbe portfolio, en format à l’italienne. Du même auteur, j’avais acheté pour mes enfants Les derniers géants que je ne me lasse pas de relire de temps en temps, pour la beauté et du texte et des dessins.

Silvia Cauquil

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